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Actualités - REPORTAGE

Boueiz a été reçu par Jean-Paul II et Scalfaro Le Liban et le Vatican insistent sur le respect des résolutions internationales (photo)

Le Liban et le Vatican se sont entendus hier sur la nécessité d’une relance du processus de paix au Proche-Orient sur la base du «respect des résolutions internationales», à l’issue d’un entretien entre le pape Jean-Paul II et le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz. Ce dernier qui a, par la suite, été reçu par le président italien Oscar Luigi Scalfaro, a d’autre part réaffirmé le rejet par le Liban de l’acceptation par Israël de la résolution 425, alors que le Vatican ne s’est pas directement prononcé sur la proposition israélienne de se retirer sous conditions du Liban-Sud, se contentant de formules générales touchant à l’ensemble du problème du Proche-Orient. M. Boueiz, qui se trouve en Italie depuis mercredi, a été reçu par Jean-Paul II en milieu de journée. Il était accompagné de son épouse et d’une douzaine de collaborateurs. Il devait rencontrer ensuite le cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano et le ministre des Affaires étrangères du Saint-Siège, Jean-Louis Tauran. Au cours de ces entretiens, le chef de la diplomatie libanaise a notamment expliqué la position officielle libanaise au sujet de la proposition israélienne de se retirer du Liban-Sud, avalisée par le cabinet restreint de l’Etat hébreu. La visite de M. Boueiz au Saint-Siège a coïncidé avec celle de son homologue égyptien Amr Moussa, qui a également eu des audiences avec le pape, Mgr Sodano et Mgr Tauran. Un communiqué du Vatican publié à l’issue de ces rencontres indique que le Saint-Siège, le Liban et l’Egypte sont «très préoccupés» par les difficultés qui entravent le processus de paix au Proche-Orient. Les entretiens, souligne le communiqué, «ont été consacrés surtout à l’examen de la situation au Proche-Orient». «Une vive préoccupation, pour la difficulté évidente rencontrée actuellement par le processus de paix dans tous ses aspects, a été exprimée de la part du Saint-Siège et des deux ministres», poursuit le Vatican. «Une conviction unanime sur la nécessité de faire ce qui est possible pour sauver et renforcer le processus de paix a été constatée. Il a été souligné avec insistance que cela ne peut avoir lieu qu’à la condition que les décisions de la communauté internationale soient respectées et que les résultats obtenus depuis la conférence de Madrid (1991) jusqu’à aujourd’hui soient valorisés», ajoute le communiqué. Le texte du Vatican ne mentionne à aucun moment de façon expresse la question de la résolution 425, mais dans les milieux de la délégation libanaise accompagnant M. Boueiz, on estimait que l’allusion au respect des décisions de la communauté internationale concerne notamment le retrait d’Israël du Liban-Sud. Pour sa part, M. Boueiz a indiqué à la presse avoir mis le pape et ses collaborateurs au courant de «l’attitude négative du gouvernement israélien sur l’ensemble des volets» du processus de paix. Il a ajouté que le pape, ainsi que NN.SS. Sodano et Tauran étaient «véritablement conscients de la responsabilité d’Israël dans la paralysie du processus de paix». «Ils s’expriment de manière diplomatique, mais je crois que dans le fond c’est clair», a-t-il dit. «Si la paix acceptée par les Arabes conformément aux principes de Madrid tombait, il serait très difficile par la suite de recréer une ambiance positive nécessaire» au redémarrage des négociations, a souligné le chef de la diplomatie. «De plus, a-t-il estimé, l’échec du processus de paix amènerait encore plus d’extrémisme et pousserait beaucoup de gens vers l’intégrisme». M. Boueiz a en outre indiqué avoir examiné avec les responsables du Saint-Siège la question des relations entre le Vatican et Israël. A cet égard, le ministre a semblé avoir reproché au Vatican son empressement d’établir des liens diplomatiques avec l’Etat hébreu mais aussi de reconnaître la responsabilité de chrétiens dans les mauvais traitements infligés aux juifs au cours des siècles en Europe, et notamment durant la dernière Guerre mondiale. «Les Nazis ont tué plus de chrétiens que de juifs», a indiqué M. Boueiz. Le Vatican a admis le 16 mars dernier dans un document que les chrétiens se sont souvent mal comportés au cours de l’Histoire à l’égard des juifs, et a exprimé le repentir de l’Eglise catholique pour les chrétiens qui ne se sont pas opposés aux persécutions nazies. Il s’est néanmoins refusé à impliquer l’Eglise ou ses institutions dans cette responsabilité, contrairement à l’épiscopat français, qui avait publié en octobre dernier une «Déclaration de repentance» pour l’attitude de la majorité de ses membres sous Vichy. Mais pour M. Boueiz, «si certaines de ces prises de position sont justifiables dans le fond, elles peuvent dans la forme être interprétées comme une sorte de blanc-seing donné à un gouvernement (israélien) qui refuse toute concession en ce qui a trait aux droits des Arabes et même à l’égard de la demande du Vatican qu’un régime spécial soit instauré pour Jérusalem afin de dégager les lieux saints chrétiens et musulmans de l’emprise d’Israël». «Nous pensons qu’il est inacceptable qu’Israël commercialise ce qui est arrivé durant la Seconde Guerre mondiale», a insisté le ministre. Dans l’après-midi, M. Boueiz a été reçu par le président Scalfaro et a examiné avec lui les développements au Proche-Orient et les relations bilatérales. M. Boueiz avait rencontré mercredi le président du Conseil italien Romano Prodi et le ministre des Affaires étrangères Lamberto Dini. Mercredi soir, M. Boueiz avait indiqué, après son entretien avec M. Dini, que la proposition israélienne sur le Liban-Sud était «un bluff médiatique». Son homologue italien a pour sa part estimé qu’il s’agissait d’une «ouverture encourageante», tout en soulignant qu’il fallait savoir si «cette proposition est accompagnée de conditions prévues par la résolution 425». Une façon de faire savoir que pour l’Italie, certaines conditions que poserait Israël sont acceptables et d’autres pas. De sources diplomatiques libanaises, on indique que les Etats-Unis ont récemment demandé à l’Italie d’entreprendre des démarches pour tenter de combler les fossés séparant Israël des pays arabes sur l’ensemble des volets du processus de paix. Selon ces sources, Washington compte beaucoup sur le rôle que Rome peut jouer en ce sens au cours de la réunion ministérielle euro-méditerannéenne, prévue les 3 et 4 juin prochains à Palerme, en Sicile. M. Boueiz doit regagner Beyrouth samedi.
Le Liban et le Vatican se sont entendus hier sur la nécessité d’une relance du processus de paix au Proche-Orient sur la base du «respect des résolutions internationales», à l’issue d’un entretien entre le pape Jean-Paul II et le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz. Ce dernier qui a, par la suite, été reçu par le président italien Oscar Luigi Scalfaro, a...