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Actualités - OPINION

Carnet de route La puissance du symbole

Les initiatives syriennes ne correspondent pas toujours aux aspirations du Liban. L’exception que constitue le choix par Damas du général Lahoud comme président de notre République confirme la règle. Au sein d’une population qui se trouvait dans un état d’abattement et sur la voie d’un cynisme généralisé, il a suffi d’un nom pour susciter l’espérance. Pourtant ce nom n’est encore qu’un symbole. Symbole d’un changement putatif (mais dira-t-on jamais combien, ici, une simple réputation d’intégrité bouleverse toutes les données de la psychologie collective?), l’homme n’a pas encore de réalité. Mais ce changement, on voit depuis quelques jours quelle revendication essentielle il constituait même si, noyés par un régime corrompu à l’extrême, beaucoup se montraient fatalistes pour ne pas être accusés de se nourrir d’illusion. Il n’y a pas de miracle en politique, et tout est loin d’être gagné. Nous sommes, encore une fois, à la croisée des chemins. Dans ces circonstances, le bagage d’optimisme suscité par l’élection présidentielle n’est pas de trop. Si certains pensent qu’il s’agit d’une simple donnée morale, sans effet sur la réalité politique, ils font preuve de myopie: ce sont, aussi les sentiments qui fondent la politique, et ce sont à des sentiments que les hommes politiques cherchent à faire appel. Toute dichotomie est ici de mauvais aloi. Nous ne savons presque rien du nouvel homme pour qui on nous a fait voter. Mais étant donné le dégoût qui s’était emparé des Libanais devant les manifestations crapuleuses de bon nombre de leurs dirigeants, la transparence politique de l’ancien commandant en chef de l’armée joue (déjà?) contre la honte. Car c’est de honte que le Liban a souffert depuis la fin de la guerre. Et rien n’est plus douloureux que la honte. On parlera d’humiliation, de déshonneur, mais la honte, au quotidien, c’est tout cela à la fois. Alors, pour revenir au général-président, personne ne s’attend qu’il chasse les marchands du temple en un tournemain (il y a tant de marchands et tant de temples!). Simplement qu’il continue à manifester le charisme qu’on croit lui deviner, ne serait-ce que pour entretenir le moral de ses concitoyens, ce sera toujours ça de pris. Cet inconnu se révélera vite. Plus que par son programme sans doute, par son action concrète pendant la première phase de son sexennat, ne fût-ce que le temps d’apprendre à s’orienter dans le civil... En attendant, au jour d’aujourd’hui, qu’il reste ce «héros national» promu par une liesse populaire qui ne trompe pas.
Les initiatives syriennes ne correspondent pas toujours aux aspirations du Liban. L’exception que constitue le choix par Damas du général Lahoud comme président de notre République confirme la règle. Au sein d’une population qui se trouvait dans un état d’abattement et sur la voie d’un cynisme généralisé, il a suffi d’un nom pour susciter l’espérance. Pourtant ce...