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Actualités - REPORTAGE

L'histoire des régimes amaigrissants : 170 ans d'efforts pour rester sur sa faim (photos)

WASHINGTON-Irène Mosalli On n’est jamais ni trop riche, ni trop maigre avait l’habitude de dire la duchesse de Windsor... Celles et même ceux qui pensent comme elle sont légion. Toutes les privations, associations ou dissociations d’aliments sont bonnes pourvu que disparaissent la culotte de cheval, les bourrelés de cellulite, le double menton et les triples plis du ventre. On ne rechignera pas du tout à ingurgiter, à longueur de journée de la soupe aux choux, dernière trouvaille. Le déséquilibre du métabolisme, la déshydratation, l’affaiblissement des muscles deviennent secondaires, le seul souci étant de voir la balance marquer, le plus rapidement possible, des kilos en moins. Tout ceci, au lieu d’une élimination progressive des lipides. Cette obsession de minceur à tout prix ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à bien loin. C’est ce que révèle une étude effectuée par une revue américaine de mise en forme, «Mens’Fitness». On apprend que c’est vers la fin du 19è siècle que l’on a commencé, en Amérique, à mettre au point les formules de régimes amaigrissants. Les dates-bornes des diverses recettes-miracles se présentent ainsi: — 1830, le prêtre Sylvestre Graham et ses «Crakers» Cette année-là, un prêtre presbytérien, Sylvestre Graham prônait, du haut de sa chaire, qu’une nourriture simple sans viande ni épices était un bon remède contre la gloutonnerie et aussi contre l’immoralité sexuelle. Il conseillait fortement la consommation de pain desséché. Son legs, les biscottes, «Graham Crackers». — 1870, «lettre aux corpulents» Un fabricant britannique de cercueils, William Banting a perdu, lui, du poids en se nourrissant uniquement de viande, d’œufs, de biscottes et d’alcool. Sa «Lettre aux corpulents» a donné le ton à un siècle de cures amaigrissantes, faibles en hydrates de carbone. Malgré la mise en garde, durant ce même siècle, d’une génération de nutritionnistes, contre les dangers d’une telle formule. — 1890, alerte aux graisses La faute est aux matières grasses... Un chimiste, Wilbur Atwater, étudie les différentes composantes des aliments,— protéines, hydrates de carbone et lipides — et découvre que les matières grasses sont les plus calorifiques. — 1900, le boom des recettes amincissantes Les conseils amincissants fusent de toute part. Upton Sinclair, auteur du livre «La Jungle», porte un coup à l’industrie de la viande en écrivant que le jeûne et la frugalité sont le meilleur remède contre l’obésité. Un autre écrivain, Hereward Carrington dit qu’il faut se nourrir exclusivement de fruits, de légumes et de noix. Un négociant en art, Horace Fletcher, lance sa «trouvaille saine»: mâcher 32 fois une bouchée avant d’avaler. A la même époque John Harvey Kellog met accidentellement au point les fameuses «Corn Flakes», alors qu’un chimiste de l’Université de Yale, Russell Chittenden découvre que certains exercices physiques brûlent plus de calories que d’autres. — 1910, un best-seller, «diète et santé» Son auteur, Lulu Hunt Peter, a popularisé une diète à très basse calories (1200 par jour) en exhortant ses lecteurs à toujours penser en calories. Exemple, 100 calories de pain ou 350 calories de tarte aux fraises. Ainsi, le choix le plus difficile devient plus facile à faire. — 1930, la folie hollywoodienne du grape-fruit Tout le monde se met au régime hollywoodien qui consiste à manger à chaque repas une bonne portion de grape-fruit (qui brûle le gras ) et une quantité minime d’autres aliments. Si minimes que l’on perdrait du poids sans même le grape-fruit. — 1950, hormones, café et hamburger Un endocrinologue britannique, A.T.W, Simon, s’était fait l’avocat des basses calories, avec injections d’hormones dérivées de l’urine de femmes enceintes. Diète de suite bannie par la Faculté. Idem pour un guide intitulé «Restez jeune et vivez longtemps»... à coups de cafés, grape-fruits, œufs et même hamburgers (sans pain, ni frites). Il y a eu aussi le verre de lait pris avant chaque repas. — 1960, les alcools coupe-faim On permettait aux amateurs du «petit verre» de dîner de martini, vin, cognac plus un morceau de viande. Et pourquoi pas aussi, disait le livre, «Les calories ne comptent pas», ne pas consommer beaucoup de gras pour aider à éliminer celui déjà présent. — 1970, la révolution Atkin et Scarsdale Pour le Dr Atkin, on pouvait se gaver de viande, poisson, poulet et œufs et fromage, à condition d’occulter les hydrates de carbone. Alors que le régime Scarsdale, qui a connu un plus grand succès, reposait sur les repas riches en protéine qui cependant ne devaient pas totaliser plus de mille calories. — 1980, les «dissociés » et le «Beverly Hills» On fondrait comme neige au soleil, en améliorant aussi la digestion, à l’aide de menus comportant ou des protéines ou des hydrates de carbone. Jugé nocif le mélange des genres. Un autre «tuyau», révélé par le «Beverly Hills Diet»: absorber beaucoup de mangues, d’ananas et de papayes pour améliorer la digestion des enzymes. — 1990, soupe au choux et pilules Cette soupe d’oignons et de choux associée, tour à tour, avec un fruit, une pomme de terre et de la viande, est destinée à faire perdre quatre à cinq kilos par semaine. Mais, ce sont les pilules coupe-faim qui font un tabac, malgré leurs graves effets secondaires: troubles cardio-vasculaires et cérébraux. — 1997, cri d’alarme de l’association cardiologique L’an dernier, l’«American Heart Association» lançait une intense campagne qui mettait en garde contre ce qu’elle appelle des «lubies alimentaires» et qui, en définitive, ne donnent pas, à long terme, les résultats escomptés. Mais la majorité, hommes et femmes, restent sourds à cet appel, n’en finissant pas d’explorer les moyens pour rester sur leur faim.
WASHINGTON-Irène Mosalli On n’est jamais ni trop riche, ni trop maigre avait l’habitude de dire la duchesse de Windsor... Celles et même ceux qui pensent comme elle sont légion. Toutes les privations, associations ou dissociations d’aliments sont bonnes pourvu que disparaissent la culotte de cheval, les bourrelés de cellulite, le double menton et les triples plis du ventre....