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Actualités - ANALYSE

La politique commence à contaminer le sport

Même Tapie, malgré sa double casquette de député-ministre et de président de l’O.M., n’avait pas réussi en France à politiser le sport. Ici le virus du sectarisme politico-confessionnel commence à ronger les stades, notamment dans ce sport-roi si paradoxalement démocratique qu’est le football. On a ainsi pu voir au cours des derniers mois d’abord à l’occasion d’un match international un vrai soulèvement contre les «frères» à l’Ouest; puis dans la même région, si bien tenue, des batailles rangées… entre frères libanais. Pour appeler les choses presque par leur nom, entre «ansars» (partisans) du Ansar local et supporters d’un club…iranien venus de la banlieue-sud. Ceci sans parler de l’excès de complaisance officielle manifesté à l’égard du Koweit lors des Jeux panarabes à l’encontre d’athlètes irakiens, refoulés à Masnaa alors que la Syrie n’avait trouvé rien à redire à leur présence sur son propre sol. Un zèle de politisation qui naturellement facilite la contamination intérieure, marquée tant par la multiplication des incidents dans et autour des stades, que par les déclarations incendiaires de dirigeants sportifs mais aussi politiques, ce qui dénote une corrélation des plus mal venues. Ainsi comme il y a eu de l’eau dans le gaz en basket-ball, lors d’un match Sportif — La Sagesse, le ministre de l’Education qui gère également la Jeunesse et les Sports a pris un arrêté cassant les décisions de la fédération locale. Ce qui a satisfait un club et pas l’autre. Les développements successifs montrent en tout cas que l’entente, même au sein d’un même camp, reste un vœu pieux. Un opposant radical en profite pour dénoncer «l’effroyable politique de discrimination systématique et de déséquilibre suivie par le système taëfiste qui ne s’est pas rendu compte qu’en semant le vent des clivages Est-Ouest il récolterait aussi une tempête Ouest-Ouest, pour ne parler que d’elle. Toutes les confessions, toutes les régions et toutes les catégories sociales sont aspirées par le vide des divisions une fois qu’on y a fait appel et se dressent les unes contre les autres. La multiplication des frictions n’est pas fortuite, même si on peut la qualifier d’accidentelle: quand on a des freins en mauvais état, on risque bien évidemment d’aller droit dans le mur, comme cela arrive si souvent depuis que le garage d’entretien a été pris en charge par le système ultra-confessionnalisé qu’est la troïka. Tout est vu à travers le prisme communautaire, à preuve que les instances religieuses deviennent, peut-être à leur corps défendant,un pôle politique qu’on ne peut plus contourner, comme le démontre le programme de concertations du président Hariri». Dialogue incomplet «Le système, poursuit-il, refusant de dialoguer avec les leadership civils se tourne de lui-même vers les religieux, sans s’apercevoir qu’il trahit ainsi l’objectif majeur de déconfessionnalisation fixé par Taëf au nom d’une logique nationale évidente. C’est d’autant plus dangereux que le mal de la séparation se propage maintenant, via les stades et les clubs sportifs, dans une jeunesse qui après la guerre ne demandait pourtant qu’à se mieux connaître pour bâtir l’avenir la main dans la main. Pourquoi M. Hariri, au lieu d’aller se faire sonner les cloches à Bkerké par les évêques, n’a-t-il pas pris l’avion pour aller deviser en France avec MM. Raymond Eddé, Amine Gemayel et Michel Aoun qu’il ne cesse d’inviter à rentrer. Pourquoi n’a-t-il pas vu M. Walid Joumblatt au lieu d’aller chez cheikh Bahjat Ghaith…» De son côté, un cadre de l’ex- «Mouvement national» souligne que «l’évolution imprimée par le pouvoir ne joue pas en faveur d’un Liban bien unifié ni d’un Etat des institutions. La vie politique se trouve dénaturée sinon paralysée tandis que les regroupements confessionnels prolifèrent dans tous les domaines, même dans le caritatif. On a donc au fil des années renforcé le confessionnalisme, notamment par le système de partage des postes au détriment de la promotion de la laïcité et d’un système de partis. Ce qui est le meilleur moyen de fragiliser pour de bon l’entité nationale, d’y bloquer la vie politique et d’en retarder le redressement économique, voire de le torpiller». Une autre personnalité, abondant dans le même sens, se demande «si le but n’est pas de prouver que tout comme dans le domaine sécuritaire les Libanais ne sont toujours pas aptes à s’autogouverner sur le plan socio-politique général. On peut également s’inquiéter sur les suites que les affrontements à caractère confessionnel, en sport ou ailleurs, peuvent à la longue engendrer. Tout comme on peut craindre que ces conditions de déliquescence intérieure ne servent en définitive à prolonger indéfiniment l’occupation israélienne du Sud et la présence des forces syriennes, d’autant que la vague de banditisme actuelle paraît conforter la nécessité du maintien de cette présence». On confirme à ce propos qu’à Danielle Pletka qui lui demandait abruptement si le Liban allait demander le départ des Syriens une fois opéré le retrait israélien, le président Nabih Berry a répondu: «Quand les Américains s’en iront du Koweit…» A son interlocutrice qui s’étonnait de cette équation, le président de la Chambre a expliqué en substance que «tout comme les Etats-Unis se trouvent au Koweit pour le protéger contre l’Irak, les Syriens se trouvent chez nous pour nous rassurer au sujet de toute tentative militaire israélienne…» Des explications qui n’ont pas du tout convaincu Pletka… Ph.A.-A.
Même Tapie, malgré sa double casquette de député-ministre et de président de l’O.M., n’avait pas réussi en France à politiser le sport. Ici le virus du sectarisme politico-confessionnel commence à ronger les stades, notamment dans ce sport-roi si paradoxalement démocratique qu’est le football. On a ainsi pu voir au cours des derniers mois d’abord à l’occasion d’un...