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Actualités - CHRONOLOGIE

Annan à Washington pour défendre l'accord avec l'Irak

Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan se trouve depuis hier à Washington où il a déjà rencontré le président américain Bill Clinton et le secrétaire d’Etat Madeleine Albright. Objectif: défendre l’accord conclu le 23 février avec l’Irak, auquel le Congrès demeure résolument hostile. C’est pour cette raison essentiellement qu’aucune réunion n’est prévue avec les législateurs US, lesquels par ailleurs continuent de bloquer le paiement d’une dette de 1,7 milliard de dollars dus par les Etats-Unis à l’organisation internationale. Peu avant de recevoir son hôte, le chef de l’Exécutif US a qualifié d’«encourageant» l’accord ONU-Irak, confirmant que son pays consultera les autres membres du Conseil de Sécurité avant de déclencher une éventuelle frappe militaire, en cas de manquement de Bagdad à ses engagements. «Nous pensons que la résolution» 1154, votée le 2 mars par le Conseil et qui entérine l’accord de Bagdad, «nous donne l’autorité de prendre les actions nécessaires» en cas de violation de l’accord, a-t-il dit. «Mais bien sûr, nous consulterions» les partenaires de Washington au sein du Conseil avant de faire quoi que ce soit, a poursuivi M. Clinton. «Il serait impensable que nous ne le fassions pas». Dans la soirée, M. Annan devait avoir un dîner avec Mme Albright et quelques-uns de ses collaborateurs. Aujourd’hui jeudi, il tiendra une conférence de presse et aura un entretien avec le secrétaire à la Défense William Cohen. Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU avait annoncé lundi que les leaders du Congrès seraient présents au dîner. Hier toutefois, un responsable de l’organisation a expliqué qu’il n’avait pas été possible d’organiser aussi rapidement cette rencontre. L’ONU explique que cela n’est que partie remise, M. Annan ayant prévu de revenir à la fin avril à Washington, cette fois-ci pour y rencontrer spécifiquement les membres du Congrès. L’ambassadeur américain à l’ONU, Bill Richardson, a précisé que cette visite aurait lieu le 23 avril. Néanmoins, M. Annan a eu un entretien avec le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères Jesse Helms. Pour la Maison-Blanche, la visite de M. Annan arrive à «un moment opportun», ainsi que l’a affirmé le porte-parole Michael McCurry, qui a ajouté: «Nous avons de nombreux sujets de discussions», citant à ce propos le programme «pétrole contre nourriture», l’application de l’accord avec Bagdad mais aussi la situation au Kosovo. «Aucun désaccord» Devant ses interlocuteurs, M. Annan doit défendre l’accord mettant fin à la crise avec l’Irak et en vertu duquel ce pays s’est engagé à ouvrir ses huit sites «présidentiels» aux experts de l’ONU à la recherche d’armes de destruction massive, moyennant des «modalités spéciales» d’inspection. M. Annan doit aussi expliquer la politique suivie par l’ONU depuis cet accord, et qui, selon les critiques du Congrès, fait la part trop belle à Bagdad au détriment de la Commission spéciale sur le désarmement de l’Irak (UNSCOM), dont «l’intégrité» est farouchement défendue par Washington. «Nous n’avons aucun désaccord sur l’importance de l’accord et sur la manière dont il est appliqué», a toutefois assuré M. McCurry. Mais, a-t-il ajouté, «il est important de continuer à surveiller de près la manière dont l’Irak s’acquitte de ses obligations». S’agissant des arriérés dus par Washington à l’ONU, M. McCurry a souligné qu’il fallait «faire passer le message» au Congrès selon lequel les Etats-Unis «perdaient beaucoup en ne payant pas leurs dettes». Mais les diplomates onusiens reconnaissent qu’il est encore plus difficile aujourd’hui pour M. Annan d’obtenir un geste du Congrès après que celui-ci eut vivement critiqué l’accord de Bagdad. D’autant que si rien n’est fait, Washington risque de tomber automatiquement sous le coup de l’article 19 de la Charte et de se voir ainsi privé de son droit de vote à l’Assemblée générale, a prévenu un haut responsable de l’ONU. Le président républicain de la Chambre des représentants, Newt Gingrich, a réaffirmé mercredi qu’il bloquerait toute nouvelle aide financière américaine au FMI et à l’ONU tant que le président Clinton n’aura pas donné son feu vert à une mesure controversée anti-avortement. Les républicains veulent ainsi conditionner l’octroi de ces fonds à une mesure qui vise à restreindre l’aide financière des Etats-Unis à des organisations internationales qui font la promotion de l’avortement ou le pratiquent. M. Clinton a averti qu’il mettrait son veto à un texte contenant de telles conditions. Fin de la «lune de miel» Quoi qu’il en soit, cette visite, la deuxième de M. Annan à Washington, ressemble fort peu à celle qu’il y fit, à peine élu au début 1997. Successeur de l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali, il était alors considéré comme le «protégé» des Etats-Unis et avait été fêté comme tel, notamment au Congrès dominé par les républicains. Aujourd’hui, la «lune de miel» entre M. Annan et le Congrès, voire l’administration, semble désormais révolue. Sur le terrain, le Sri Lankais Jayantha Dhanapala, chef du «groupe spécial» de l’ONU chargé d’inspecter les sites «présidentiels», est arrivé mercredi en Irak pour mettre en route les modalités d’inspection. M. Dhanapala, 59 ans, spécialiste du contrôle des armements, a été nommé par le secrétaire général de l’ONU pour diriger le «groupe spécial», formé de diplomates et d’experts en désarmement et qui doit inspecter huit sites présidentiels, en vertu de l’accord du 23 février. Selon des responsables de l’ONU, l’inspection des huit sites pourrait commencer dans deux semaines et M. Richard Butler, chef de l’UNSCOM, pourrait aussi se rendre dans une quinzaine de jours à Bagdad pour une visite coïncidant avec les premières inspections. M. Dhanapala a écrit vendredi dernier aux pays qui ont des représentations diplomatiques en Irak et dans la région, y compris les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, et les diplomates qui accompagneront les inspecteurs seront choisis parmi eux. L’expert sri lankais sera rejoint à Bagdad par le nouveau représentant spécial de M. Annan à Bagdad, l’Indien Prakash Shah, qui sera les «yeux et les oreilles» du secrétaire général de l’ONU en Irak. La mission de M. Dhanapala intervient alors que l’Irak a passé un premier test dans l’application de l’accord du 23 février, avec la fin d’une visite d’experts de l’ONU en désarmement, dirigée par l’Américain Scott Ritter. L’équipe a terminé mardi sa mission après avoir visité huit sites «sensibles», «à la satisfaction totale de l’équipe», selon l’UNSCOM. Le porte-parole du Pentagone Kenneth Bacon a qualifié de développement positif le fait que cette équipe ait pu inspecter différents sites, qui n’étaient pas auparavant ouverts aux experts de l’ONU.
Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan se trouve depuis hier à Washington où il a déjà rencontré le président américain Bill Clinton et le secrétaire d’Etat Madeleine Albright. Objectif: défendre l’accord conclu le 23 février avec l’Irak, auquel le Congrès demeure résolument hostile. C’est pour cette raison essentiellement qu’aucune réunion n’est...