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Actualités - ANALYSE

Présidentielle Un choix d'exception pour période trouble ...

Les spécialistes – aussi nombreux que les postulants non déclarés – sont désormais d’accord, après les derniers retournements sur le plan préélectoral, pour estimer que les choses s’annoncent plus difficiles que prévu. Il faut dire que la crise syro-turque, plutôt soudaine et tout à fait aiguë pour ne pas dire brutale, a profondément affecté le climat ambiant. Au point que ces mêmes experts affirment en chœur et en substance que «pour une période aussi trouble, il faut un choix d’exception. Plutôt qu’un président honorifique, un vrai chef qui fasse montre de sang-froid en cas de secousses et sache résister à toutes les pressions du moment». «On ne peut en effet prendre à la légère les menaces des Turcs. D’autant que Suleyman Demirel les a généralisées au monde entier en ce qui concerne les Kurdes, le Liban étant encore plus particulièrement visé, puisque Ankara accuse Damas d’héberger dans la Békaa Öcalan, le leader du PKK». Pour ces sources, qui ne réalisent pas qu’il n’en aura peut-être pas le temps, «le futur président devra mettre le pays à l’abri des vents qui soufflent au dehors. Il lui faudra recentrer à l’intérieur les pulsations politiques…». Une façon de dire sans doute que ce dirigeant devra être un indépendantiste, un pur «libaniste». Un vœu pieux en somme. D’autant que, selon les personnalités citées, ce Titan, ce Peron «devra être un phare national qui rassemblera autour de sa personne toutes les communautés, toutes les fractions qui composent la rue». Après quoi, il pourra «édifier enfin l’Etat des institutions». Plus prosaïquement, un ancien ministre souligne pour sa part, que «la météo turque étant très menaçante, il est évident qu’on doit penser à un homme qui pourrait effectivement limiter les dégâts le cas échéant. Sans vouloir être cynique, l’avantage de la tension actuelle est que les Libanais ont une plus large marge de participation au choix, les grands électeurs étant occupés ailleurs. Mais encore faut-il que nos compatriotes comprennent que pour reprendre vraiment l’initiative et accroître leur pouvoir de décision autonome, il leur faut impérativement s’entendre…». Or, c’est tout le contraire qui est en train de se passer. Car, en coulisses, les pôles d’influence se tirent sournoisement dans les pattes. Tiraillements Ainsi, qu’entend-on du côté des proches de M. Nabih Berry? Qu’il faut «élire un candidat en base d’un programme politique cohérent et non d’une simple carte de visite. Il faut choisir le président en fonction de ses idées, de sa position politique et cesser de courir après le culte de la personnalité ou après le mythe de l’être d’exception» pour ne pas dire de l’homme à poigne. En bonne traduction politique, cela signifie en gros que les amalistes donnent grosso modo raison au patriarche Sfeir et à ses critères annexes sur le professionnalisme politique du prochain président. Et qu’ils renoncent pour ainsi dire à soutenir la candidature du général Emile Lahoud, sans doute parce que le chef du gouvernement avait paru s’y rallier. C’est que les relations entre les deux ailes mahométanes de la troïka restent pour le moins tendues. Car en sus du contentieux qui les oppose déjà, il vient s’ajouter une question de partage des parts sous le prochain régime. Ainsi, alors que les haririens parlent d’un Cabinet de technocrates (entendre d’hommes-liges) les partisans de M. Berry veulent un nouveau gouvernement totalement politique, comprenant des représentants des principaux courants du pays. Ils font valoir qu’un gouvernement de politiciens peut recourir en cas de besoin à des technocrates pour le seconder. Mais qu’on ne doit pas confier le pouvoir brut à des savants, des professeurs Tournesol qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez en matière d’intérêt public général, qui n’ont aucune expérience et dont la naïveté peut provoquer des catastrophes. Surtout qu’avec la fusion de plusieurs ministères, chaque ministre va disposer de prérogatives bien plus élargies que sous les Trente. Cette revendication politicienne n’empêche pas les partisans de M. Berry de soutenir qu’ils militeront sous le prochain régime pour une véritable épuration des mœurs politico-administratives, pour l’éradication de la corruption, pour une réforme et une modernisation des services publics. Un point sur lequel ils ont l’air d’être tout à fait d’accord avec les haririens, qui se déclarent eux-mêmes pour un sérieux coup de balai. Reste à savoir ce que feraient les uns ou les autres si on devait remettre sur le tapis les postes-clés qu’ils contrôlent…
Les spécialistes – aussi nombreux que les postulants non déclarés – sont désormais d’accord, après les derniers retournements sur le plan préélectoral, pour estimer que les choses s’annoncent plus difficiles que prévu. Il faut dire que la crise syro-turque, plutôt soudaine et tout à fait aiguë pour ne pas dire brutale, a profondément affecté le climat ambiant. Au...