Gigantesque bousculade à la Mecque : 118 morts (photo)

Une gigantesque bousculade lors du dernier rite du pèlerinage à La Mecque a fait au moins 118 morts jeudi, selon un bilan définitif. De nombreux blessés ont été hospitalisés. La foule des fidèles qui se pressait à Mina, à 10 kilomètres à l’est de La Mecque, pour lapider des stèles symbolisant Satan, a débordé les forces de l’ordre. Des vieux et des malades ont succombé dans la cohue, a annoncé le commandement des forces de sécurité du pèlerinage. Au même endroit, quatre ans plus tôt, 270 pèlerins étaient morts étouffés ou piétinés lors du même rite de la lapidation. «Une très forte bousculade a eu lieu du côté est de la passerelle destinée aux piétons» qui surplombe les stèles à 12h40 heure locale, «provoquant la chute de pèlerins malades et âgés», indique un communiqué du commandement des forces de sécurité, cité par l’agence séoudienne SPA. Le dernier jour du pèlerinage est traditionnellement celui qui connaît les plus fortes bousculades, les fidèles se pressant pour accomplir les derniers rites avant de repartir chez eux. «Il y a toujours une ruée le dernier jour, des foules et des foules. Certains veulent bâcler le pèlerinage et ce genre de choses se produit», a déclaré Zikrur Rahman, consul d’Inde à Djeddah, chargé du pèlerinage. Cette dernière journée est si dangereuse que l’agence qatariote QNA, en annonçant qu’aucun Qatariote n’était parmi les victimes, a expliqué que le Qatar interdisait à ses ressortissants d’aller près des stèles aux heures de grande affluence. Après avoir passé la journée en prières au mont Arafat lundi, les pèlerins ont passé trois jours dans la vallée de Mina. Ils devaient y lapider à trois reprises des stèles symbolisant Satan dressées au fond de trois puits. Après la lapidation, ils doivent faire une dernière fois le tour de la Kabaa, un bâtiment cubique dans la cour de la Grande Mosquée de La Mecque. Pour faciliter le passage des pèlerins — les autorités en ont recensé 1,7 million cette année — une passerelle a été aménagée d’où les fidèles peuvent jeter les cailloux, tandis que d’autres le font en contrebas, depuis le sol. D’après des pèlerins, l’accès à la passerelle est contrôlé par les forces de l’ordre, qui n’y laissent passer un groupe de fidèles que lorsque le précédent a accompli le rite, mais à chaque fois que le rideau de policiers s’entrouvre, les fidèles se ruent en avant. «Les forces de sécurité qui se trouvaient sur place ont déployé des efforts extraordinaires pour sauver les pèlerins, mais l’importance de la foule qui déferlait vers les stèles a provoqué la mort d’un nombre de personnes estimé à 107, d’après un premier bilan», indique le communiqué des forces de l’ordre. Les autorités séoudiennes n’ont pas fourni d’indications sur l’identité et la nationalité des victimes. Selon des sources concordantes, les victimes seraient en majorité des Malaisiens et des Indonésiens. Les pèlerins accomplissent le pèlerinage en délégations nationales, et c’était le tour des asiatiques d’accomplir le rite de la lapidation. La télévision séoudienne a diffusé un film où l’on voit un mouvement de foule soudain qui se rue vers la balustrade avant que les pèlerins asiatiques aient terminé leur lapidation. La police s’efforce de refermer le cordon et d’empêcher d’autres fidèles de se précipiter. La télévision a diffusé des images de blessés évacués sur des civières, avec des transfusions sanguines. Le pèlerinage, un des plus vastes rassemblements religieux au monde, est régulièrement endeuillé par des tragédies, malgré les efforts des autorités séoudiennes pour canaliser les foules et assurer leur sécurité. En 1997, 343 personnes avaient péri dans un incendie qui, attisé par le vent, avait ravagé des campements de tentes à Mina. En juillet 1990, 1,426 personnes étaient mortes étouffées ou piétinées dans un tunnel à Mina, alors qu’elles se rendaient au mont Arafat.