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Actualités - INTERVIEWS

Pour le leader du PNL, le front d'opposition n'a jamais pris corps Chamoun : oui ... mais, à une coopération avec le nouveau régime (photo)

Le Parti National libéral est-il à un tournant de son action politique? La direction du parti, conduite par M. Dory Chamoun, aurait-elle décidé de percevoir les réalités locales présentes avec plus de réalisme et de pragmatisme? En clair, serait-elle prête à s’intégrer au processus de Taëf? Les milieux locaux se sont perdus en conjectures sur ce plan à la suite de l’annonce de la candidature de M. Chamoun à la présidence de la République. La question qui se pose dans ce cadre est de savoir si l’initiative de M. Chamoun reflète réellement une volonté de la part du PNL d’opérer un changement au niveau de sa stratégie d’action et des grandes options qui ont dicté jusqu’à présent sa ligne de conduite politique. Le leader du PNL a abordé ces différentes questions au cours d’une interview accordée à «L’Orient-Le Jour». M. Chamoun s’emploie d’abord à replacer sa candidature dans son véritable contexte. «A chaque échéance nationale, nous avons tenté de stimuler l’entente nationale pour sauver le pays, a déclaré M. Chamoun. Sans entente nationale, la situation restera précaire. Il ne suffit pas de parler de reconstruction et de redressement au niveau économique et financier. Il est nécessaire d’engager le pays sur la voie d’une réconciliation nationale et de former un véritable gouvernement de réconciliation pour sortir le pays du gouffre». Explicitant davantage sa pensée à ce propos, M. Chamoun souligne la nécessité de «tout mettre en œuvre afin d’atteindre un tel objectif». «Lors des élections législatives de 1992, précise-t-il, nous avons proposé la formation d’un gouvernement d’union nationale afin d’élaborer, en toute priorité, une nouvelle loi électorale et d’organiser des élections sur des bases saines. Notre proposition a cependant été rejetée. Nous avons adopté la même attitude en 1996, mais en vain. Cette fois-ci, nous réitérons notre proposition (en vue d’un gouvernement d’union nationale) à la faveur de l’échéance présidentielle. Ils adopteront sans doute la même attitude de refus, mais notre devoir à nous est de revenir à la charge à travers ma candidature». Indépendamment de cette attitude de principe, la candidature du leader du PNL est-elle la manifestation d’une nouvelle dynamique interne au niveau du parti? «Nul n’ignore qu’il a fallu pas mal de temps au parti pour remonter la pente, a notamment déclaré M. Chamoun. Nous sommes passés par des moments difficiles dont l’apogée a été l’assassinat de Dany. Il nous a fallu ainsi un certain laps de temps pour redresser la situation et étendre notre action aux différentes régions. Peu à peu, nous remontons donc la pente. Il nous est apparu sur ce plan que le PNL n’a nullement perdu de son audience sur le terrain. Bien au contraire, nous avons accru notre audience du fait de nos positions de principe. Nous nous devons donc de rentabiliser ce crédit que nous avons gagné». Pour M. Chamoun, la candidature à la présidence de la République constitue l’un des éléments saillants de la relance d’une dynamique interne au niveau du parti, dans le cadre des grandes orientations suivies ces dernières années. Parallèlement à cette nouvelle approche sur le plan de la «forme» de l’action politique, le PNL a-t-il amorcé, quant au «fond», une nouvelle stratégie sur la scène locale? «Non, notre stratégie d’action s’inscrit dans le cadre de notre attitude de principe, a déclaré M. Chamoun. Nous avons toujours prôné la réconciliation nationale. Le Liban est gouverné aujourd’hui par une certaine fraction qui estime qu’elle a gagné la guerre. Or, tout le monde a perdu la guerre. Certaines parties ont accepté le fait accompli et la domination syrienne. Ceux qui n’ont pas