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Actualités - CHRONOLOGIE

Alors que Beyrouth rejette officiellement l'initiative de Netanyahu Discussions sur les modalités du retrait, recommande la communauté internationale (photos)

Le Liban a officiellement rejeté hier la proposition d’Israël de se retirer sous conditions de la zone de sécurité, insistant sur le fait que le retrait israélien doit être «inconditionnel». Pour sa part, la communauté internationale a réagi prudemment à l’offre israélienne. Tout en soulignant le côté «encourageant», elle est restée réservée sur les «arrangements de sécurité» auxquels pouvait prétendre Israël, dans le cadre de la résolution 425 de l’ONU. A défaut d’arrangements à long terme, la communauté internationale, en particulier Paris et l’ONU, convient toutefois que le Liban et Israël devraient, au moins, discuter des «modalités de la mise en œuvre» de cette résolution. Le refus libanais de l’offre israélienne s’est exprimé à l’issue d’une réunion matinale du Conseil des ministres, sous la présidence de M. Rafic Hariri. Dans une déclaration suivant la réunion, le gouvernement a affirmé que «l’offre israélienne porte en elle les raisons de son rejet, car elle est en complète contradiction avec la résolution 425» (voir aussi page 3). Un Conseil de Cabinet restreint, réuni sous la présidence de M. Benjamin Netanyahu, avait approuvé mercredi, vingt ans après son adoption, la résolution 425 de l’ONU prévoyant un retrait «sans délai» de l’armée israélienne du Liban. Israël estime toutefois que ce retrait ne doit pas être «unilatéral», mais être assorti d’arrangements de sécurité garantissant la frontière nord d’Israël. Il doit en outre garantir la sécurité des miliciens de l’Armée du Liban-Sud d’Antoine Lahd, considérés par le gouvernement libanais comme des «collaborateurs». La position du gouvernement libanais reflète une réelle unanimité interne. Pour le président de l’Assemblée nationale, qui a été reçu hier par le président syrien Hafez el-Assad, la proposition israélienne, c’est le monde à l’envers. «Est-ce à la brebis de protéger le loup? A l’agresseur de protéger l’agressé?», s’est indigné M. Berry, qui a ajouté que «c’est plutôt au Liban de demander des garanties de sécurité à Israël». Le chef du Législatif a affirmé redouter que l’initiative israélienne ne soit «de la poudre aux yeux» et une entrée en matière pour une nouvelle opération israélienne d’envergure au Liban. L’attitude de M. Farès Boueiz au Vatican n’a pas été moins ferme. Pour le ministre des Affaires étrangères, activement engagé dans une campagne d’explication de la position officielle du Liban, la proposition israélienne n’est qu’«un bluff» destiné à transformer le Liban en «otage» de «négociations stériles»(VOIR PAGE 2). Fer de lance de la résistance anti-israélienne, le Hezbollah a déclaré, par la voix de son secrétaire général, cheikh Hassan Nasrallah, que «la seule solution logique et acceptable est que les forces d’occupation se retirent de notre pays sans conditions et laissent la responsabilité de la sécurité aux seuls Libanais». Le Hezbollah s’est montré particulièrement explicite en ce qui concerne son attitude, au Liban même, après un retrait israélien, soulignant qu’il n’a pas l’intention de se substituer aux institutions de l’Etat, aux forces de sécurité ou à l’armée. Par contre, il a conservé un mutisme total au sujet de ses options militaires anti-israéliennes, considérant qu’en la matière, il n’appartient pas au Liban d’offrir des garanties, même verbales, à Israël. Cette dernière attitude du Hezbollah est relativement en contradiction avec celle de l’Etat libanais qui, par la voix de son président, a maintes fois affirmé, sans utiliser le mot «garanties de sécurité», que pas une balle ne sera tirée sur Israël, à partir du Liban, en cas de retrait israélien. Au-delà des arguments circonstanciels, le refus du Liban se base sur la philosophie politique selon laquelle la sécurité est le fruit de la paix, et non pas la paix de la sécurité. En d’autres termes, les rapports entre les Etats et la paix internationale doivent reposer sur la justice, et non pas sur la loi du plus fort. Dans son combat pour une application intégrale de la résolution 425, le Liban compte sur l’appui de la Syrie et celui de la Ligue arabe. Il sait en outre qu’une partie de la communauté internationale s’est montrée sensible à sa position de principe, comme le montrent des déclarations émanant de Paris et de Rome, ainsi que du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Mais il réalise aussi que ces positions diffèrent sensiblement de la sienne, en ce qu’elles préconisent des contacts directs entre Libanais et Israéliens, pour régler les modalités du départ des forces israéliennes. La position des Etats-Unis, elle, est plus proche de la thèse israélienne. La Syrie s’est défendue d’être derrière la position adoptée par le Liban. Dans son édition d’hier, le quotidien «Al-Baas» a affirmé que «La Syrie n’a pas suggéré (au Liban) de refuser cette manœuvre israélienne, comme le prétend le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu». «La position est dictée par l’intérêt du peuple libanais d’abord, et c’est une