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Actualités - CHRONOLOGIE

Kofi Annan a entendu à Damas et à Beyrouth le même discours sur la 425

Le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a entendu à Beyrouth et à Damas le même discours concernant l’interprétation de la résolution 425 stipulant un retrait «immédiat et sans délai» du Liban-Sud et a senti dans les deux capitales le même scepticisme à l’égard de la proposition israélienne d’évacuer les territoires occupés sous certaines conditions. M. Annan, qui avait annoncé, avant son départ samedi soir pour Damas, qu’il allait «discuter» avec les dirigeants syriens de la proposition israélienne, a pu constater combien ces responsables sont «profondément sceptiques» à l’égard de l’initiative de l’Etat hébreu. Il s’est vu aussi rappeler par le président Hafez el-Assad la position syrienne selon laquelle la paix est liée à la restitution totale des territoires occupés. Les résultats des discussions de M. Annan à Beyrouth ont été au centre d’un entretien téléphonique entre les présidents Elias Hraoui et Hafez el-Assad et de plusieurs réunions tenues samedi à Damas entre le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, le vice-président syrien, M. Abdel-Halim Khaddam et le ministre des Affaires étrangères, M. Farouk Chareh. M. Hariri, qui est rentré le jour même à son chalet de Fakra (Kesrouan), a indiqué que les responsables libanais ont informé M. Annan que le Liban et la Syrie sont disposés à signer un traité de paix avec Israël trois mois au plus tard après une évacuation du Liban-Sud et du Golan occupés. Mais avant même l’arrivée du secrétaire général de l’ONU en Israël (prévue demain mardi), le premier ministre israélien a déclaré que son pays refusait de reprendre les négociations avec la Syrie au point où elles s’étaient arrêtées en 1996. M. Benjamin Netanyahu a ainsi démenti les informations diffusées vendredi dernier par la télévision israélienne selon lesquelles l’Etat hébreu serait prêt à accepter le principe d’un retrait du Golan en vue de reprendre les pourparlers avec Damas. Les résultats de la visite de M. Annan dans les pays de la région, ainsi que la proposition israélienne, seront examinés ce soir au Caire lors d’une réunion entre les ministres arabes des Affaires étrangères du Liban, de Syrie, d’Egypte, de l’Autorité palestinienne et du secrétaire général de la Ligue arabe. Ils doivent se réunir à la veille du début des travaux de la 109e session du Conseil ministériel de la Ligue. «Scepticisme» syrien Les dirigeants syriens ont donc exprimé leur «profond scepticisme» au secrétaire général de l’ONU au sujet de l’offre israélienne et ont réclamé l’application de toutes les résolutions de l’ONU sur le Proche-Orient. «A propos du Liban, les dirigeants syriens ont exprimé leur profond scepticisme concernant la signification des récentes déclarations dans les médias israéliens», a déclaré M. Annan lors d’une conférence de presse à Damas avec le ministre syrien des Affaires étrangères. Selon M. Annan, les dirigeants syriens sont «inquiets du blocage du processus de paix, y compris des négociations syro-israéliennes» suspendues depuis deux ans. Pour eux, «toute paix durable doit être juste et globale», a souligné le secrétaire général de l’ONU selon lequel «une solution au Proche-Orient doit être fondée sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de Sécurité de l’ONU». La résolution 242, reprise par la 338, appelle au retrait israélien «des» territoires occupés durant la guerre de juin 1967 (selon la version française) et «de territoires occupés» (selon la version anglaise). M. Annan, qui venait de s’entretenir avec le président Hafez el-Assad, a souligné qu’une application de la résolution 425 exigeait «la compréhension et la coopération de toutes les parties». «Je vais sonder les intentions des dirigeants israéliens, voir quelles sont leurs propositions et comment on pourrait les faire coïncider avec le processus de paix au Proche-Orient», a affirmé M. Annan. Pour sa part, M. Chareh a mis en garde contre de «possibles manœuvres et tactiques israéliennes qui porteront atteinte au processus de paix». Il a rappelé qu’«une paix juste et durable est le seul moyen d’assurer la sécurité et la stabilité» dans la région. La paix a besoin d’«importants efforts», a poursuivi M. Chareh en invitant les Etats-Unis à jouer «un rôle clair» dans le processus de paix et à permettre ainsi à l’Europe, à la Russie et à la Communauté internationale de «compléter les efforts américains pour sauver» le processus de paix. L’ONU «appuie le rôle d’intermédiaire des Etats-Unis» dans le processus de paix, a indiqué M. Annan qui a promis de ne pas ménager ses efforts pour le faire avancer. Il a jugé que le gouvernement américain était «sérieux» dans sa recherche de la paix et rappelé qu’il avait rencontré le président Bill Clinton et le secrétaire d’Etat Madeleine Albright avant sa visite au Proche-Orient. Pour sa part, le président Assad a affirmé que la paix au Proche-Orient passait par «une restitution totale» des terres occupées par Israël, lors de son entretien avec M. Annan, a indiqué le porte-parole de la présidence. Selon M. Gébrane Kourié, le président Assad a dit que «la paix ne peut être fondée que sur la justice et sur la restitution à leurs propriétaires de tous les territoires occupés» par Israël. MM. Assad et Annan ont évoqué «la situation dans la région, le processus de paix et ses différentes étapes jusqu’à la suspension des négociations à cause de l’attitude du gouvernement israélien», a précisé M. Kourié. Selon son porte-parole, M. Assad a passé