Une inauguration dans le bruit et le désordre

Annoncée depuis la remise de l’immeuble par le gouvernement libanais à l’ESCWA, le 10 novembre dernier, l’inauguration solennelle de la maison des Nations Unies hier, en présence du secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, devait être un événement bien organisé. Surtout que les organisateurs ont eu droit à une répétition, ou comme on dit en langage artistique à un dernier filage, le mois passé avant que M. Annan n’ajourne sa visite au Moyen-Orient. L’événement, comme les journalistes l’avaient appris mercredi dernier, devait se dérouler au milieu de mesures draconiennes de sécurité. Et pourtant... Les voitures stationnées au parking de l’ESCWA, place Riad Solh, n’ont pas été fouillées. A l’entrée de l’immeuble, l’identité des arrivants n’a pas été vérifiée. Il fallait donc uniquement avoir en sa possession un simple carton d’invitation. Les invités ont attendu, au début, dans une petite salle de conférences, ensuite les hôtesses d’accueil de l’ESCWA les ont conduits à la salle des VIP: tables de bois blanc, canapé de cuir noir et plafond et mur aux tonalités beiges, l’unique zone de l’immeuble où il n’est pas interdit de fumer. Hôtes et hôtesses de l’ESCWA portaient chacun un costume différent. Seuls quelques-uns arboraient des broches ou des badges à l’effigie de la Commission. Arrivés à la grande salle de conférences, les invités se sont eux-mêmes placés. Certaines personnes, tels des chefs d’entreprise, se sont installées devant les ambassadeurs. M. Ross Mountain, représentant des Nations Unies au Liban, était au sixième rang. Au cours du discours prononcé par M. Hazem Béblawi, secrétaire exécutif de l’ESCWA, les organisateurs se sont déplacés en portant une chaise pour la poser au premier rang. Mouvement qui a perturbé la salle. M. Béblawi, lui, a poursuivi calmement son discours. Certains des casques permettant de suivre en traduction simultanée les discours ont été distribués aux invités étrangers au cours du discours de M. Béblawi. D’autres durant le discours de M. Farès Boueiz, ministre des Affaires étrangères. Enfin, durant la réception, MM. Annan, Béblawi et Boueiz recevaient les félicitations des invités. De sa main droite, le ministre des Affaires étrangères serrait la main des invités, de la gauche il tenait sa cigarette. Cendre par terre, M. Boueiz avait peut-être oublié que le bâtiment est un immeuble neuf, offert par son propre gouvernement et qui venait d’être inauguré...