Ultime message US à Belgrade avant une intervention au Kosovo

Les États-Unis ont décidé jeudi d’adresser un ultime message au président yougoslave Slobodan Milosevic, tout en cherchant les moyens de vérifier qu’il se conforme vraiment aux exigences internationales avant une intervention de l’OTAN au Kosovo. Madeleine Albright, secrétaire d’État américain, a enjoint à M. Milosevic d’appliquer les demandes de la communauté internationale, notamment sur un retrait de ses forces spéciales du Kosovo, faute de quoi il s’exposera «à de graves conséquences». Elle a indiqué avoir demandé à l’OTAN de franchir une étape supplémentaire dans sa préparation à une action armée au Kosovo, en passant à l’ordre d’activation des forces militaires prêtes pour une intervention. L’OTAN a la légitimité internationale suffisante pour agir au Kosovo, a souligné le secrétaire d’État, ajoutant que Belgrade n’avait pas «rempli entièrement» ses obligations. «L’une des clefs d’une bonne diplomatie est de savoir quand la diplomatie a atteint ses limites. Nous sommes en train d’arriver rapidement à ce point à propos du Kosovo», a affirmé Mme Albright après des entretiens à Bruxelles avec Javier Solana, secrétaire général de l’OTAN, et l’émissaire américain Richard Holbrooke. Ce dernier, qui a informé les ambassadeurs de l’OTAN de sa dernière mission à Belgrade et au Kosovo, mardi et mercredi, devait repartir dès vendredi matin pour Belgrade. Chargé de transmettre à Slobodan Milosevic l’ultime message de Washington, M. Holbrooke aura également pour mission de «travailler sur des moyens précis de s’assurer d’un respect vérifiable et irréversible» des exigences de l’ONU, selon le porte-parole du département d’État James Rubin. Le déploiement d’une force internationale au Kosovo pourrait permettre de remplir cette mission, estiment les experts. Dans un entretien au journal français «Le Monde», Javier Solana avait estimé que «la Russie devrait être invitée à participer de manière significative» à la mise au point «d’un mécanisme de vérification». «Diverses organisations, l’OTAN, l’ONU, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), etc, pourront apporter leur contribution à un mécanisme de vérification, comme en Bosnie», avait-il ajouté. Tout en laissant une dernière chance à la diplomatie, Washington a demandé à l’Alliance atlantique d’activer ses préparatifs pour une éventuelle intervention militaire.