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Actualités - ANALYSE

Présidentielle Une procédure qu'on peut améliorer

Parlant d’expérience, des vétérans chevronnés de l’Est estiment qu’il est grand temps de revoir une procédure d’élection présidentielle qui n’est plus du tout adaptée aux réalités concrètes. Mais en quoi donc? «En ce que, répondent-ils, les députés et l’opinion ne savent que très peu de choses, d’ailleurs apprises au dernier moment, sur le prochain président de la République. Aussi bien sur sa personne, c’est-à-dire sur son nom tout simplement, que sur sa personnalité, c’est-à-dire sur ses capacités effectives. Dans le temps, le facteur de notoriété allait de soi. Les partis, les blocs parlementaires, présentaient des candidats connus ou s’y ralliaient. Ensuite, dans une certaine proportion, les parties extérieures faisaient jouer leur influence en faveur de tel ou tel, pas toujours avec succès d’ailleurs. «Aujourd’hui, les partis et surtout les blocs parlementaires se tiennent à carreau, ne présentent pas de candidat et n’en appuient même pas un. C’est assez compréhensible puisque la plupart des postulants n’osent eux-mêmes pas se déclarer! Si un Boutros Harb l’a fait, c’est sans doute qu’il ne craint pas d’être «brûlé» sachant, comme il le souligne lui-même, que ses chances sont minimes. On peut quand même louer son courage, en notant avec regret que, dans le temps, du courage, il n’en fallait pas, car les choses étaient naturelles. Et bien domestiques, le président étant un produit purement made in Lebanon». Les lacunes du système Mais alors comment remédier aux lacunes du système, comment le «relibaniser»? «Peut-être faudrait-il, indiquent ces anciens, rendre obligatoire la présentation officielle de la candidature. On lèverait ainsi toute ambiguïté. Et surtout on obligerait de la sorte les candidats à se présenter en base d’un programme bien déterminé, sans quoi l’opinion ne les admettrait pas»... Mais s’il faut prendre le point de vue du public en compte, pourquoi faire recourir à la Chambre des députés? «Tout à fait juste en effet, répondent ces sources. À partir du moment où un candidat se présente à la nation armé d’un programme déterminé, il est évident que c’est au suffrage universel qu’il doit être élu et non plus par un aréopage de politiciens dont la plupart ne sont d’ailleurs pas représentatifs». Seulement, un tel changement de procédure n’est pas anodin et implique en principe l’instauration d’un régime présidentiel. «C’est bien le but de notre proposition, reconnaissent ces vieux loups de mer, car il faut, comme le dit M. Elias Hraoui, que l’Etat n’ait plus qu’une tête. Le chef de l’Etat doit donc recouvrer ses anciennes prérogatives. A cette différence qu’on gommera l’anomalie qui faisait que des pouvoirs si étendus, presque régaliens, étaient accordés par un petit groupe de citoyens seulement. Ce sera dès lors le peuple tout entier qui choisira celui qui devra le gouverner. Et, dans un tel système, il est plus difficile pour les parties extérieures de faire la décision et de parachuter un bonhomme à l’heure qui leur plaît. Certes, les courants intérieurs serviraient encore de courroie de transmission pour appliquer la volonté extérieure. Mais ce serait moins facile, moins évident qu’à travers un noyau réduit de députés dont très peu gardent leur libre-arbitre ou respectent vraiment le mandat de confiance qui leur a été délivré par les électeurs. Un choix libanais «Et puis, quand un candidat populaire se présenterait directement devant le peuple, il ne serait pas aisé de la combattre et pour le faire battre les décideurs devraient trouver en face un autre candidat prisé des foules. Il y aurait donc, en définitive, un choix bien libanais à faire. Il pourrait n’être pas très bon, car la lucidité n’est pas toujours le fort des masses. Mais, au moins, il serait national...» Il n’est pas dit d’ailleurs que ce serait un naufrage, car ce n’est généralement pas sans de bonnes raisons que la population place sa confiance démocratique dans tel postulant plutôt que dans tel autre. Mais à quoi bon rêver: ce n’est pas de sitôt qu’on changera de système. Ni sur le plan de la présidentielle. Ni sur celui de la tutelle.
Parlant d’expérience, des vétérans chevronnés de l’Est estiment qu’il est grand temps de revoir une procédure d’élection présidentielle qui n’est plus du tout adaptée aux réalités concrètes. Mais en quoi donc? «En ce que, répondent-ils, les députés et l’opinion ne savent que très peu de choses, d’ailleurs apprises au dernier moment, sur le prochain...