accepté la domination syrienne ont été marginalisés. Nous tenons à souligner qu’une telle attitude mène le Liban à la division». Le leader du PNL souligne dans ce cadre, sans ambages, que sa candidature ainsi que l’attitude du parti constituent bel et bien une «politique de la main tendue» à l’égard des autres fractions locales, «mais dans le seul but de sauver le Liban du naufrage». «Nous nous noyons tous, a déclaré M. Chamoun. Il s’agit de nous tendre la main mutuellement afin de tenter de nous sauver, tous ensemble, de la noyade. Nous ne sommes pas seuls dans le pays. Il y a d’autres Libanais qui pensent peut-être différemment que nous. Il faut essayer avec ces Libanais de sortir le Liban de la crise qui se manifeste à différents niveaux». Cela signifie-t-il que le PNL serait disposé à coopérer avec le nouveau régime, dans le cadre du prochain gouvernement qui sera formé après l’élection du futur président de la République? «Une telle coopération de notre part est conditionnelle, déclare sans hésiter M. Chamoun. Nous serons disposés à coopérer si le nouveau régime prend en considération notre position concernant la nécessité d’élaborer une nouvelle loi électorale équitable qui paverait la voie à l’élection d’un nouveau Parlement. La loi électorale est le point de départ du redressement sur le plan politique». Taëf a déjà été torpillé Cette politique de la main tendue implique-t-elle que le PNL a décidé de reconnaître le processus de Taëf et de s’y intégrer? «Absolument pas, s’exclame M. Chamoun. Nous estimons que Taëf a été depuis longtemps torpillé par ceux-là mêmes qui ont appuyé ce processus. Quant à la nouvelle constitution issue de Taëf, elle a été beaucoup modifiée depuis le départ et elle n’a pas été respectée. Taëf n’étant pas un livre saint, on est en droit de relever les failles et de réclamer une solution de rechange». L’attitude actuelle du parti risquerait-elle de déboucher sur un éclatement définitif du front de l’opposition chrétienne regroupant le président Amine Gemayel, le général Michel Aoun, et l’opposition Kataëb? «Malheureusement, précise M. Chamoun, ce front d’opposition n’a jamais pris corps. Le général Aoun a toujours refusé de mettre en place une structure susceptible de permettre à ce front de fonctionner d’une manière efficace. Certes, nous sommes toujours d’accord sur les grandes orientations. Mais sur le terrain, en l’absence d’une structure adéquate, le front ne peut se maintenir». Il n’en reste pas moins que le PNL maintient une coordination et une coopération étroites avec des groupes qui étaient affiliés aux Kataëb, aux «Forces libanaises» ou au courant «aouniste», souligne M. Chamoun. «Ces groupes, précise le leader du PNL, réalisent qu’il est nécessaire d’agir différemment, en faisant preuve de beaucoup de réalisme et de pragmatisme sur le terrain pour pouvoir avancer. En ce qui nous concerne, ce pragmatisme n’est pas nouveau. Il est issu d’une politique qui existe depuis la fin des années 50. Nous ne sommes pas un nouveau parti. Nous avons été à bonne école. Nous suivons dans ce cadre la politique de Camille Chamoun. Nous savons jusqu’à quel point nous pouvons accepter de faire de la realpolitik tout en restant attachés à nos principes». La volonté d’ouverture de la part de M. Chamoun et du PNL est donc manifeste. Encore faut-il que les «décideurs» et que les autres fractions locales aient la volonté (et les moyens) d’engager réellement le pays sur la voie du dialogue et de la véritable réconciliation nationale.
Le Parti National libéral est-il à un tournant de son action politique? La direction du parti, conduite par M. Dory Chamoun, aurait-elle décidé de percevoir les réalités locales présentes avec plus de réalisme et de pragmatisme? En clair, serait-elle prête à s’intégrer au processus de Taëf? Les milieux locaux se sont perdus en conjectures sur ce plan à la suite de...