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Actualités - ANALYSE

Une polémique-paravent, le véritable enjeu restant les présidentielles ...

C’est un peu triste pour le brillant pèlerin de paix qu’est M. Kofi Annan, mais l’affaire du mariage civil a largement pris le pas en week-end sur sa visite pionnière. On ne peut peut-être pas encore parler de bataille — puisque la proposition Hraoui bien que votée en première lecture reste virtuelle —, mais la polémique est si rude qu’on risque la rupture d’anévrisme à tout moment. Et on est du reste en droit de déplorer qu’au moment où la 425 traverse une phase cruciale, semée d’embûches (israéliennes, cela va de soi), l’attention des pôles publics, religieux et politiques se crispe tout entière sur un thème diviseur. «Point tant n’en faut», disent comme M. Hussein Husseini les modérés qui, tout en considérant la proposition Hraoui comme tout à fait inopportune, sinon provocatrice, regrettent qu’en face on réagisse aussi violemment. Une remarque d’autant plus justifiée qu’au fond, comme le reconnaît un ministre, «tout cela n’est que de la poudre aux yeux, un bras de fer qui cache mal que le véritable enjeu ce sont les présidentielles. Dans cette optique, les membres de la troïka s’entre-déchirent à belles dents parce que chacun d’eux veut absolument améliorer ses positions pour ne pas se retrouver hors-jeu et cherche en même temps à gâcher le plaisir d’autrui…» Ce responsable hraouiste souligne que, «dès lors, c’est à un vote «politisé» que l’on a assisté la semaine dernière en Conseil des ministres. Les aspects techniques, sociaux ou juridiques du texte ont été négligés, sauf qu’on s’en est servi pour des contestations sur la forme. On affirme ainsi qu’il faudrait le rediscuter point par point; une pratique, osera-t-on dire, originale car jusque-là le Conseil expédiait les projets par article unique. Autre lumineuse trouvaille des haririens: le «vote de principe», comme si le Conseil des ministres était une assemblée consultative et non l’Exécutif en personne! Le scrutin a en réalité porté très clairement sur le point de savoir si on pouvait ou non transmettre la proposition Hraoui à la Chambre pour qu’elle en connaisse, comme pour tout projet de loi». Et de préciser que les haririens, «qui prétendent avoir été pris de court, ont été, comme tous les autres ministres, saisis de la question une première fois le 2 février et ils ont eu donc plus d’un mois et demi pour y réfléchir. Aucun d’entre eux n’a présenté de remarques ou d’objections et s’ils n’ont pas pris la peine d’étudier un texte, qu’ils croyaient sans doute mort-né, ce n’est pas notre faute et ils ne doivent pas raconter des histoires à l’opinion…» Et de souligner ensuite que, «contrairement aux ministres haririens qui ont ignoré le projet, ce qui montre combien ils ont le sens de la responsabilité étatique, la direction générale de l’état civil, en charge des questions relatives aux statuts personnels, l’a passé à la loupe après en avoir reçu copie en février par les soins du ministre de l’Intérieur. Cette direction, toujours contrairement à nos bons amis, a exprimé en temps dû ses remarques en neuf pages fullscape, notant les contradictions qui peuvent exister entre certains points et d’autres lois…» Cependant, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, indique pour sa part qu’il ne savait pas que le président de la République allait soumettre son projet au Conseil des ministres, sans quoi il aurait fait état de ces remarques de la direction générale de l’état civil. De son côté, un député observe que «l’Exécutif s’emmêle visiblement les pinceaux en parlant de remarques ministérielles à ajouter au texte: en ce qui nous concerne, nous recevons un projet de loi, un point c’est tout, et non des observations qui s’y rattacheraient. Et l’Assemblée attend donc d’être saisie pour débattre…» Ce qui risque fort de ne jamais arriver, M. Rafic Hariri étant en mesure de tout geler. Au risque, sans doute, de provoquer une crise politique encore plus forte à l’approche de l’échéance présidentielle. «Car, indique un ministre informé, M. Elias Hraoui n’acceptera jamais qu’on contourne ses volontés et que l’on fasse dormir son projet dans un tiroir sans le transmettre à la Chambre». Laquelle, embarrassée, tente de proposer une solution sauvant la face à tout le monde: le gouvernement n’aurait pas besoin de rien lui transmettre puisqu’elle dispose elle-même d’une proposition de loi de mariage civil établie par les députés PSNS, texte qui ronfle gaillardement depuis des mois dans les placards confortables de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, et qu’on promet de réveiller pour endormir le courroux des uns et des autres…
C’est un peu triste pour le brillant pèlerin de paix qu’est M. Kofi Annan, mais l’affaire du mariage civil a largement pris le pas en week-end sur sa visite pionnière. On ne peut peut-être pas encore parler de bataille — puisque la proposition Hraoui bien que votée en première lecture reste virtuelle —, mais la polémique est si rude qu’on risque la rupture...