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Actualités - CHRONOLOGIE

La Turquie s'apprête à lancer un ultimatum à la Syrie Washington appelle Damas à prendre au sérieux la crise avec Ankara (photo)

Pour la première fois, l’administration américaine a lancé hier un avertissement implicite à la Syrie l’appelant «à prendre au sérieux» la crise avec la Turquie et demandé à Ankara de «faire preuve de patience». «Nous incitons la Turquie à faire preuve de patience et la Syrie à prendre l’affaire au sérieux», a déclaré à la presse le secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires du Proche-Orient, Martin Indyk, à l’issue d’un entretien au Caire avec le ministre égyptien des Affaires étrangères Amr Moussa. «Le Caire et Washington sont d’accord sur la gravité de la situation et sur la nécessité de calmer les choses pour pouvoir traiter avec les appréhensions réelles de la Turquie face aux activités du PKK en Syrie (...), qui constituent la question la plus urgente», a-t-il ajouté. Les États-Unis «vont déployer des efforts pour apaiser la situation», a affirmé M. Indyk, soulignant que «le dialogue sérieux» est le meilleur moyen pour résoudre la crise syro-turque. Entre-temps, on apprenait de sources concordantes à Ankara que la Turquie s’apprête à lancer un ultimatum à Damas lors d’une réunion vendredi des plus hauts responsables civils et militaires du pays, tout en menaçant la Syrie d’une intervention militaire pour son soutien présumé aux séparatistes kurdes du PKK. Selon des sources proches du gouvernement, au terme d’une réunion au palais de Cankaya, résidence officielle du président Suleyman Demirel, le gouvernement demandera au Parlement de lui conférer l’autorisation de recourir à la force contre la Syrie, même s’il ne l’utilise pas immédiatement, souhaitant privilégier pour quelque temps encore les efforts diplomatiques. Les participants pourraient à cette occasion lancer un ultimatum à Damas, selon ces sources. «Nous voulons encore que cette crise soit réglée par des moyens diplomatiques, mais si ceux-ci échouent, il ne restera plus rien à faire», a-t-on ajouté de mêmes sources, sans autre précision. Selon le quotidien Hurriyet, jeudi, le gouvernement turc a décidé d’accorder un délai de 45 jours à la Syrie pour qu’elle se conforme à ses exigences. La Turquie réclame que la Syrie cesse tout appui au PKK et lui livre son chef Abdullah Ocalan, qui selon Ankara réside à Damas ou dans la plaine libanaise de la Békaa, sous contrôle syrien. La presse turque a ainsi publié jeudi une liste des domiciles présumés du chef du PKK contenus dans un document remis au médiateur dans la crise, le président égyptien Hosni Moubarak. Afin sans doute de calmer les menaces militaires turques, la Syrie a battu le rappel de ses alliés. L’Iran, après l’Égypte, a engagé une médiation pour désamorcer la crise. L’Iran est le principal allié de la Syrie dans la région et Téhéran préside actuellement l’Organisation de la conférence islamique (OCI), dont sont membres la Syrie et la Turquie. Le président égyptien Hosni Moubarak s’est rendu mardi à Ankara pour tenter de désamorcer la crise entre la Turquie et la Syrie, un pays avec lequel l’Égypte entretient de bonnes relations. Plusieurs pays arabes se sont également déclarés solidaires de la Syrie. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharazi, devait être reçu hier par le président Hafez el-Assad à Damas. En faisant preuve de bonne volonté, la Syrie cherche à enlever tout prétexte à la Turquie et à dévoiler les véritables motivations de cette crise «montée de toutes pièces par Ankara», selon les médias officiels syriens. Ressassant quotidiennement que la Syrie est confrontée à une menace d’encerclement israélo-turque, ces médias, notamment le quotidien Al-Baas, l’organe du parti au pouvoir, estime que cette «menace vise à forcer Damas à accepter les conditions israéliennes pour une reprise des pourparlers de paix». Le quotidien progouvernemental Techrine impute la crise actuelle à la pression des militaires turcs contre «le gouvernement minoritaire de M. Yilmaz». «Pour s’attirer les bonnes grâces des militaires, le gouvernement Yilmaz est prêt à leur permettre sans discussion d’agiter le bâton d’une campagne militaire afin de se débarrasser de ses problèmes internes». A l’exception de l’activité diplomatique, les menaces turques n’ont pas eu d’effet sur la vie quotidienne à Damas, qui poursuit son cours normal. Même à l’occasion des cérémonies pour commémorer le 25e anniversaire de la guerre israélo-arabe de 1973, il n’y a pas de déclarations bellicistes syriennes ni de mobilisation des organisations de masse du parti, Damas semblant miser entièrement à l’heure actuelle sur les efforts diplomatiques.
Pour la première fois, l’administration américaine a lancé hier un avertissement implicite à la Syrie l’appelant «à prendre au sérieux» la crise avec la Turquie et demandé à Ankara de «faire preuve de patience». «Nous incitons la Turquie à faire preuve de patience et la Syrie à prendre l’affaire au sérieux», a déclaré à la presse le secrétaire d’État...