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Actualités - CHRONOLOGIE

Affaire Karbastchi Teheran tente d'éviter l'épreuve de force modérés-conservateurs

La crise politique que connaît l’Iran depuis plusieurs jours en raison de l’affaire Karbastchi tournant à la véritable épreuve de force entre modérés et conservateurs, les plus hauts dirigeants du pays ont décidé au cours des dernières heures d’intervenir en force et de se saisir du dossier pour arbitrer le conflit. C’est ainsi que l’ayatollah Ali Khamenei, Guide de la République et premier personnage de l’Etat, a convoqué mercredi soir le président Mohammad Khatami, le président du Parlement Ali Akbar Nategh-Nouri et le chef du pouvoir judiciaire, l’ayatollah Mohammad Yazdi. L’ancien président Ali Akbar Hachémi-Rafsandjani, aujourd’hui premier conseiller du Guide et chef de la principale instance d’arbitrage politique du pays, était également présent à cette réunion exceptionnelle des «poids lourds» du régime. L’ayatollah Khamenei a appelé les chefs des pouvoirs exécutif et judiciaire «à amplement coordonner leur action sur l’affaire (de M. Karbastchi) dans le respect de la loi», selon un communiqué officiel. Il a en outre exigé qu’un rapport sur cette affaire lui soit «promptement» remis. Selon la presse iranienne, une autre réunion doit avoir lieu dans les prochains jours entre hauts dirigeants iraniens pour examiner les résultats de cette concertation. Cette rencontre au sommet survient après plusieurs jours d’intenses affrontements entre la gauche et les modérés iraniens, proches de M. Karbastchi, et les conservateurs, qui dominent le pouvoir judiciaire. M. Gholamhossein Karbastchi, personnalité influente du courant modéré et partisan actif du président Khatami, est accusé «d’escroqueries et détournement de fonds publics» et a été écroué samedi dans la grande prison d’Evine, au nord de Téhéran. Son procès, selon la presse, pourrait avoir lieu dans une vingtaine de jours. Le maire de Téhéran a reçu le soutien du gouvernement de M. Khatami, qui a condamné dimanche soir l’arrestation «arbitraire» d’une personnalité «éminente». Près de 700 maires de villes et villages de tout l’Iran ont également apporté jeudi leur soutien à M. Karbastchi, qualifié de «personnalité brillante» victime d’accusations «sans fondement». Les maires demandent au président de «déployer des efforts particuliers pour enquêter sur cette affaire et ne pas laisser d’honnêtes fonctionnaires et des personnes comme M. Karbastchi être sacrifiés à des problèmes politiques partisans». Ils qualifient les accusations portées contre la maire de Téhéran de «sans fondement» et estiment que leur homologue est une «personnalité brillante». Les maires en Iran sont nommés directement ou indirectement par le ministère de l’Intérieur, dirigé depuis août dernier par M. Abdollah Nouri, un proche de M. Khatami. De nombreuses personnalités modérées et de gauche ont qualifié l’arrestation de M. Karbastchi de «politique», accusant le pouvoir judiciaire, bastion conservateur, de chercher à affaiblir l’action du gouvernement. Behzad Nabavi, une figure de la gauche iranienne et ancien ministre de l’Industrie lourde, a accusé les conservateurs de chercher à mener un «quasi coup d’Etat» en «provoquant un climat de crise». «L’arrestation du maire fait partie d’une stratégie d’assaut généralisée contre le gouvernement. Nous devons rester en alerte et ne pas tomber dans le piège», a-t-il déclaré. Les conservateurs et le pouvoir judiciaire, en revanche, soulignent que sa qualité de maire et ses relations politiques ne doivent pas mettre M. Karbastchi à l’abri des poursuites. Selon certains journaux conservateurs, les autorités judiciaires «disposent d’assez d’éléments à charge pour que le procès puisse se tenir dans les semaines à venir». M. Karbastchi, 44 ans, nommé à la tête de Téhéran en 1989, s’est distingué par une politique de grands travaux moderniste et ambitieuse, qui a profondément modifié le visage de cette capitale de 10 millions d’habitants. Sa politique culturelle ouverte et son rôle-clé dans l’émergence d’un mouvement politique réformateur en ont fait la bête noire de l’aile conservatrice du régime. L’affaire Montazéri Sur un autre plan, le ministre iranien des Renseignements, Gorbanali Dorri-Najafabadi, a mis en garde les partisans de l’ayatollah contestaire Ali Hossein Montazéri, ancien dauphin désigné de l’ayatollah Khomeiny. Le ministre a déclaré que le Conseil national de sécurité, la plus haute instance du pays en matière de sécurité et de défense, avait «autorisé la justice à agir contre ceux qui cherchent à créer des problèmes et provoquent l’opinion publique en invoquant le nom de Montazéri». «Aucun régime ne peut tolérer pareille attitude, de la part de qui que ce soit», a ajouté le ministre des Renseignements au cours d’une réunion publique dans la ville sainte de Qom (sud de Téhéran). M. Montazéri avait fait l’objet de violentes attaques en novembre dernier pour ses positions critiques envers l’étendue des pouvoirs de l’ayatollah Khamenei. Les locaux de son école coranique à Qom avaient été saccagés et des manifestations hostiles à son égard s’étaient déroulées pendant plusieurs jours. Ancien dauphin désigné de l’ayatollah Khomeiny, M. Montazéri avait été disgracié en 1989, peu avant la mort du fondateur de la république islamique. Des manifestations de soutien à M. Montazéri se sont multipliées récemment à Najafabad (centre), sa ville natale, où le bazar (commerce traditionnel) s’est mis en grève à plusieurs reprises.
La crise politique que connaît l’Iran depuis plusieurs jours en raison de l’affaire Karbastchi tournant à la véritable épreuve de force entre modérés et conservateurs, les plus hauts dirigeants du pays ont décidé au cours des dernières heures d’intervenir en force et de se saisir du dossier pour arbitrer le conflit. C’est ainsi que l’ayatollah Ali Khamenei, Guide de...