Cisjordanie : Netanyahu redouble d'efforts pour contrer une initiative des Etats-Unis

Israël a redoublé d’efforts dimanche pour prévenir une initiative des Etats-Unis dans les négociations avec les Palestiniens, en jugeant «inacceptable» toute proposition de retrait de ses troupes de 13% de la Cisjordanie. Alors que l’émissaire américain au Proche-Orient, M. Dennis Ross, s’apprête selon des responsables israéliens et palestiniens à revenir dans la région, le premier ministre Benjamin Netanyahu a lancé sa plus sévère mise en garde à Washington à ce jour. «Le gouvernement attend des Etats-Unis qu’ils se conforment à leur politique et à leurs promesses, selon lesquelles Israël, seul, déterminera l’ampleur d’un redéploiement», a affirmé M. Netanyahu en Conseil des ministres hebdomadaire. «Les informations sur un retrait, d’une ampleur de 13%, ne sont pas acceptables», a-t-il ajouté, selon un communiqué officiel. «C’est à Israël seul de décider de ses impératifs de sécurité», a-t-il insisté. Selon la presse israélienne, les Etats-Unis s’apprêtent à demander à Israël d’évacuer 13% de la Cisjordanie, s’ajoutant aux 27% déjà contrôlés, partiellement ou totalement, par l’Autorité palestinienne. C’est au moins 4 points de pourcentage de plus que le gouvernement Netanyahu est prêt, sous de nombreuses conditions, à consentir. Tous les ministres sont tombés d’accord pour qu’un retrait ne dépasse pas 9%, a indiqué le secrétaire du gouvernement, M. Danny Naveh. Selon le quotidien Yediot Aharonot, M. Netanyahu s’est entretenu à deux reprises ce week-end au téléphone avec le président Bill Clinton, pour lui demander que les Etats-Unis s’abstiennent de proposer leur plan. M. Clinton a accepté, selon le Yediot, d’attendre la fin de la visite de M. Ross au Proche-Orient pour rendre publique une éventuelle proposition. Un responsable palestinien a indiqué que M. Ross arriverait jeudi dans la région. «Nous attendons pour voir s’il apporte quelque chose de nouveau», a-t-il dit sous couvert de l’anonymat. Un porte-parole de la présidence israélienne du Conseil a confirmé l’arrivée de l’émissaire américain cette semaine, mais sans préciser de date. M. Ross est venu pour la dernière fois début janvier, sans résultat. Depuis lors, désespérant de pouvoir obtenir quoi que ce soit de M. Netanyahu, les Palestiniens pressent les Etats-Unis de prendre l’initiative pour le convaincre. Les Palestiniens considèrent que les accords d’autonomie — qui prévoyaient trois redéploiements militaires israéliens successifs en Cisjordanie — auraient dû leur permettre, au bout du compte, de contrôler 90 % de la Cisjordanie, à l’issue de la période intérimaire d’autonomie l’an prochain. Jusqu’à présent, les Américains se sont bornés à réclamer un redéploiement militaire israélien «significatif et crédible», sans en chiffrer l’ampleur. Ils ont aussi réclamé en vain à Israël une «pause» dans la colonisation des territoires occupés. Le gouvernement Netanyahu a rejeté tout gel de la colonisation et a, parallèlement, conditionné tout redéploiement militaire en Cisjordanie à des efforts accrus des Palestiniens pour lutter contre le terrorisme. Bien qu’il n’y ait plus eu d’attentat palestinien majeur depuis plus de six mois, Israël considère toujours que l’Autorité palestinienne ne fait pratiquement rien pour lutter contre le terrorisme. Les Palestiniens n’y voient qu’un prétexte invoqué par M. Netanyahu pour bloquer le processus de paix, soulignant que le meilleur moyen d’obtenir une relance de la coopération pour la sécurité serait de débloquer les négociations. Nouvelle rencontre sous l’égide des Etats-Unis Des négociateurs israéliens et palestiniens se sont néanmoins rencontrés dimanche à la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël pour discuter de la mise en application des accords d’autonomie. Les discussions ont porté sur différentes «questions civiles», notamment les modalités de passage entre les zones palestiniennes et l’étranger, a-t-on indiqué hier auprès de l’Autorité palestinienne. La délégation palestinienne comprenait le négociateur en chef Saëb Erakat et le ministre des Affaires civiles Jamil Tarifi. La délégation israélienne comprenait le secrétaire général du gouvernement Danny Naveh et le coordinateur des activités israéliennes dans les territoires occupés, le général Yaakov Or. La réunion a eu lieu à la résidence de l’ambassadeur américain Ned Walker à Herzliya (30 km au nord de Tel-Aviv). Les pourparlers israélo-palestiniens sont, rappelle-t-on, dans l’impasse depuis le lancement, il y a un an, des travaux de construction d’une onzième colonie juive, Har Homa, sur la colline d’Abou Ghneim dans le secteur arabe annexé de Jérusalem.