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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Le projet de loi sur le mariage civil continue de provoquer des réactions négatives Hoss : il aurait fallu un climat de compréhension générale

L’adoption par le Conseil des ministres la semaine dernière du projet de loi sur le mariage civil facultatif a continué de soulever une vague de réactions négatives dans divers milieux. Retour de New York où il a pris part aux réunions du Board of Trustees de l’Université américaine de Beyrouth, le président Sélim Hoss a estimé hier que «la question du mariage civil facultatif aurait dû constituer un sujet consensuel et n’aurait dû être soulevée que dans un climat de compréhension générale loin de tout esprit de défi». Critiquant «la forme et le timing» du projet de loi sur le mariage civil, M. Hoss a affirmé qu’«il aurait été suffisant dans les circonstances actuelles de procéder uniquement à la constitution de la commission nationale pour l’abolition du confessionnalisme prévue par l’accord de Taëf puis par la Constitution». «Les autres sujets auraient alors été naturellement débattus dans le calme au sein de cette commission», a-t-il poursuivi. M. Hoss a également estimé comme «un précédent grave» le recours pour l’adoption à un projet de loi d’une telle gravité à la majorité au sein du Conseil des ministres. «Cela pourrait entraîner à l’avenir l’adoption de mesures susceptibles d’avoir des répercussions négatives graves sur le processus de l’entente nationale et peut-être même saper les traditions sur lesquelles sont actuellement basés les équilibres nationaux», a-t-il affirmé. Le Bloc du développement et du changement Dans le même ordre d’idées, le Bloc parlementaire du développement et du changement s’est déclaré hier pour «le retrait du projet de loi sur le mariage civil». «Il est indispensable de créer un climat propice aux prochaines échéances et notamment aux élections municipales et aux présidentielles», a souligné le Bloc à l’issue d’une réunion tenue en présence de tous ses membres, MM. Ahmad Karamé, Maurice Fadel, Gebrane Tok, Nicolas Ghosn, Riad Sarraf et Ahmad Fatfat. Le député Jamil Chammas a pour sa part invité «les trois présidents» à «trouver une solution nationale pour sortir de la situation actuelle». Tout en se déclarant «pour la liberté et la démocratie», M. Chammas s’est demandé: «Cherchons-nous vraiment à reconstruire notre pays que nous avons détruit ou cherchons-nous au contraire à anéantir l’homme et l’espoir?». Député du Hezbollah, M. Ammar Moussaoui a estimé que ce projet «porte atteinte à la stabilité intérieure». Se déclarant «contre le mariage civil qu’il soit obligatoire ou facultatif», M. Moussaoui a souligné que «le moment n’est pas propice à une telle question surtout si elle n’intéresse que 1% des Libanais et il existe d’autres sujets intéressant la grande majorité des Libanais qui mériteraient davantage d’être soulevés». Le député Adnan Arakji a estimé que «les Libanais sont préoccupés à l’heure actuelle par la libération de leur territoire et non pas par des sujets susceptibles d’augmenter les conflits et les divisions». «L’heure n’est pas au mariage civil», a poursuivi M. Arakji qui a estimé que «les motivations du projet sont d’ordre politique et incarnent les positions politiques de certains politiciens sans plus». Le projet de loi sur le mariage civil a également soulevé des réactions négatives de la part de l’émir du mouvement de l’Unification islamique, cheikh Saïd Chaabane, du rassemblement des familles de Beyrouth, de la Ligue des étudiants musulmans et de la Ligue sociale de Mazraa. Chehayeb: Pourquoi tant de bruit? Autre son de cloche, celui du ministre de l’Environnement, M. Akram Chehayeb, qui s’est demandé hier «pourquoi ce projet fait tant de bruit alors qu’il n’est que facultatif ». «Le mariage civil est obligatoire dans certains Etats chrétiens. Les chrétiens qui le contractent sont-ils en contradiction avec les enseignements de l’Eglise?», a ajouté M. Chehayeb qui a rappelé qu’«en religion, rien n’est obligatoire», et qui a mis l’accent sur «le devoir de l’Etat de sauvegarder les droits de l’Homme». Boueiz: Respecter la liberté Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz a relevé que le problème du mariage civil facultatif ne revêt nullement un caractère «politique ou confessionnel». «Preuve en est, a-t-il souligné, que les chefs spirituels sont d’accord sur ce plan. Cela est, à mon avis, important car pour la première fois un tel sujet ne revêt pas un caractère confessionnel. Le problème se pose en termes de liberté, en ce sens que l’Etat qui est garant de la liberté de croyance ne devrait pas (selon certains) priver une partie de la population de ses libertés concernant des affaires privées, telles que le mariage. Mais dans la mesure où le projet est facultatif, il ne porte nullement atteinte aux droits des communautés. Il accorde, au contraire, à une fraction de la population une liberté sur le plan de certaines pratiques». «La Constitution, a poursuivi M. Boueiz, n’a pas donné le droit aux communautés d’imposer leur diktat aux autres. Comment les communautés reconnaissent-elles le mariage civil célébré à l’étranger alors que le projet en question est facultatif?». En conclusion, M. Boueiz a souligné qu’il était personnellement hostile au mariage civil, «mais je pense qu’il est du devoir de l’Etat de respecter la liberté d’autrui». Saadé critique le lien avec le confessionnalisme politique «Toutes les discussions autour de la proposition du mariage civil facultatif, pour qu’elles soient efficaces et sereines, doivent se passer non pas dans la rue mais au sein des institutions constitutionnelles, c’est à cette seule condition qu’elles peuvent aboutir loin de toute cette tension à laquelle nous assistons actuellement». C’est ce qu’a notamment déclaré le chef du parti Kataëb, M. Georges Saadé, lors de la réunion hebdomadaire du Conseil central et du Bureau politique du parti qui s’est tenue hier à Saïfi. M. Saadé, pour qui «le chef de l’Etat, ou n’importe quel ministre, sont tout à fait dans leur droit lorsqu’ils proposent un projet de loi en Conseil des ministres», fait toutefois remarquer qu’«il est préférable que les projets d’intérêt national, qui risquent de soulever certaines susceptibilités, soient présentés dans une conjoncture qui leur soit favorable afin qu’ils puissent recueillir les résultats escomptés». Mais le chef du parti Kataëb ne trouve pas que lier l’instauration du mariage civil facultatif à l’annulation du confessionnalisme politique soit une initiative heureuse. «Les responsables auraient dû très bien savoir qu’ils n’avaient pas à lier ces deux projets. Abolir le confessionnalisme politique c’est finalement remettre en cause l’ensemble du système politique du pays et les Libanais ne sont pas du tout prêts à payer actuellement le prix fort pour une pareille initiative», a-t-il encore expliqué.
L’adoption par le Conseil des ministres la semaine dernière du projet de loi sur le mariage civil facultatif a continué de soulever une vague de réactions négatives dans divers milieux. Retour de New York où il a pris part aux réunions du Board of Trustees de l’Université américaine de Beyrouth, le président Sélim Hoss a estimé hier que «la question du mariage civil...