Eltsine fait patte de velours pour imposer son premier ministre

Boris Eltsine, faisant patte de velours, a paru ménager ses adversaires communistes et nationalistes et a accepté d’accéder à leur demande de réunir, mardi prochain, une «table ronde» sur la candidature de son premier ministre, le jeune libéral Serguei Kirienko, et sur la composition du nouveau gouvernement. En contrepartie, l’investiture de Kirienko, initialement prévue pour aujourd’hui vendredi, a été reportée à mercredi, soit le lendemain de la réunion de la «table ronde», évitant ainsi un rejet quasi-assuré du poulain du chef de l’Etat. Le débat prévu à la Douma vendredi sur la politique de Kirienko est maintenu, même s’il ne sera pas sanctionné par un vote. Afin de rendre cet arrangement conforme à la constitution, le président Eltsine a par ailleurs demandé au Parlement de confirmer Kirienko au poste de premier ministre, car celui-ci était censé soumettre son programme au vote, au plus tard le 3 avril, soit une semaine après sa nomination. Selon le Kremlin, le président russe a d’abord reçu pendant quarante minutes Guénnadi Seleznyov, président de la Douma (Chambre basse) et Iegor Stroïev, président du Conseil de la Fédération (Chambre haute) pour discuter de la candidature de Kirienko. Puis ce dernier s’est joint aux trois hommes pour 40 autres minutes de pourparlers. L’opposition communiste, première force à la Douma (Chambre basse du Parlement), a affirmé qu’elle maintenait son refus d’entériner le choix de M. Kirienko, un technocrate de 35 ans, au poste de chef de gouvernement. Mais plusieurs analystes estiment que le geste de M. Eltsine accroît les chances de son protégé d’obtenir l’investiture parlementaire, peut-être même dès le premier tour. La convocation mardi d’une table ronde — associant M. Eltsine, les présidents des deux Chambres, les chefs de tous les groupes parlementaires et des représentants du monde syndical et associatif — a repoussé à mercredi le vote d’investiture du nouveau premier ministre.