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Actualités - REPORTAGE

Société - Commémoration aujourd'hui à l'USJ Maximilien Ryllo , visionnaire polonais, l'un des pères de la Province jésuite du PO (photo)

La Province du Proche-Orient des pères jésuites ainsi que l’ambassade et la communauté polonaises au Liban commémorent aujourd’hui le 150e anniversaire de la disparition du père Maximilien Ryllo. Ce missionnaire polonais a lancé, en 1838, à son arrivée à Beyrouth, l’idée d’un grand collège, relevant des pères jésuites, qui s’étendrait de l’Asie à l’Afrique. Il quittera le Liban sans réaliser son rêve. Pourtant c’est grâce à lui que la Résidence des jésuites à la place des Canons sera édifiée en 1839. En 1838, les missionnaires au Liban étaient au nombre de trois. «Aujourd’hui la province du Proche-Orient (Égypte, Syrie, Liban), dont le siège est à Beyrouth, compte 160 pères jésuites», note le supérieur provincial de la congrégation, le père Jan Bronsveld. Les prémices de l’œuvre des pères jésuites au Liban n’ont certes pas été l’œuvre d’un seul homme. Cependant, le père Ryllo a marqué les Libanais de son époque. Son image a également donné du courage aux séminaristes et aux étudiants de la colonie polonaise réfugiée au Liban au plus fort de la Deuxième Guerre mondiale. «Pour cette commémoration, la Compagnie de Jésus en Pologne a organisé à Cracovie, au début du mois d’octobre, un colloque sur l’œuvre du missionnaire», indique le supérieur provincial. L’ambassadeur de Pologne au Liban, M. Tadeusz Strulak, parle avec enthousiasme de son compatriote né à Podorsk le 31 décembre 1802. «Cette localité faisait partie de l’ancien royaume de Pologne et était au XIXe siècle sous la tutelle du tsar», dit-il. Après des études à l’école de Vilnius (actuelle capitale de la Lituanie), il suit des cours de médecine et décide en 1920 de rejoindre les rangs de la Compagnie de Jésus. «C’est cette année-là que le tsar décide d’expulser les jésuites de Pologne ; le père Ryllo part alors pour Rome, où il achève ses études à l’Université grégorienne de théologie», note M. Strulak. Il est ordonné prêtre le 29 décembre 1833. Ami de Béchir II Dans «L’histoire du Liban à travers les archives des Jésuites» du père Sami Khoury, responsable des archives de la province et directeur du Centre de la jeunesse catholique (CJC), de longs épisodes de la vie du père Ryllo sont évoqués. Quand la mission de Syrie, présente au Liban depuis 1831, fait parvenir un message à Rome pour un projet de collège en Asie, elle demande «quelqu’un qui possède l’esprit de Dieu, et qui soit particulièrement humble, actif et entreprenant». Désigné pour cette mission, le père Ryllo arrive à Beyrouth en septembre 1836. Ce premier séjour durera un an et demi. M. Strulak, pour sa part, note que «de retour à Rome, le père Ryllo présente son projet de collège au pape Grégoire VI. Et c’est avec le soutien du Saint-Siège qu’il retourne au Liban en juin 1839». Nommé supérieur de la mission pour la fondation du collège central d’Asie à Beyrouth, au cours d’une période fort agitée dans la région, le père Ryllo «se trouve chargé de responsabilités, sans aucune expérience de la politique, ni des problèmes de l’Orient», ainsi que le note dans son ouvrage le père Sami Khoury. Il devient l’ennemi des Égyptiens mais d’un autre côté l’ami de nombre de Libanais, notamment du patriarche maronite Pierre Hobeiche et de l’émir Béchir II. Indépendant d’esprit, il affiche tout haut ses idées devant le consul français de l’époque: «Je fais tout pour la France et je ne veux agir que par la France, mais si elle abandonne les chrétiens (du Liban), je me tournerai vers l’Angleterre». Téméraire également: quand il sait que sa tête est mise à prix par Ibrahim Pacha, le père Ryllo se présente devant le conquérant égyptien en s’écriant: «La tête de Ryllo, la voici». «Pour le bien de la mission», il sera rappelé en 1842 à Rome et envoyé plus tard à Malte. Au cours d’un de ses séjours à Rome, cet original pose en habit d’Orient pour le peintre italien Francesco Podesti d’Ancona. «À une seule condition, l’artiste devrait peindre aussi un tableau de la Madone; le père Ryllo fera parvenir ce tableau à une église de Bickfaya», précise l’ambassadeur de Pologne au Liban. En 1846, le Saint-Siège le charge d’aider à fonder la mission d’Afrique centrale (Égypte et Soudan). En route vers Khartoum, il passe par Beyrouth, y installe six religieuses des sœurs de Saint Joseph de l’Apparition. Il meurt à Khartoum le 17 juin 1848, à l’âgé de 46 ans. Le père Ryllo disparaît sans jamais avoir revu sa terre natale, la Pologne. Il n’a pas non plus vécu assez longtemps dans une terre qu’il a aimée: le Liban. Tel est le profil de l’un des bâtisseurs de la province du Proche-Orient de la Compagnie de Jésus. Province qui, selon sa vision, «sera à la disposition de celui qui, le premier, se rendra maître de l’éducation de la jeunesse».
La Province du Proche-Orient des pères jésuites ainsi que l’ambassade et la communauté polonaises au Liban commémorent aujourd’hui le 150e anniversaire de la disparition du père Maximilien Ryllo. Ce missionnaire polonais a lancé, en 1838, à son arrivée à Beyrouth, l’idée d’un grand collège, relevant des pères jésuites, qui s’étendrait de l’Asie à l’Afrique....