Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Entente nationale, présence syrienne, souveraineté , arrestations arbitraires, débouchés inexistants Hariri confronté aux questions brûlantes d'une soixantaine d'étudiants (photo)

Feu roulant de questions brûlantes, hier soir, pour le président du Conseil, qui recevait chez lui une soixantaine d’étudiants de différentes universités, venus lui faire entendre, avec une assurance étonnante, leur voix, dans le cadre d’un programme télévisé diffusé par la MTV. De l’état de la démocratie au Liban à l’entente nationale, ou à son absence, de la présence «envahissante» des soldats syriens sur le campus de la Faculté de Droit de Fanar, aux méthodes autocratiques du pouvoir, de l’aliénation de la souveraineté nationale à l’emprisonnement «politique» de M. Samir Geagea, du confessionnalisme politique au clientélisme, des partis politiques à l’avenir du Liban, des questions et des commentaires qui sont sur les lèvres de tout une génération de jeunes, ont été exprimés avec pertinence et, souvent, avec courage. Sur une question d’actualité, un éventuel amendement constitutionnel qui permettrait à tous les fonctionnaires de la première catégorie, de se porter candidats à la présidence de la République, ou à M. Elias Hraoui de proroger une nouvelle fois son mandat, M. Hariri a déclaré que l’idée, lancée par le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, est «un avis personnel», et a assuré avoir entendu de la bouche même du chef de l’Etat qu’il n’était pas disposé à assumer plus longtemps les charges de la première magistrature. Confronté à des exposés brutaux par leur franchise, le chef du gouvernement a dû concéder des points à ses interlocuteurs. Il a donc admis que «le niveau de la pratique politique est déplorable», en ce moment, au Liban, et que l’examen par un médecin-légiste de toute personne arrêtée, dans un délai de 24 heures, est «une bonne proposition». Il a regretté que le projet d’instauration du mariage civil ait été «attaqué de façon injuste» par les milieux islamiques, regretté aussi de n’avoir pas insisté pour maintenir M. Georges Saadé dans son équipe ministérielle, pour corriger le déséquilibre politique dont souffre le pays, tout en reconnaissant que cette participation «n’aurait pas tout résolu». L’intérêt de l’émission résidait autant, sinon plus, dans les questions posées que dans les réponses. «Où trouver des débouchés pour 5.000 diplômés émoulus chaque année des universités, quand on décide de cesser toute embauche dans la fonction publique? Que faire des dix mille bacheliers qui ne parviennent pas à trouver à s’inscrire dans une université, tout en se trouvant dans l’impossibilité de revenir vers les études techniques?», figuraient parmi les questions demeurées sans réponses. La présence syrienne au Liban a été à plusieurs reprises vigoureusement critiquée. Ce qui a porté le chef du gouvernement à défendre son rôle, allant jusqu’à affirmer que «cette présence est le principal facteur de la paix civile au Liban». M. Hariri a ajouté qu’il aurait été facile à la Syrie d’empêcher la réunification des brigades de l’armée et le renforcement de son potentiel, mais que Damas a donné la preuve de sa sincérité en œuvrant pour la reconstitution d’une armée libanaise forte. Il a précisé que l’armée libanaise était effectivement en train d’étendre son autorité sur l’ensemble du territoire, et que l’armée syrienne se faisait de plus en plus discrète. Le clivage entre étudiants chrétiens et musulmans, au sujet de la présence syrienne, était évident au cours du débat. M. Hariri a par ailleurs dû expliquer à plusieurs reprises les pièges de la nouvelle proposition israélienne de retrait conditionnel du Liban-Sud. «Le sang libanais est en train d’être utilisé comme une carte aux mains d’une puissance régionale», a-t-il été obligé d’entendre, de la part d’une étudiante qui a rappelé que, selon l’accord de Taëf, l’armée syrienne devait se retirer vers la Békaa en 1992. Mais M. Hariri ne s’est pas privé de relever les incohérences et les généralisations dans les propos de certains étudiants, notamment dans l’évocation du nombre d’ouvriers syriens au Liban. Il a pris note, toutefois, de la «présence abusive» des soldats syriens sur un campus de l’Université libanaise, à Fanar. Au sujet de la résistance armée anti-israélienne, M. Hariri a rappelé que la position de l’Etat est différente de celle du Hezbollah. Alors que ce dernier estime que la seule voie pour obtenir le retrait israélien est l’action militaire, l’Etat pense que la diplomatie a un rôle à jouer. Comparant les dirigeants libanais et israéliens, une étudiante du Hezbollah a souligné l’énorme différence qui existe dans leur comportement, à l’égard des combattants. «On ne vous a jamais vu, ni dans un hôpital visitant les blessés, ni à des funérailles, alors que c’est la première chose que font les hauts responsables de l’ennemi», devait-elle souligner. Pour sa part, M. Hariri a reconnu que l’Etat devrait faire beaucoup plus pour les familles des combattants emprisonnés en Israël. Sur certains sujets, comme l’emprisonnement de M. Geagea, et la dissolution des «Forces libanaises»  avant même que la Justice ne se soit prononcée sur l’attentat de Notre-Dame de la Délivrance, à Zouk, M. Hariri est resté sans réponse, tout en soulignant qu’il s’en remet, au sujet de la culpabilité de M. Geagea au jugement de la Cour de justice. Il a toutefois souhaité que son interlocuteur fasse preuve d’un peu plus d’ouverture, affirmant en conscience qu’il ne s’était jamais permis d’interférer dans le cours de la justice. La thèse aouniste, selon laquelle le Liban est l’otage d’un rapport de forces syro-israélo-américain, auquel s’ajoute depuis quelques années une touche séoudienne, a également été assénée sans ménagement à M. Hariri, qui a souligné qu’il croit fermement à la souveraineté, à l’indépendance et à la liberté du Liban, malgré «quelques anomalies». En réponse à une intervention portant sur la loi d’amnistie, notamment pour les crimes liés à la culture ou au trafic de la drogue M. Hariri a déclaré qu’il aurait préféré que cette loi intervienne après le jugement des personnes, et non avant, afin que le criminel et l’innocent n’aient pas tous deux des casiers judiciaires vierges. «Cet avis vaut également pour les crimes remontant à la période de la guerre», a-t-il ajouté.
Feu roulant de questions brûlantes, hier soir, pour le président du Conseil, qui recevait chez lui une soixantaine d’étudiants de différentes universités, venus lui faire entendre, avec une assurance étonnante, leur voix, dans le cadre d’un programme télévisé diffusé par la MTV. De l’état de la démocratie au Liban à l’entente nationale, ou à son absence, de la...