Communautés religieuses Le patriarche maronite reçu par le prince héritier jordanien Sfeir : nous attendons toujours la paix

Le prince héritier de Jordanie Hassan ibn Talal a lancé samedi un appel au dialogue entre les religions en recevant à Amman le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir. Le prince héritier a plaidé, au cours de l’entretien, en faveur «d’un dialogue qui mette en valeur les points communs entre les religions tout en respectant leurs différences». Il a également exhorté les religieux musulmans et chrétiens à «préserver l’identité de l’Orient arabe, faite de tolérance et de modération» et «à bannir l’extrémisme et la violence». Le cardinal Sfeir était arrivé vendredi dernier à Amman pour une visite d’une semaine pendant laquelle il participera à l’assemblée annuelle des patriarches catholiques d’Orient. Cette assemblée se tient chaque année au siège de l’un des patriarcats d’Orient. Au cours de son séjour jordanien, Mgr Sfeir a présidé la cérémonie de la pose de la première pierre de l’église maronite qui sera construite à Amman sur un terrain offert par le souverain hachémite et qui sera la première de son genre. Des nombreux Libanais, notamment de confession maronite, vivent en Jordanie, dont 5% de la population totale de 4,5 millions d’habitants sont des chrétiens. Pendant le week-end, Mgr Sfeir a rencontré outre le prince héritier jordanien, des délégations de fidèles venues des Lieux saints. Il s’est rendu par ailleurs au siège de l’ambassade du Liban à Amman, au collège des frères de la Salle dans la capitale jordanienne et à la maison des sœurs de la croix à Fahis, dans une banlieue proche de la capitale. Les croyants ne désespèrent pas S’adressant aux fidèles venus à sa rencontre, Mgr Sfeir a déclaré: «Nous savons pertinemment bien que vous traversez comme nous des jours difficiles. Nous attendons comme vous les jours de paix qui ont tardé à venir. Mais les croyants ne désespèrent pas et nous sommes des croyants. Nous sommes des gens de foi qui croyons qu’il y a une providence qui veille sur le monde, les individus, les collectivités et les pays. Nous souhaitons tout comme vous que le jour de la paix arrive pour que les obstacles tombent et que vous puissiez venir chez nous et nous puissions nous rendre chez vous sans entraves». Le patriarche maronite a réaffirmé que «le Liban ne sera pas ce qu’il a toujours été s’il n’est pas le pays de la liberté, de la paix et de la coexistence». Abordant la question de la naturalisation, Mgr Sfeir a affirmé qu’elle pose un grand problème avant de rappeler que le décret de naturalisation fait l’objet d’une action en justice devant le Conseil d’État. Il a réaffirmé son opposition à ce décret qui a accordé la nationalité libanaise à des populations étrangères au Liban. «Nous sommes également opposés à l’annexe du décret de naturalisation parce que nous ne savons pas qui bénéficiera à nouveau de cette nationalité», a-t-il dit. Répondant à une question au sujet du choix du général Émile Lahoud à la Première magistrature de l’État, Mgr Sfeir a qualifié ce choix de «bon», le général Lahoud étant connu comme un homme intègre qui a réussi à réunifier l’armée. Selon le patriarche maronite, avec ses qualités, le général Émile Lahoud est en mesure de mettre un terme à la corruption au sein de l’administration et à aplanir les nombreuses difficultés auxquelles il aura à faire face pendant son mandat. Il a souhaité que les circonstances puissent aider le futur président de la République à aplanir ces obstacles.