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Actualités - CHRONOLOGIE

Vingt ans après l'Amoco Cadiz, la manche est très surveillée

Depuis la catastrophe du 16 mars 1978, quelque 150 navires qui croisent quotidiennement la pointe de Bretagne, l’un des plus grands boulevards maritimes du monde, sont désormais étroitement surveillés. «Les navires ont été repoussés très au large», rappelle Alfred Marec, 79 ans, organisateur du nettoyage de l’Aber Wrac’h, une ria qui s’allonge sur 30 kilomètres dans les terres, toujours polluée en profondeur par les résidus pétroliers du pétrolier géant. De même, si un navire de ce type (334 mètres de long et 233.690 tonnes) connaissait aujourd’hui une avarie en pleine tempête au large d’Ouessant, il ne se fracasserait pas sur les roches de Men Goulven en face de Portsall, vomissant comme il l’a fait son pétrole sur près de 360 km de côtes. Pour l’administrateur général des Affaires maritimes, Jean Louis Guibert, l’un des adjoints du préfet maritime de Brest, le dispositif de circulation à la pointe de Bretagne «n’était pas adapté au gigantisme des tankers qui transitaient d’Atlantique en Manche». Le «rail» repoussé «La voie montante était très proche de la terre et, en cas d’avarie, si un bateau ratait Ouessant, il cognait Portsall», souligne-t-il. En 1978, les tergiversations, pour des motifs financiers, entre le commandant du navire et son armateur, alors que le tanker dérivait barre bloquée, paraissaient «normales». Le pétrolier s’était fracassé sur les rochers plus de 10 heures après l’avarie. Aujourd’hui, le «rail» montant a été repoussé à 30 milles (42 kilomètres) à l’ouest d’Ouessant et l’avarie aurait été rapidement repérée par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Corsen, épaulé par les radars de la tour d’Ouessant qui, depuis 1982, veillent à la circulation entre Atlantique et Manche. «Ensuite, estime l’administrateur, le remorqueur de haute-mer «Abeille Flandre» ou une autre unité de la marine aurait été dépêché sur zone pour évaluer la situation. Puis, le préfet maritime aurait mis l’armateur en demeure de prendre immédiatement des dispositions et, en cas de refus, fait intervenir, aux frais de l’armement, des moyens de remorquage pour éviter un naufrage près des côtes». L’«Abeille Flandre» est «capable d’étaler la dérive d’un pétrolier de 250/300.000 tonnes par des mers de force 8/9 (creux de 9 à plus de 15 mètres)», ajoute-t-il, en soulignant que dans ces parages un navire se retrouve en avarie tous les deux ou trois jours. Si l’administrateur ne peut garantir qu’il n’y ait plus de catastrophe aussi importante que celle de l’«Amoco», il constate que les infractions au dispositif de navigation «sont très peu nombreuses». Côté terre, on se souvient qu’un syndicat regroupant les 90 communes bretonnes sinistrées a réussi à faire condamner la puissante société pétrolière américaine Amoco par la Cour fédérale de Chicago. «Si on avait eu plus, c’eût été mieux», estime Alphonse Arzel, sénateur-maire de Ploudalmézeau-Portsall et président du syndicat mixte, qui égrène les sommes perçues: 39 millions de dollars pour le syndicat, 173 millions de dollars pour l’Etat français qui nous a ristourné 16,5 millions de dollars. (AFP)
Depuis la catastrophe du 16 mars 1978, quelque 150 navires qui croisent quotidiennement la pointe de Bretagne, l’un des plus grands boulevards maritimes du monde, sont désormais étroitement surveillés. «Les navires ont été repoussés très au large», rappelle Alfred Marec, 79 ans, organisateur du nettoyage de l’Aber Wrac’h, une ria qui s’allonge sur 30 kilomètres dans...