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Actualités - ANALYSE

Administration - Il faudra beaucoup élaguer Une priorité déjà en marche, la réforme

Trois contre trois. Mariage civil, retouches constitutionnelles, interdiction du cumul. Autant de propositions du régime partant qui ont été contrées. Échelle des salaires, enrichissement illicite, loyers. Autant de vœux de l’impétrant qui ont été exaucés. Des fleurs donc, sur le tapis rouge qui se déroule devant le parvis de Baabda. «Pourvu que ça doure», disait Lætitia Bonaparte. En tout cas, dans les administrations, on sent courir comme des frissons de peur, des appréhensions mal cachées. L’augmentation des salaires, c’est la carotte. Mais le projet de loi sur l’enrichissement illicite, c’est le bâton. Et le tout, c’est le principe du courant alternatif, récompense-sanction. Autrement dit, l’entrée en matière d’un processus de réforme qui ne va pas réjouir tout le monde, tant s’en faut. C’est que le fonctionnaire ne pourra plus arguer d’un salaire trop bas afin de justifier son tiroir béant pour avaler les pots-de-vin. Il ne pourra plus, par ailleurs, «en référer» à de puissants protecteurs pour éviter qu’on le mute. En effet, dans le cadre d’une réorganisation globale, il faudra, avec l’excédent énorme d’effectifs que comptent certaines administrations, combler le manque criant que connaissent d’autres. Et beaucoup élaguer au passage, car il y a trop de parasites qui seraient en tout cas inutilisables. The right man in the right place, cela va être difficile. Car même les éléments compétents sont parfois pervertis par le système, ont pris trop de mauvaises habitudes et sont liés à des intérêts donnés, politiques, confessionnels ou autres, qu’ils ne peuvent «trahir». Plus globalement, il faudra que les nominations et les permutations n’obéissent plus aux règles du quota, confessionnel et politique. Difficile, répétons-le, de faire avaler la pilule aux leaderships et aux communautés. On l’a bien vu l’an dernier lorsqu’il a été question de faire faire aux fonctionnaires de la première catégorie, un petit tour de manège, c’est-à-dire d’opérer une rotation entre directeurs généraux ayant plus de trois ans d’âge dans un même poste : cela a vite foiré. Le programme a été annulé après la levée de boucliers des pôles d’influence et des communautés. Dont le point de vue est du reste constitutionnel, car la loi fondamentale dit textuellement : «La règle de la représentation confessionnelle est supprimée dans la fonction publique, la magistrature, les institutions militaires ou sécuritaires, les entreprises publiques ou mixtes, au profit de la spécialisation et de la compétence, conformément aux impératifs de l’entente nationale. Sauf dans les postes de la première catégorie ou équivalents, qui seront répartis à égalité entre chrétiens et musulmans, sans attribution exclusive d’une fonction à une communauté et en se conformant au principe de la spécialisation et de la compétence.» Ce qui a souvent donné, comme on sait, de bien curieux résultats… D’autant que le pouvoir a étendu généreusement l’exception prévue pour la première catégorie à différents créneaux, notamment dans les offices dits autonomes, en «réservant» en outre des postes déterminés à telle ou telle communauté. Comment corriger la trajectoire ? «Il faut, disent d’une même voix deux ministres, que tous les fonctionnaires de la première catégorie mettent leur démission à la disposition du premier Cabinet du nouveau régime, qui procédera pour commencer à un vaste mouvement administratif de permutations, pour promouvoir la compétence, sans se soucier de critères confessionnels ou partisans. Pour la stabilité de l’appareil, les fonctionnaires seraient mis en place pour la durée du régime, soit six ans, après quoi on verrait s’il faut en changer ou en permuter certains.» Plus globalement, le ministre en charge du dossier, M. Béchara Merhej, souligne que le traitement des problèmes socio-économiques ou financiers du pays passe nécessairement par la modernisation de l’Administration. Il souligne, en outre, que les capitaux étrangers ne peuvent venir s’investir chez nous s’ils doivent continuer à se buter «à une Administration obtuse, tatillonne et opaque», euphémisme plaisant qui signifie corrompue.
Trois contre trois. Mariage civil, retouches constitutionnelles, interdiction du cumul. Autant de propositions du régime partant qui ont été contrées. Échelle des salaires, enrichissement illicite, loyers. Autant de vœux de l’impétrant qui ont été exaucés. Des fleurs donc, sur le tapis rouge qui se déroule devant le parvis de Baabda. «Pourvu que ça doure», disait...