Sécurité - Quatre blessés dans un attentat à la voiture piégée Un défi pour l'Etat, l'abcès de Saïda (photo)

Trois attentats en moins de deux semaines, c’est trop pour une coïncidence. Que se passe-t-il à Saïda, cet îlot d’insécurité, où fourmillent toutes sortes de groupuscules intégristes, d’organisations palestiniennes et de services de renseignements étrangers? Hier, un responsable du Jihad islamique palestinien, Mahmoud Majzoub, sa femme, leur enfant et un passant, avaient été blessés dans un attentat à la voiture piégée. Samedi, deux agents de la circulation avaient été froidement abattus par des motards. Le 15 octobre, un sous-officier de l’armée échappait de justesse à la mort. Les craintes des responsables se sont confirmées : il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais d’un plan de déstabilisation bien orchestré, exécuté par des professionnels, selon des sources proches des milieux de l’enquête. Le président élu était perturbé par l’attentat d’hier. Des diplomates arabes qui l’ont rencontré ont déclaré que le général Émile Lahoud a reçu toute la journée des rapports de sécurité sur la progression de l’enquête. «Ce qui s’est passé est gênant et déplorable, a-t-il dit à ses visiteurs. L’armée veille sur la sécurité et elle restera vigilante pour démasquer les auteurs des attentats et faire avorter la tentative de déstabilisation». La situation est d’autant plus inquiétante que Saïda abrite un camp palestinien où toutes les organisations, même le Fateh de Yasser Arafat, sont présentes. C’est aussi à Aïn el-Héloué que le chef de l’organisation «Osbat el-Ansar», Abou Mahjane, condamné à mort pour l’assassinat en 1995 de cheikh Nizar Halabi, a trouvé refuge. Saïda est également le vivier des groupuscules sunnites les plus fondamentalistes, dont les membres n’hésitent pas à plastiquer les débits de boissons. Certains milieux politiques montrent du doigt Israël et les services de M. Arafat qui veulent «détourner l’attention de l’accord de Wye Plantation». Mais sur le plan de l’enquête, aucune preuve n’a encore été établie pour étayer cette thèse. En attendant, la peur a commencé à gagner la population, alors que l’État a mobilisé tous ses services pour identifier les auteurs des attentats.