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Actualités - ANALYSE

Un choix qui fait l'unanimité des loyalistes

Le ministre de l’Agriculture, M. Chawki Fakhoury, a affirmé que le Conseil des ministres tiendra jeudi (demain) une réunion extraordinaire au cours de laquelle il tranchera la question de l’amendement du deuxième alinéa de l’article 49 de la Constitution qui paverait la voie à l’élection à la Première Magistrature du commandant en chef de l’armée, le général Émile Lahoud. Le théâtre libanais en difficulté: après Maroun-Naccache, le TDB a fermé ses portes et l’on a parlé un moment du Madina… C’est sans doute pour compenser un peu cette crise des planches que cette édition 98 de la présidentielle se place aussi résolument sous le signe… des coups de théâtre! Le premier avait été que Damas avait fait avaler à un Hariri très réticent la candidature Lahoud. Le deuxième, que tout le monde avait paru changer d’avis quand le cardinal Sfeir avait exprimé à propos de cette même candidature vedette un veto à peine camouflé. Jamais deux sans trois, la dernière surprise a été que longtemps contrarié, le sommet Assad-Hraoui a pu brusquement se tenir. Pour que tout aussi brusquement, le rêve de la prorogation s’efface au profit d’un retour à l’avant-scène du commandant en chef de l’armée. Les apparences étant sauves, puisqu’on lui aura permis de paraître participer à la décision, le chef de l’État s’est prêté sans trop de mauvaise grâce à l’obligation de confirmer qu’il va passer la main au général Émile Lahoud. Bien sûr, M. Hraoui a dû lui-même ménager les formes et évoquer le haut officier non comme le futur président mais comme étant un «candidat favori» puisque, parachutage ou pas, c’est en principe la Chambre des députés qui peut seule procéder au choix. Il reste cependant assez étrange que les loyalistes toutes tendances confondues affirment maintenant en chœur que «cette année-ci, Damas a tenu à «libaniser» au maximum l’échéance». Et de soutenir que «les Syriens voulaient que les Libanais s’entendissent d’abord entre eux sur l’amendement de l’article 49. Mais devant l’insistance de M. Hraoui lui-même, ils ont fini par céder et par concéder le sommet où la décision s’est faite». Une version cependant nuancée par des sources informées pour qui «lorsque M. Hraoui a téléphoné dimanche soir au président Assad pour prendre rendez-vous, il a pu comprendre qu’il lui faudrait avaliser l’option Lahoud, donc parrainer l’amendement qui doit se faire lors d’une session extraordinaire convoquée à sa demande». Exposé présidentiel Ces mêmes sources rappellent que le sommet, qui a duré neuf heures (M. Assad est coutumier des rencontres marathons), en a consacré sept à la grave conjoncture régionale, notamment aux menaces israélo-turques combinées. Puis après le déjeuner, les deux hommes ont abordé la question de la présidentielle. «Là, indiquent ces personnalités, le chef de l’État libanais a tout dit, n’a rien laissé dans l’ombre. Il a résumé les neuf années, plutôt pénibles de son point de vue, qu’il a passées à se colleter avec ses partenaires de la troïka, surtout les derniers temps. Il s’est plaint que la présidence de la République soit traitée comme la plus faible des trois présidences, insistant pour qu’on revalorise les prérogatives de cette institution. Il a notamment réclamé le droit pour le chef de l’État de dissoudre l’Assemblée nationale et beaucoup parlé de rééquilibrage à travers la mise en place des retouches constitutionnelles qu’il propose depuis longtemps. Pour lui, en conclusion, le chef de l’État doit être un gouvernant effectif et un arbitre». Ces sources, qui ne disent pas si M. Hraoui a obtenu satisfaction pour ses revendications, précisent ensuite qu’à son retour au Liban, il a informé le chef du Législatif de l’accord sur le nom du général Lahoud, pour que l’Assemblée se prépare à amender l’article 49 puis à procéder à la formalité de l’élection. Toujours est-il que force a été de constater hier que l’annonce du règlement de la question de la présidentielle, qui jusque-là provoquait des tensions préjudiciables, a été accueillie avec soulagement par les marchés où la Livre s’est bien comportée face au dollar. Les organismes économiques sont globalement satisfaits. Et dans l’espoir même que le général Lahoud serait désigné, l’Association des industriels a commencé à préparer à son adresse un mémorandum de réformes qu’elle souhaiterait le voir adopter. Ce texte demande notamment la fusion, la refusion ou la diffusion de plusieurs départements ministériels. Ainsi un super-ministère de l’Énergie serait créé avec les lambeaux des ministères du Pétrole et des Ressources hydrauliques et électriques alors qu’en revanche, on séparerait, comme en France, le Commerce extérieur de l’Économie et le Budget des Finances. Deux objectifs élémentaires De leur côté, les thuriféraires professionnels, qui encensent systématiquement n’importe quel tenant de pouvoir, commencent à se répandre dans les salons. L’on a pu ainsi entendre un ancien ministre soutenir que «si Lahoud n’avait pas été choisi, il y aurait eu un nouveau mouvement massif d’émigration». Ce politicien affirme, en réponse à Bkerké, que «contrairement à ce que l’on pense, le général est au courant de tous les dossiers et il est informé d’une manière pointue sur tout ce qui se rapporte à la scène locale». Pour cette personnalité, «le général, qui jouit de la confiance de tous, va pouvoir redonner tout son lustre à la présidence de la République et en même temps ramener l’Est politique dans le giron de la légalité, tout en éradiquant la corruption et en mettant fin à l’anarchie ambiante». Vaste programme comme on voit. Un opposant commente en souriant qu’en réalité «on se contenterait de voir le nouveau régime réaliser deux objectifs élémentaires, mais essentiels: l’égalité de tous devant la loi et la compression des dépenses publiques». Ce serait en effet déjà beaucoup.
Le ministre de l’Agriculture, M. Chawki Fakhoury, a affirmé que le Conseil des ministres tiendra jeudi (demain) une réunion extraordinaire au cours de laquelle il tranchera la question de l’amendement du deuxième alinéa de l’article 49 de la Constitution qui paverait la voie à l’élection à la Première Magistrature du commandant en chef de l’armée, le général Émile...