Washington menace d'abandonner ses efforts de médiation au P.O. Albright : le processus de paix est au bord de l'effondrement (photos)

L’émissaire américain au Proche-Orient Dennis Ross a eu dimanche un troisième jour de consultations avec Israéliens et Palestiniens, dans une atmosphère pessimiste, sur les chances de sauver le processus de paix. Une négociation dont le blocage semble énerver de plus en plus les Etats-Unis qui, par la bouche du secrétaire d’Etat Madeleine Albright, ont pour la première fois menacé d’abandonner leurs efforts de médiation. M. Ross s’est entretenu avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem et s’est par la suite rendu à Gaza où il a rencontré le président palestinien Yasser Arafat, comme il le fait quotidiennement depuis vendredi. L’émissaire américain cherche, jusqu’à présent sans succès, à trouver un compromis sur la question de l’ampleur d’un retrait israélien en Cisjordanie, qu’Israël veut restreindre strictement et soumettre à de nombreuses conditions. M. Netanyahu a réaffirmé en Conseil des ministres hebdomadaire que sa politique était «inchangée» quant à l’ampleur du redéploiement. «Israël insiste sur le respect concret par les Palestiniens de leurs obligations» avant de procéder à un redéploiement, affirme le communiqué du Conseil des ministres. «Israël continue aussi à insister sur son droit à déterminer, seul, l’ampleur du redéploiement», poursuit le communiqué. M. Netanyahu s’est prononcé pour un retrait inférieur à 10% de la superficie de la Cisjordanie, assorti de multiples conditions. L’un de ses principaux ministres, M. Ariel Sharon, a affirmé dimanche que 9% seraient déjà un maximum. Les Etats-Unis, selon la presse, s’apprêtent à publier une initiative prévoyant une évacuation par les forces israéliennes de 13,1% de la Cisjordanie, s’ajoutant aux 27% déjà contrôlés, partiellement ou totalement, par l’Autorité palestinienne de M. Arafat. Face au blocage des négociations, le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright a élevé le ton et averti que les Etats-Unis pourraient abandonner leurs efforts de médiation, selon la presse israélienne. Le processus de paix est «au bord de l’effondrement», et si les deux parties rejettent le plan américain, «elles devront se débrouiller toutes seules», a-t-elle déclaré à la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines, réunie à Washington. «Les idées américaines ont pris en compte les besoins sécuritaires d’Israël. Nous avons du mal à comprendre les problèmes que vous posent notre plan», a ajouté Mme Albright. Les Palestiniens moroses Les Palestiniens sont également moroses et considèrent que le fossé entre eux et les Israéliens «est toujours large», selon les termes du porte-parole de Yasser Arafat, M. Nabil Abou Roudeina. «Jusqu’à présent, nous ne sommes parvenus à rien de définitif. Ces discussions ressemblent plutôt à un round d’observation», a-t-il dit. M. Arafat a affirmé pour sa part que les Etats-Unis envisageaient, en cas de réussite des négociations, d’organiser un sommet de dirigeants mondiaux à Washington pour soutenir les efforts de paix au Proche-Orient. «Nous accueillons favorablement la proposition américaine de réunir un certain nombre de dirigeants mondiaux», a déclaré M. Arafat aux journalistes à Gaza. M. Netanyahu a cependant affirmé à son gouvernement qu’il n’avait pas encore évoqué avec M. Ross la question de l’ampleur du redéploiement israélien, selon le communiqué du Conseil des ministres. Vendredi et samedi, MM. Ross et Netanyahu se sont contentés d’évoquer les conditions posées par Israël pour consentir à un éventuel retrait. L’Etat hébreu exige notamment une lutte sans concession de l’Autorité palestinienne contre les groupes extrémistes opposés aux accords sur l’autonomie. Pour leur part, les Palestiniens réclament l’arrêt de la colonisation juive ainsi que le respect par Israël des accords d’Oslo sur l’autonomie, qui prévoyaient trois retraits successifs israéliens en Cisjordanie avant la mi-1998.