en revue devant son interlocuteur «l’histoire du processus de paix et la position négative d’Israël à son égard». M. Kourié, a indiqué que le ministre Chareh et le délégué permanent de la Syrie à l’ONU Michaël Wehbé assistaient à la rencontre. Auparavant, M. Annan avait eu un entretien avec M. Chareh sur le «processus de paix, la situation des Palestiniens, le récent accord en Irak et les relations entre la Syrie et l’ONU», selon une déclaration à la presse du secrétaire général de l’ONU. Il a également abordé avec M. Chareh la question de la proposition israélienne d’un retrait militaire du Liban-Sud. «Je vais en Israël. J’aurai l’occasion d’en discuter en détail avec le gouvernement israélien, mais évidemment on ne peut avoir une paix globale dans la région sans la Syrie», dit M. Annan. Il a qualifié d’«utile et fructueux» son entretien avec M. Chareh. Dès son arrivée à Damas M. Annan avait déclaré qu’il voulait «discuter» avec les dirigeants syriens de la proposition israélienne d’un retrait du Liban-Sud mais qu’il n’avait pas de plan précis à ce sujet. «Je suis en Syrie pour discuter, écouter et réfléchir ensemble à ce qu’il faut faire» concernant un retrait israélien du Liban-Sud, a ajouté M. Annan. En cas d’un retrait, a-t-il indiqué en réponse à une question, la tâche des Casques bleus de la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban-Sud (FINUL) «dépendra du genre de mission que déciderait le Conseil de Sécurité» de l’ONU. M. Annan avait discuté avec les dirigeants libanais de la proposition israélienne. Il avait indiqué notamment avoir ressenti une «volonté» d’appliquer la résolution 425, tout en affirmant qu’il n’était pas porteur d’une nouvelle proposition libanaise, formelle sur un éventuel retrait. «Je n’emporte d’ici en Israël aucune proposition. Mais j’exposerai aux autorités israéliennes la position libanaise. (...) Je vais en Israël pour voir en détail ce qu’ils ont en tête», avait-il déclaré avant son départ pour Damas. M. Annan, qui doit achever en Israël une tournée de dix jours au Proche-Orient axée sur le processus de paix israélo-arabe, a indiqué qu’il voulait «encourager tous les dirigeants de la région à parvenir à la paix et à appliquer les résolutions de l’ONU» relatives au conflit israélo-arabe. Le ministre Chareh, venu accueillir M. Annan à l’aéroport de Damas, a affirmé pour sa part que la Syrie «soutient avec force les principes et les objectifs de l’ONU». «L’ONU doit avoir sa place dans le règlement des conflits dans le monde et doit faire appliquer ses résolutions sans distinction», a ajouté M. Chareh, en soulignant que «la 425 n’implique pas de conditions et demande à Israël de se retirer immédiatement des territoires libanais». M. Kofi Annan doit faire appliquer «toutes les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU: la 425 et les 242 et 338, sans distinction ou double mesure», a dit le ministre syrien. «Il ne faut pas permettre à Israël de se dérober à ses engagements, et le rôle de l’ONU est à cet effet extrêmement important» a souligné M. Chareh. Il a toutefois admis que «la principale responsabilité incombe maintenant aux Etats-Unis de faire appliquer les résolutions qui ont été à la base de la conférence de Madrid» ayant lancé en 1991 le processus de paix. La presse syrienne La presse officielle syrienne a estimé dans ses éditions d’hier que l’offre israélienne d’un retrait du Liban-Sud est «une manœuvre qui n’est pas prise au sérieux par Damas et Beyrouth». Le quotidien gouvernemental Techrine estime que la dernière proposition israélienne, avancée par le ministre de la Défense Yitzhak Mordehaï selon lequel un retrait devrait être précédé d’un accord avec Beyrouth, impliquant le feu vert de Damas, est «une reconnaissance claire du lien entre les volets syrien et libanais» des négociations. «Aucune partie dans la région, notamment au Liban et en Syrie, ne prend au sérieux les offres des responsables israéliens, car la résolution 425 ne prévoit aucune condition et demande à Israël de se retirer immédiatement et inconditionnellement» du Liban-Sud affirme encore Techrine. «La Syrie et le Liban ont toujours appelé à une paix globale fondée sur les résolutions 242, 338 et 425, et sur le principe de l’échange de la terre contre la paix, mais les dirigeants israéliens se dérobent et tentent de séparer les volets syrien et libanais des négociations par des propositions sur le Liban d’abord», rappelle le quotidien. «Le chemin de la paix passe par l’application des résolutions de l’ONU et de la formule de l’échange de la terre contre la paix, tandis que les clowneries du (premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu sont vaines, compliquent les choses et font avancer le Proche-Orient vers l’explosion», a poursuivi Techrine. Selon le quotidien officiel as-Saoura, M. Netanyahu «fait fi de la paix et veut avancer sur le chemin de l’extrémisme et de la provocation». Il «veut montrer que la paix ne se réalisera qu’aux conditions et selon les exigences israéliennes», a insisté le journal. «En brandissant la carte du Liban-Sud et en proposant un retrait conditionné, le gouvernement de Netanyahu veut entraver la recherche d’une solution et vider de leur contenu les résolutions de l’ONU», a conclu as-Saoura.
Le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a entendu à Beyrouth et à Damas le même discours concernant l’interprétation de la résolution 425 stipulant un retrait «immédiat et sans délai» du Liban-Sud et a senti dans les deux capitales le même scepticisme à l’égard de la proposition israélienne d’évacuer les territoires occupés sous certaines conditions. M....