Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Récession - Le dossier est déjà sous étude Une vraie priorité : la crise socio-économique

Le brain trust du nouveau pouvoir bicéphale planche déjà sur le dossier prioritaire que reste la récession socio-économique. L’orientation est en principe qu’on devrait trouver des voies de dégagement sans accabler le contribuable. D’autant que le redressement ne peut avoir d’autre but que de sauver un pays plongé, ces dernières années, dans une vertigineuse spirale d’appauvrissement. Un économiste de renom juge cependant que «la situation est dure, difficile, mais ni désespérée ni insoluble. On ne peut tabler sur un coup de baguette magique, mais un traitement approprié, étalé sur plusieurs années, peut nous sortir de l’ornière. Les objectifs sont multiples, mais assez simples : assainir les finances publiques par l’allégement de la dette, la réduction des taux d’intérêt, la compression des dépenses et la refonte du code fiscal; dynamiser la production nationale industrielle ou agricole; larguer la sangsue que constitue le trop plein de main- d’œuvre étrangère; stimuler le tourisme, les services, le secteur bancaire et les télécommunications». Pour ce spécialiste, il paraît évident que la meilleure décision que pourrait prendre le futur gouvernement serait d’élaborer un plan quinquennal global et de s’y tenir sérieusement. À son avis «les causes extérieures de la récession, qui sont certaines et qui découlent de la crise mondiale, sont néanmoins bien moins pesantes que les causes proprement internes. Le diagnostic à ce propos est connu depuis longtemps, mais le traitement a été jusqu’à présent inadéquat car on a recouru à des palliatifs improvisés, ça et là, pour boucher en quelque sorte les brèches avec du papier-carton vite déchiqueté. Ainsi pour payer les dettes, on emprunte encore et encore». Et de dénoncer dès lors «les apprentis- sorciers qui improvisent des arrangements au coup par coup, leur seule obsession étant de gagner du temps. Ainsi, pour limiter la progression du déficit budgétaire cette année, on a gelé nombre d’importantes échéances comme le relèvement de l’échelle des salaires dans le secteur public, le remboursement de certaines dettes et le paiement des entrepreneurs. Très bien, mais l’année prochaine, comment fera-t-on? Le déficit budgétaire pour l’année en cours ne devrait pas dépasser 51%, mais en 1999?» Selon cet expert, qui assume l’entière responsabilité de ses suggestions «la porte de sortie, l’issue de secours, c’est la privatisation. On peut obtenir deux bons milliards de dollars, rien qu’en livrant l’électricité, et les télécommunications aux entreprises privées». Réalisme technique Encore faut-il qu’elles en veuillent. Annoncée par Fadl Chalak pour juin 97, la privatisation de la Poste au profit d’une société canadienne n’a pris effet qu’hier mercredi 21 octobre 1998. Les clients ne se bousculent pas au portillon. Toujours est-il que le spécialiste cité pense qu’on peut par ailleurs « soutirer 500 millions de dollars supplémentaires aux entreprises de cellulaires. Et l’on peut les menacer d’en recruter d’autres en 2 004, à l’expiration du présent contrat, ce qui les inciterait à se montrer beaucoup plus généreuses avec le Trésor». Les affaires sont les affaires. Avec le même réalisme technique, ce professionnel affirme que «l’État doit se dédire et renoncer tout simplement à augmenter les salaires dans la fonction publique, du moins avant d’avoir procédé à une réforme administrative largement élagatrice, car cette augmentation salariale lui coûterait trop cher en l’état actuel des choses». On imagine la réaction des intéressés. Moins dangereusement, l’économiste recommande par ailleurs que l’on supprime totalement la pratique des contrats de gré à gré, pour ne plus opérer que par adjudication, sous la supervision d’un jury spécial de prud’hommes. Un élément de rédemption que souligne par ailleurs un ancien dirigeant de la Banque centrale : la confiance qu’inspire le nouveau régime. De l’avis de ce familier des chiffres «le psychologique y est aussi important qu’en littérature. On l’a bien vu avec la livre : dès l’annonce par M. Hraoui de la sélection du général Lahoud, la monnaie nationale a fait un bond en avant et il a fallu même la freiner un peu, pour ne pas donner prise aux attaques des spéculateurs. Il semble qu’au-dehors, comme le montre d’ailleurs le choix du général, on se soit enfin décidé à porter vraiment assistance au Liban, pour qu’il puisse effectuer son redressement socio-économique. L’élan est donné, il faut maintenant que le vrai travail suive». Côté conseils cette source expérimentée pense qu’il faudrait «déployer un effort puissant en direction du potentiel financier libanais dormant à l’étranger et qui se monte à près de 45 milliards de dollars». Il ne faut peut-être pas rêver. Mais avec un nouveau régime, l’espoir est toujours permis.
Le brain trust du nouveau pouvoir bicéphale planche déjà sur le dossier prioritaire que reste la récession socio-économique. L’orientation est en principe qu’on devrait trouver des voies de dégagement sans accabler le contribuable. D’autant que le redressement ne peut avoir d’autre but que de sauver un pays plongé, ces dernières années, dans une vertigineuse spirale...