position qui a été approuvée par les ministres arabes des Affaires étrangères, lors d’une réunion récente au Caire», a ajouté le journal du parti au pouvoir. Sur le plan diplomatique, toutefois, la position du Liban à l’égard d’Israël est complètement alignée sur celle de la Syrie et la coordination libano-syrienne en la matière est destinée à s’accroître encore, prévoit-on, au cas où la campagne israélienne pour un retrait du Liban se poursuit. Le chef de l’Etat syrien, qui a reçu hier le président de l’Assemblée nationale, et qui s’était entretenu, mercredi, avec le président du Conseil, recevra probablement son homologue libanais, lundi, à Lattaquié, apprenait-on en soirée. De son côté, le gouvernement français a estimé hier, à propos du feu vert conditionnel israélien pour un retrait du Liban, qu’une «solution stable et durable aux problèmes de sécurité», au Proche-Orient, «ne pourrait véritablement être atteinte que par un règlement global». Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne Gazeau-Secret, a toutefois estimé que la résolution 425 du Conseil de Sécurité de l’ONU appelant à un retrait sans délai du Liban «n’excluait pas la possibilité que soient engagées des discussions sur les modalités de sa mise en œuvre». «Il appartiendrait alors aux parties d’en décider», a-t-elle indiqué. A Paris, on fait valoir aussi qu’Israël, le Liban et la Syrie disposent, s’ils le souhaitent, d’un cadre pour discuter des questions touchant au retrait israélien. Il s’agit du comité de surveillance du cessez-le-feu créé il y a deux ans, après une vaste opération militaire israélienne dans le sud du Liban. Le Liban, la Syrie et Israël siègent tous les trois au sein de ce comité, qui est présidé alternativement par les Etats-Unis et la France. A l’occasion de la visite à Paris début mars du ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehai, à l’origine de l’initiative israélienne sur le Liban, le chef de la diplomatie française Hubert Védrine avait indiqué que son pays ne pouvait pas demander aux Libanais d’accepter un arrangement qu’ils ne souhaitaient pas. Tout en rappelant que les dossiers libanais et syrien étaient liés, M. Védrine avait indiqué que la France était néanmoins disposée à transmettre des messages, si cela pouvait aider. La position des Etats-Unis, elle, est sensiblement différente de celle de la France. «Une discussion entre Israël et le Liban pour s’assurer que la frontière (commune) soit sûre est un aspect utile» de la proposition israélienne, a estimé mercredi le secrétaire d’Etat Madeleine Albright. Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, est «encouragé de ce qu’une décision a enfin été prise par le gouvernement d’Israël de se retirer du Liban», selon un communiqué des Nations Unies. M. Annan, qui achevait hier une visite en Chine, s’est entretenu mercredi soir au téléphone avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «Le secrétaire général exprime sa satisfaction que la résolution du Conseil de Sécurité, adoptée il y a plus de 20 ans, soit enfin sur le point d’être respectée», a indiqué le communiqué de l’ONU. «Le respect de ce retrait nécessiterait des discussions avec toutes les parties concernées pour être totalement effectif. Le secrétaire général demande à toutes les parties de participer à ce processus», ajoute le communiqué. Quant au Conseil de Sécurité de l’ONU, il a évoqué hier la décision du gouvernement israélien d’accepter la résolution 425 de l’ONU, ont indiqué des diplomates à New York. «De nombreuses délégations se sont référées à cette question en soulignant que les résolutions du Conseil de Sécurité étaient contraignantes et devaient être appliquées sans conditions», a déclaré à la presse l’ambassadeur du Japon Hisashi Owada. M. Owada, qui exerce la présidence du Conseil pour le mois d’avril, a cependant souligné qu’il s’agissait du «point de vue de certains membres et non du Conseil dans son ensemble». Le Conseil de Sécurité s’est réuni à huis clos pour entendre un rapport sur la récente tournée du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, au Proche-Orient. «Il y a eu une reconnaissance très largement partagée que l’impasse qui semble prévaloir dans le processus de paix au Proche-Orient est une cause d’inquiétude et que de nouveaux efforts des parties sont indispensables», a dit M. Owada. Cette impasse a prouvé une nouvelle fois, hier, combien elle pourrait être meurtrière. C’est ainsi qu’un civil a été tué hier, lors d’un raid aérien israélien contre Louayzé, un village du massif de l’Iqlim el-Touffah. Ali Hattab, 35 ans, transportait à bord de son tracteur des matériaux de construction de son village proche d’Arabsalim vers Louayzé, lorsqu’il a été touché de plein fouet par un missile air-sol israélien, a-t-on précisé. Son corps déchiqueté a été évacué vers l’hôpital gouvernemental de Nabatiyé.
Le Liban a officiellement rejeté hier la proposition d’Israël de se retirer sous conditions de la zone de sécurité, insistant sur le fait que le retrait israélien doit être «inconditionnel». Pour sa part, la communauté internationale a réagi prudemment à l’offre israélienne. Tout en soulignant le côté «encourageant», elle est restée réservée sur les...