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Actualités - ANALYSE

Un climat de tension lié aux présidentielles ..

Tous les coups sont bons ou presque: les tout récents développements sur la scène politique montrent qu’en coulisse on est déjà en pleine bataille des présidentielles. Les tiraillements entre dirigeants ne peuvent en effet s’expliquer que par la lutte d’influence qui s’articule sur cette échéance. Les tensions risquent de se répercuter bientôt sur une situation socio-économique qui n’a déjà rien de reluisant. Et l’on en est là au sortir d’un sommet syro-libanais presqu’exclusivement consacré à rabibocher les trois présidents! Les décideurs doivent commencer à se demander sérieusement à quoi ils servent s’ils sont si peu écoutés… Le pire effet de ces hostilités à peine voilées c’est qu’elles prennent volontiers pour thème, et en même temps pour cible, la question socio-économique. Son traitement suscite de la part des dirigeants des positions — plutôt que des propositions — diamétralement opposées, sans qu’ils recherchent un terrain d’entente ne serait-ce que sur un point aussi grave. C’est que cette crise aussi ils la greffent sur l’enjeu des présidentielles. M. Rafic Hariri a pris l’initiative en décidant d’entreprendre des concertations élargies sur les moyens d’augmenter les ressources du Trésor pour faire face aux dépenses à engager pour améliorer la situation socio-économique. Cette démarche a été interprétée par les autres pôles, à tort ou à raison, comme une tentative de nature essentiellement politique destinée à redorer l’image de marque du président du Conseil en le présentant comme un homme de dialogue démocratique. Les critiques ne lui ont donc pas été ménagées par les autres tenants du pouvoir qui ont rivalisé dans ce cadre avec l’opposition qui pour sa part juge que M. Hariri cherche à se délester de ses responsabilités sur la collectivité. Toujours est-il que, sur le plan pratique, les divergences sont en train d’annuler les décisions. Ainsi, la vive opposition du président Nabih Berry au projet de surtaxe de 1% sur le chiffre d’affaires a porté le président Rafic Hariri à le geler. Selon ses proches, le chef du gouvernement souhaite encore à ce stade éviter les affrontements ouverts. Ils ajoutent qu’il s’est résolu à ne soumettre au Conseil des ministres aucune question qui n’ait fait auparavant l’objet d’un consensus. Ce qui signifie qu’à l’exception de sujets anodins, plus rien ne sera décidé d’ici la fin du régime. En d’autres mots, que ce Cabinet est déjà de fait un gouvernement chargé uniquement d’expédier les affaires courantes. Il reste que les haririens répètent que «les problèmes nationaux sont l’affaire, la responsabilité de tous. Le développement des régions déshéritées, le retour des réfugiés ou l’augmentation aux fonctionnaires ne concernent pas M. Hariri seulement et si une décision collective ne peut être prise, eh bien il n’y en aura pas…». Contradictions Ils ajoutent que le Législatif avait parfaitement admis le principe établi par l’Exécutif en place, à savoir qu’on n’engagerait plus de dépenses hors budget sans leur prévoir des ressources spéciales pour les financer, autrement dit qu’on n’augmenterait pas inconsidérément le passif déjà lourd du Trésor «le but étant également de garder le déficit annuel en dessous de la barre des 40%… Dès lors, s’indignent les haririens, nous ne comprenons pas que le président du Parlement exige de nous de mettre en chantier le projet de développement des régions déshéritées qui lui tiennent à cœur tout en nous refusant le moyen licite de le financer, c’est-à-dire sans grever de dettes supplémentaires le secteur public». Et d’ajouter, sans paraître y voir une contradiction, que «les ruades des uns ou des autres visent à pousser M. Hariri hors de ses gonds, pour attiser une tension politique dont il ferait les frais, ce qui réduirait son rôle dans les présidentielles. Mais il est absolument déterminé à ne pas se départir de son calme, à ne pas se laisser démonter et à ne pas engager de polémique». Non sans ouvrir lui-même le feu: c’est ainsi que, devant la Ligue maronite, le président du Conseil (au risque évident d’irriter beaucoup de monde) a cru bon de fixer lui-même les critères de sélection d’un prochain président de la République. A savoir que tout candidat doit d’abord «avoir de bonnes relations avec la Syrie, être ouvert sur le camp musulman et jouir de la confiance des chrétiens». Et d’ajouter que «le pays a besoin en même temps d’un nouveau gouvernement qui reflète cette réalité et vienne modifier la situation politique» laquelle serait donc déplorable par la faute d’autrui. Les pôles visés n’ont donc pas caché leur agacement, d’autant que par ses propos M. Hariri se positionne en sélecteur sinon en électeur du prochain régime. De plus, prié de dire sur quoi il fondait les critères exprimés, il a répondu qu’ils reflétaient la synthèse des concertations élargies auxquelles il procède «prouvant par là, dit l’un de ses contempteurs, que cette démarche prétendument déployée pour servir le dossier socio-économique est en réalité de nature politique». Cependant, une personnalité religieuse ne trouve «rien à redire aux spécifications, du reste d’ordre général, énoncées par M. Hariri. Il faut au contraire souhaiter qu’effectivement le choix des décideurs tombe sur un homme qui inspire confiance à tous…». Quoi qu’il en soit, «il est très étonnant, relève un modéré, que nos dirigeants se mettent tant martel en tête, s’agitent et s’entre-déchirent tant autour d’une question qui échappe pour ainsi dire à leur compétence. Nul n’ignore en effet que le dossier des présidentielles se traite entre grands électeurs étrangers et qu’à l’exception peut-être de Bkerké, ces derniers ne tiennent pas beaucoup compte de l’opinion des leaderships locaux, surtout quand les avis sont par trop contraires. En d’autres termes, si les parties prenantes libanaises souhaitent faire entendre leur voix, il est préférable qu’elles tentent d’accorder leurs violons, ce qui ne devrait pas être trop difficile quand on a vraiment à cœur l’intérêt du pays…». .
Tous les coups sont bons ou presque: les tout récents développements sur la scène politique montrent qu’en coulisse on est déjà en pleine bataille des présidentielles. Les tiraillements entre dirigeants ne peuvent en effet s’expliquer que par la lutte d’influence qui s’articule sur cette échéance. Les tensions risquent de se répercuter bientôt sur une situation...