Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Risque de divorce entre la droite française et sa base

La menace d’implosion de la droite libérale et centriste incarnée par l’Union pour la démocratie française — une des deux composantes, avec le RPR, de l’opposition modérée — se double désormais d’un risque de divorce avec sa base. La raison, dans un cas comme dans l’autre, réside dans les divergences sur l’opportunité d’alliance avec le Front National, apparues au grand jour à la faveur des élections régionales qui viennent de se dérouler en France. Cinq des dirigeants de l’UDF ont été élus à des présidences de région avec des voix du parti d’extrême-droite de Jean-Marie Le Pen, lequel joue de plus en plus la politique de la main tendue, après avoir gommé pour l’occasion une partie de son programme axé sur la préférence nationale et le rejet de l’immigration. Mardi soir, le bureau politique de l’UDF, fondée en 1978 pour faire pièce au parti gaulliste du RPR (Rassemblement pour la République) alors que Valéry Giscard d’Estaing était président de la République, a demandé que ces cinq présidents de région démissionnent de leurs fonctions. Ils ont une semaine pour le faire, sinon ils seront exclus du parti. Toutefois, la position de fermeté adoptée par cette confédération, qui regroupe notamment les libéraux de Démocratie libérale d’Alain Madelin, les centristes de Force démocrate de François Bayrou, ou encore des radicaux, ne rallie pas tous les suffrages. Plus de 30% des militants de droite refusent d’ailleurs que le FN continue d’être exclu du jeu démocratique, selon des sondages.«De deux choses l’une, argumentent les militants mécontents de leur état-major: ou le Front national est un parti raciste et xénophobe et il faut l’interdire, ou c’est un parti respectant les règles démocratiques, à ce moment-là il ne faut pas l’exclure de la vie politique». Cet épisode reflète le débat depuis plusieurs semaines sur la recomposition de la droite française et le décalage entre les états-majors et la base. Les élections régionales, avec la position d’arbitre du FN dans de nombreuses régions, notamment en Rhône Alpes (centre-est), la deuxième région française, n’ont fait qu’accélérer le processus. Désormais, la droite française se trouve au pied du mur et doit procéder à son aggiornamento, n’ayant ni programme ni idées, de l’aveu même de plusieurs de ses dirigeants. Une mutation Dans une tribune dans le quotidien «Le Monde», mercredi, l’ancien ministre centriste Jacques Barrot estime que «l’heure est venue de constituer un grand rassemblement républicain au centre de l’échiquier politique refusant tous les extrêmes, de droite comme de gauche». Jugement de François Bayrou: «Il faut une mutation. C’est une page qui se tourne», dit-il dans une interview à «Paris Match». «Je propose la création d’une formation politique nouvelle, unitaire, sur l’espace du centre-droit et du centre, dont on sache clairement ce qu’elle veut et ce qu’elle cherche, et qui ne soit pas soupçonnable de magouille et de compromission», ajoute François Bayrou. L’ancien ministre de l’Education appelle à «mesurer la profondeur de ce qui s’est passé». «C’est le terme d’un long processus (…). On a vu apparaître au grand jour un courant qui existait depuis longtemps, et qui veut l’accord avec l’extrême-droite. Ce courant n’est pas, comme on l’a dit trop facilement, provoqué par l’ambition de quelques-uns; il est sincère et profond dans une certaine partie de la droite», dit-il. «Sur l’autre rive, il y a ceux, de droite ou du centre, qui considèrent qu’en s’alliant avec le Front National, ils sacrifient l’essentiel. Les deux tendances existaient depuis longtemps. Pour la première fois, elles s’affrontent au grand jour, dans une ambiance de chaos», constate François Bayrou. En fin de journée, M. Bayrou annonçait la création d’un nouveau parti centriste pour succéder à l’UDF, une décision qui surprenait Démocratie libérale, une composante de l’Union dirigée par Alain Madelin. Si les centristes veulent continuer de refuser toute alliance avec le FN, Démocratie libérale voit d’un assez bon œil la politique de la main tendue avec le FN, surtout avec Bruno Mégret, le numéro deux et stratège du FN. (AFP, Reuters).
La menace d’implosion de la droite libérale et centriste incarnée par l’Union pour la démocratie française — une des deux composantes, avec le RPR, de l’opposition modérée — se double désormais d’un risque de divorce avec sa base. La raison, dans un cas comme dans l’autre, réside dans les divergences sur l’opportunité d’alliance avec le Front National,...