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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence de soutien aux prisonniers, au théâtre de la Sagesse à Achrafieh 228 libanais seraient toujours détenus dans les prisons syriennes

Les 5 et 6 mars dernier, 121 Libanais détenus en Syrie ont été libérés. Cependant ce dossier est loin d’être clos. Hier, la ligue des parents des détenus libanais dans les prisons syriennes et le comité de soutien aux détenus libanais ainsi que trois associations de droits de l’Homme, l’association Mirsad, l’association des Droits de l’Homme et du Droit Humain et la Fondation des Nouveaux Droits de l’Homme ont tenu une conférence de presse au théâtre de la Sagesse à Achrafieh pour évoquer le cas des 228 Libanais qui seraient, selon eux, encore détenus en Syrie. Mme Sonia Eid, présidente de la ligue des parents des détenus libanais en Syrie, et dont le propre fils, Jihad, né en 1970, a été enlevé le 13 octobre 1990, a lancé un appel «à la presse locale, aux Ordres des avocats et des médecins, au Comité de la Croix Rouge Internationale (CICR), aux responsables religieux et à toute la population libanaise afin que tous soutiennent la cause des détenus libanais dans les prisons syriennes et exigent leur libération». Elle a déclaré que «beaucoup de Libanais détenus en Syrie sont des soldats de l’armée libanaise et que leurs familles sont empêchées de leur rendre visite». «Les responsables libanais n’ont pas répondu à nos appels affirmant qu’il n’existe aucun détenu libanais en Syrie; or ceux qui ont été libérés le mois dernier étaient bel et bien détenus dans les prisons syriennes», a-t-elle dit. Et de souligner que «la lutte ne s’arrêtera pas avant que tous les prisonniers, quelle que soit la communauté à laquelle ils appartiennent, soient libérés». C’est M. Ghazi Aad, représentant du comité de soutien aux détenus libanais qui a lu ensuite un communiqué au nom des toutes les organisations présentes, soulignant que «la question des détenus libanais dans les prisons syriennes fait partie du dossier de tous les Libanais détenus dans les prisons étrangères. Après des années de silence, les autorités syriennes ont reconnu que 155 Libanais sont détenus dans leurs geôles, annonçant la libération de 130, les 25 autres étant maintenus en prison pour espionnage en faveur des Israéliens. C’est la version officielle. Or seulement 121 détenus ont été libérés». «L’opération, a-t-il poursuivi, manquait de transparence, et les autorités libanaises ont reconnu l’existence d’un tribunal commun libano-syrien qui a jugé ces détenus. Quels sont donc les jugements rendus et quelles sont les nouvelles accusations portées contre les détenus dans les prisons syriennes». Et de se demander «si les autorités libanaises ont interrogé les détenus libérés sur les conditions de leur détention et sur l’existence d’autres prisonniers dans les geôles syriennes». Il a souligné qu’il «faut considérer la situation des détenus libanais en Syrie sous un angle humanitaire et non sous l’angle politique». M. Aad a noté que «les relations entre le Liban et la Syrie sont régies théoriquement par des protocoles et des accords de coopération. Les détenus libanais ne peuvent donc pas bénéficier de la convention de Genève. Seuls les soldats libanais enlevés le 13 octobre 1990 doivent être traités selon la convention de Genève; ils devaient donc être libérés à la fin de la guerre». Et d’ajouter que «certains responsables libanais refusent de faire figurer, sur la liste des détenus libanais en Syrie, publiée par les associations de Droit de l’Homme, le nom des soldats libanais enlevés le 13 octobre 1990. Cependant, les parents de ces détenus sont sûrs que leurs enfants sont vivants et détenus dans les prisons syriennes». Il a déclaré que «les détenus libanais sont emprisonnés dans des conditions inhumaines. Hatem Abou Zeid, libéré en mars dernier, est atteint de la tuberculose. Le commandant Keital Hayeck est entré à l’hôpital de Bhannès le 28 mars dernier souffrant lui aussi de la tuberculose. Le CICR se doit de visiter les prisons syriennes immédiatement afin d’inspecter l’état sanitaire des lieux». M. Aad a énuméré les recommandations des associations présentes: «demander aux gouvernements libanais et syrien de traiter le dossier des libanais détenus en Syrie avec transparence; encourager les parents des détenus libanais en Syrie à révéler le nom de leurs enfants aux associations qui s’occupent du dossier; demander au gouvernement syrien de publier une liste des détenus libanais qui sont toujours vivants et exiger leur libération immédiate et sans condition; demander aux autorités judiciaires syriennes et libanaises de respecter les principes élémentaires de la Charte des Droits de l’Homme ainsi que de mettre fin aux détentions arbitraires et aux poursuites illégales