Un évêque bulgare, premier martyr du stalinisme, sera béatifié demain

Un évêque bulgare, Mgr Eugène Bossilkov, exécuté en 1952, sera le premier martyr du stalinisme béatifié dimanche lors d’une cérémonie présidée par le pape Jean-Paul II dans la basilique Saint-Pierre au Vatican. Mgr Bossilkov avait été condamné à mort lors d’un procès stalinien et personne, même pas sa nièce, sœur Gabrielle Bossilkova qui avait assisté au procès, n’avait été informée de son exécution. Sa mort ne fut confirmée officiellement qu’en 1975, à l’occasion d’une visite au Vatican du président bulgare Todor Jivkov, qui en informait alors personnellement le pape Paul VI. Sœur Gabrielle, aujourd’hui âgée de 77 ans, assistera demain à la béatification et offrira au pape une relique du nouveau «bienheureux», une chemise tachée de son sang lors de tortures subies en prison. L’évêque avait été accusé par le régime bulgare stalinien d’avoir violé les lois spéciales sur la séparation de la communauté catholique locale du Saint-Siège. Mgr Bassilkov n’était pas seulement un prélat courageux qui, à l’époque du nazisme, avait sauvé de nombreux juifs et qui s’était engagé à fond dans la promotion du dialogue entre catholiques et orthodoxes. Il était aussi une personnalité douée d’un grand sens de l’humour et très ouvert, selon sa biographie officielle. Poursuivi par les agents de la police secrète bulgare, il écrivait en code à ses amis. Son diocèse était son «épouse» et ses prêtres, ses «enfants» qu’il souhaitait nombreux dans ses lettres. Les agents de police étaient des «anges gardiens» qui, soulignait-il, ne pouvaient certes pas compter sur la bienveillance de l’archange Gabriel. Reconnu officiellement comme «martyr» par Jean-Paul II en 1994, la «preuve» d’un miracle habituellement demandée aux candidats à la béatification n’a ainsi pas été exigée dans son cas. Condamné à mort le 3 octobre 1952, il a été passé par les armes le 11 novembre. En prison, sa nièce lui faisait parvenir des petits paniers de noix pour le nourrir, jusqu’au jour où le panier lui revint plein, sans aucune explication. Elle n’apprit la mort de son oncle qu’en 1975, après la visite du président Jivkov au Vatican. (AFP)