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Actualités - CHRONOLOGIE

Tchernomyrdine est éloigné au profit de Kirienko, un quasi-inconnu Eltsine limoge son gouvernement et prend seul les rênes du pouvoir (photo)

Boris Eltsine a limogé par surprise hier tout son gouvernement, confiant la composition du prochain Cabinet à un quasi-inconnu, Sergueï Kirienko, dans le but de redevenir le seul maître du jeu politique selon les analystes. A peine remis d’un refroidissement qui l’a éloigné une semaine du Kremlin, le président russe a provoqué un véritable séisme politique à Moscou. Viktor Tchernomyrdine, le fidèle premier ministre en poste depuis 1992, a été évincé. A sa place, M. Eltsine a nommé à titre provisoire un libéral de 35 ans, Sergueï Kirienko, proche du premier vice-premier ministre sortant Boris Nemtsov. La nomination définitive au poste de premier ministre de M. Kirienko est l’hypothèse «la plus probable, la plus forte, la plus réaliste à l’heure actuelle», a annoncé le porte-parole du Kremlin Sergueï Iastrjembski sur la chaîne de télévision NTV. M. Kirienko, jusque-là ministre de l’Energie, a été chargé d’engager des consultations pour la formation d’un nouveau gouvernement. «Je crois que la majorité des membres du gouvernement sortant ont des chances de conserver leur poste dans le prochain gouvernement», a par ailleurs indiqué M. Iastrjembski. Le chef de l’Etat a demandé aux ministres sortants d’expédier les affaires courantes jusqu’à la nomination d’une nouvelle équipe. Seuls deux hommes ont reçu leur avis de limogeage immédiat: le ministre de l’Intérieur Anatoli Koulikov, ancien «faucon» de la guerre de Tchétchénie, et le premier vice-premier ministre Anatoli Tchoubaïs, symbole des réformes libérales aux yeux des marchés et des bailleurs de fonds internationaux. Boris Eltsine a reproché au gouvernement d’avoir «ces derniers temps manqué clairement de dynamisme, d’initiative et d’un regard neuf». «Le pays a besoin d’une nouvelle équipe qui pourra obtenir des résultats concrets» et donner «plus d’énergie et d’efficacité» aux réformes économiques libérales, a ajouté le chef de l’Etat. Selon les analystes russes, le maître du Kremlin, en remerciant Viktor Tchernomyrdine, a surtout écarté un subordonné devenu rival à force de gagner en influence. «L’irritation de Boris Eltsine contre Tchernomyrdine grandissait depuis des mois», note Andreï Piontkovski, directeur du centre d’Etudes stratégiques.Alors que M. Eltsine accumule les ennuis de santé, M. Tchernomyrdine, 59 ans, s’est transformé ces derniers mois en «présidentiable» sérieux. M. Eltsine a en apparence conforté ces ambitions, en demandant à M. Tchernomyrdine de «se concentrer sur la préparation politique de l’élection présidentielle». En fait, selon les analystes, cette mise à l’écart pourrait au contraire signifier la mort politique de M. Tchernomyrdine, qui perdra tout contact avec l’opinion en perdant son poste. Si M. Eltsine décide effectivement de nommer M. Kirienko au poste de premier ministre, il risque de rencontrer l’hostilité de la Douma (Chambre basse du Parlement) à majorité communiste et nationaliste. Dans ce cas «nous allons revenir dessus encore et encore», a indiqué M. Iastrjembski. La Constitution fait obligation à M. Eltsine de soumettre son choix de premier ministre à la Douma. Si celle-ci le rejette à trois reprises, le président russe peut dissoudre l’assemblée. Plusieurs analystes soupçonnent M. Eltsine de chercher l’épreuve de force avec la Douma, en lui proposant un premier ministre trop libéral à ses yeux, pour susciter des élections anticipées. Le numéro deux du Parti communiste russe, Valentin Kouptsov, a prévenu de l’hostilité de son parti envers M. Kirienko. «Pour la Douma, ce candidat ne passera pas, l’attitude de l’opposition de gauche sera négative», a-t-il averti. Les autres favoris au poste de premier ministre sont Boris Nemtsov, figure emblématique de la jeune génération réformiste et Grigori Iavlinski, leader de l’opposition démocratique. (AFP-Reuters)
Boris Eltsine a limogé par surprise hier tout son gouvernement, confiant la composition du prochain Cabinet à un quasi-inconnu, Sergueï Kirienko, dans le but de redevenir le seul maître du jeu politique selon les analystes. A peine remis d’un refroidissement qui l’a éloigné une semaine du Kremlin, le président russe a provoqué un véritable séisme politique à Moscou....