sur le territoire libanais; appeler le CICR, la commission des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et toutes les organisations non gouvernementales à se mobiliser pour soutenir la cause des détenus libanais dans les prisons syriennes et pour former un comité qui inspectera les prisons; appeler les gouvernements européens à appliquer la résolution du Parlement européen, adoptée le 13 mars 1998, prenant en considération la situation des détenus libanais en Syrie dans les négociations (avec le gouvernement syrien) sur le partenariat euro-méditerranéen». Le communiqué rappelle «aux autorités libanaises et syriennes qu’il existe de hautes instances judiciaires dans les pays développés auxquelles les associations sont prêtes à s’adresser au cas où les responsables continuent à ignorer les Droits de l’Homme et le dossier des prisonniers libanais en Syrie». C’est M. Elie Abouaoun, représentant de la Fondation Nouveaux Droits de l’Homme, qui a ensuite pris la parole pour lire deux lettres de soutien, l’une du mouvement franco-libanais Solida (Soutien aux Libanais détenus arbitrairement), l’autre de la Fondation Nouveaux droits de l’homme (section française). La lettre de Solida précise que «l’organisation a appelé à plusieurs reprises les autorités syriennes à rendre publique une liste des noms et des lieux de détention des Libanais détenus en Syrie, d’accorder un droit de visite aux familles et aux avocats de ces détenus et de les libérer sans délai». Solida a également adressé un message aux autorités libanaises les invitant «à intervenir auprès des autorités syriennes afin que les droits des ressortissants libanais soient préservés, à veiller à la sécurité des citoyens libanais en cessant de passer sous silence les enlèvements de Libanais par les forces syriennes au Liban». Le mouvement souhaite également que la conférence «fasse prendre conscience aux gouvernements libanais et syrien de la nécessité et de l’urgence de résoudre un drame humain qui n’a que trop duré». Le message de la fondation Nouveaux Droits de l’Homme (France) juge que «la situation des Libanais prisonniers en Syrie est inadmissible» et précise que «le Liban est un Etat indépendant membre à part entière des Nations Unies; il y a donc (avec le dossier des détenus libanais en Syrie) une frappante contradiction». M. Kamal el-Batal, représentant de Mirsad, a lu deux messages de soutien adressés à son organisation. L’un, en provenance d’Amnesty International, souligne que «l’organisation est très concernée par la situation des détenus politiques dans les prisons syriennes, qui pour la plupart sont détenus sans jugement». L’autre est un message de la Human Rights Watch précisant que l’organisation avait «adressé le 18 mars dernier, un message au président syrien, M. Hafez el-Assad, l’appelant à mettre un terme aux enlèvements pratiqués sur le territoire libanais». «Les autorités syriennes, note Human Rights Watch, devraient publier les noms des Libanais et d’autres ressortissants étrangers détenus dans ses prisons». A une question posée par les journalistes sur l’authenticité des documents et des listes des Libanais détenus dans les prisons syriennes, les familles de ces derniers ont témoigné spontanément rapportant que des détenus libérés en mars dernier ont transmis des messages de Libanais toujours prisonniers en Syrie à leurs familles. Selon ces témoignages et les listes distribuées aux journalistes, 228 personnes sont toujours retenues en Syrie, certaines d’entre elles depuis 1978. Un père de détenu déclare «être fier de porter une telle croix» et «pardonner à ceux qui ont enlevé et qui torturent son fils». Une mère, dont le fils a été enlevé en 1994, montre une photo passeport de son enfant. Son témoignage est confus mais on comprend qu’elle «a rencontré son fils en détention et qu’il est maintenant paralysé». Le frère du père Albert Cherfane, enlevé de Beit Mery le 13 octobre 1990, précise avoir rencontré le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, qui lui avait dit que «son frère n’est pas mort mais est porté disparu». La conférence d’hier était la première manifestation (au Liban) de soutien aux détenus libanais dans les prisons syriennes. Les organisateurs déclarent qu’il y en aura d’autres. Rappelons qu’une semaine de soutien aux détenus libanais dans les prisons syriennes a eu lieu du 26 janvier au 1er février dernier, en France. Elle était organisée par plusieurs associations humanitaires.
Les 5 et 6 mars dernier, 121 Libanais détenus en Syrie ont été libérés. Cependant ce dossier est loin d’être clos. Hier, la ligue des parents des détenus libanais dans les prisons syriennes et le comité de soutien aux détenus libanais ainsi que trois associations de droits de l’Homme, l’association Mirsad, l’association des Droits de l’Homme et du Droit Humain et la...