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Actualités - CHRONOLOGIE

Khatami sort renforcé de son duel avec les conservateurs Mais le conflit demeure latent après la libération du maire de Téhéran (photo)

Le président iranien Mohamad Khatami a remporté une bataille mais il n’a pas gagné la guerre: telle est l’impression des observateurs de la conjoncture iranienne au lendemain de la libération du maire de Téhéran, sur décision du Guide de la république islamique Ali Khamenei. L’arbitrage du premier personnage du régime, favorable au chef de l’Etat, constitue un désaveu pour les conservateurs mais l’affrontement entre les deux grandes tendances du pays, rampant ou ouvert, est loin d’être clos. Plus encore: accusé de corruption, le maire réformateur de la capitale iranienne Gholamhossein Karbastchi n’est pas tiré définitivement d’affaire. L’inculpation n’est pas levée et le maire est toujours susceptible de comparaître devant un tribunal. L’ayatollah Khamenei a d’ailleurs insisté mercredi soir sur le fait que la procédure «allait se poursuivre dans le respect des lois». Le gouvernement de M. Khatami, qui a placé le retour à «l’Etat de droit» au centre de son action, va donc désormais devoir batailler ferme pour démontrer que les charges retenues contre M. Karbastchi ne sont pas fondées, afin d’éviter la tenue d’un procès ou pour obtenir un acquittement. Dès son retour chez lui, le maire de Téhéran a nié les accusations lancées contre lui. «Il peut y avoir eu des cas de prévarication ou d’excès de pouvoir, mais il n’y a pas de détournements de fonds au niveau de la municipalité», a-t-il affirmé à la presse. Evoquant sa douzaine de jours en détention, il a affirmé: «Je crois qu’il y a de meilleurs moyens de régler les problèmes et j’espère qu’ils seront résolus par la patience et la persévérance». Depuis sa mise en détention provisoire le 4 avril, sa cause a été plaidée auprès du guide par M. Khatami mais aussi par l’ancien président Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, qui l’avait nommé à la tête de la mairie de Téhéran en 1989. L’ayatollah Khamenei a finalement décidé sa remise en liberté après avoir reçu une longue lettre de M. Khatami mettant en relief son inquiétude face aux conséquences de cette affaire pour le régime. Cette détention «crée des problèmes pour l’administration du pays, qui pourraient causer des problèmes politiques, sociaux et économiques», a écrit M. Khatami, qui s’est déclaré «convaincu que la poursuite de la situation actuelle ne serait pas dans l’intérêt du régime». Selon un communiqué du tribunal d’instance de Téhéran, l’ayatollah Khamenei «a demandé que l’affaire soit instruite dans un climat exempt de toute tension et selon les lois qui régissent la nation», a rapporté l’agence officielle IRNA. Malgré sa victoire massive en mai 1997 — 69% des voix — M. Khatami fait face à une résistance opiniâtre des conservateurs opposés à son programme d’ouverture. La volonté de promouvoir la société civile, l’Etat de droit et d’ouvrir la vie culturelle est perçue par les conservateurs comme un risque pour les fondements religieux du système et pour l’héritage de la révolution de 1979. La semaine dernière encore, le Parlement présidé par le conservateur Ali Akbar Nategh-Nouri a voté une loi interdisant les photos de femmes non voilées dans la presse, contre l’avis du gouvernement. Bien que les conservateurs se réclament en permanence du guide, détenteur de la légitimité théocratique du régime, ce dernier est apparu soucieux de faire preuve d’impartialité dans cette crise. Dans un pays où les rapports de forces entre différents centres de pouvoir sont le moteur de la vie politique, les modérés ont également marqué un point en lançant en faveur du maire une campagne de soutien sans précédent. Des ministres du gouvernement Khatami, comme celui de l’Intérieur Abdollah Nouri ou de la Culture Ataollah Mohadjerani, se sont engagés à fond pour dénoncer la campagne «politique» de la justice contre le maire. De plus, les violences qui se sont produites mardi en marge de manifestations pro-Karbastchi, faisant au moins quatre blessés, ont fait apparaître un risque de grave dérapage de la crise, préjudiciable à tous.
Le président iranien Mohamad Khatami a remporté une bataille mais il n’a pas gagné la guerre: telle est l’impression des observateurs de la conjoncture iranienne au lendemain de la libération du maire de Téhéran, sur décision du Guide de la république islamique Ali Khamenei. L’arbitrage du premier personnage du régime, favorable au chef de l’Etat, constitue un...