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Actualités - CHRONOLOGIE

Le FN affine sa stratégie et met la droite française au pied du mur

Le Front National, dopé par ce qu’il appelle sa «victoire» après avoir aidé la droite à conserver les présidences de cinq régions, espère bien en toucher les dividendes aujourd’hui en mettant au pied du mur ce partenaire désemparé Un communiqué publié samedi a balayé d’un revers de main l’engagement qu’avait pris Jean-Marie Le Pen au nom de son parti le 16 mars, au lendemain du scrutin, de ne demander «aucune prébende pour lui-même» en échange de son soutien. Constatant le désarroi des élus du RPR et de l’UDF en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), dont une partie ne cache pas son désir de s’entendre avec l’extrême-droite, le FN a «revendiqué» la présidence de la région pour son candidat Jean-Marie Le Pen. Une revendication qui s’accompagne d’une menace implicite. «C’est en fonction de la mise en œuvre de ce juste équilibre et de l’application de ce principe démocratique que le Front National déterminera son attitude dans les autres régions encore menacées par la gauche rose-rouge-verte», précise le communiqué. Outre celui de la PACA, quatre sièges de présidents sont encore à pourvoir en Haute-Normandie, Ile-de-France, Franche-Comté et Midi-Pyrénées. Le délégué général Bruno Mégret se montre encore plus précis: un maintien de la droite à la présidence de la région Ile-de-France serait conditionné à l’accession de Jean-Marie Le Pen à la présidence de la PACA. Le numéro deux du FN ne faisait d’ailleurs ainsi que relancer une idée avancée avant même le scrutin d’un «échange» des présidences d’Ile-de-France et de PACA entre la droite et l’extrême-droite. Cette proposition ne pouvait qu’accroître les lignes de rupture déjà apparues parmi les élus de droite dans chacune de ces deux régions entre ceux qui sont farouchement opposés à tout rapprochement avec l’extrême-droite et les partisans d’un accord. Balladur comme Léotard Avec ses 37 élus en PACA, Jean-Marie Le Pen n’aurait besoin que de 13 voix supplémentaires pour devancer son adversaire socialiste Michel Vauzelle qui peut compter sur 49 voix. Or, avant même que le FN ne fasse sa proposition d’échange, 21 conseillers régionaux RPR-UDF, selon un scrutin interne, étaient favorables à former une majorité avec l’extrême-droite. En Ile-de-France, l’ancien premier ministre Edouard Balladur, fermement opposé à tout accord avec le FN, se trouve plus que jamais face au même dilemme que François Léotard en PACA: se présenter avec la quasi-certitude d’être battu et de faire élire un président de gauche ou ne pas se présenter, au risque d’être remplacé par un candidat moins scrupuleux sur d’éventuels accords avec le Front national. Selon une stratégie affichée bien avant l’élection, il s’agissait d’abord pour le FN d’apparaître comme un parti comme les autres, avec lequel on peut négocier et débattre, l’arme maîtresse de cette stratégie étant le slogan nouvellement proclamé: «Pas d’ennemi à droite». Si l’état-major parisien du RPR a su éviter ce piège, certaines personnalités de l’UDF et de nombreux élus locaux ont eu moins de scrupules. On a vu ainsi le président de Démocratie libérale Alain Madelin exprimer sa compréhension pour ceux «qui ne comprennent pas que l’on récuse par principe les voix du FN». Le FN s’était d’ailleurs hâté de souligner dès l’annonce de l’élection de cinq présidents de région de droite avec les voix de ses élus que les digues avaient «craqué». Pour sa part, Bruno Mégret se félicitait que le RPR et l’UDF aient reconnu localement le FN «comme un mouvement républicain, démocratique, légitime et représentatif». Une autre façon de dire que rien n’interdit plus de passer un accord avec lui.
Le Front National, dopé par ce qu’il appelle sa «victoire» après avoir aidé la droite à conserver les présidences de cinq régions, espère bien en toucher les dividendes aujourd’hui en mettant au pied du mur ce partenaire désemparé Un communiqué publié samedi a balayé d’un revers de main l’engagement qu’avait pris Jean-Marie Le Pen au nom de son parti le 16...