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Actualités - DISCOURS

Hraoui : il appartient à l'Etat de superviser l'enseignement religieux (photo)

C’est au cours d’une cérémonie solennelle parrainée par le président Elias Hraoui au palais de l’UNESCO qu’a été donné hier soir le coup d’envoi officiel de la première année scolaire sur base des nouveaux programmes éducatifs mis au point par le Centre national de recherche et de développement pédagogiques (CNRDP). Le chef de l’Etat a saisi cette occasion pour dénoncer dans son discours la récente polémique concernant l’enseignement religieux, soulignant notamment que ce dernier devrait être placé sous la supervision de l’Etat et non pas des communautés religieuses. La cérémonie d’hier a eu lieu en présence d’une foule de personnalités en tête desquelles se trouvaient le chef du Législatif Nabih Berry, le vice-président de la Chambre, Elie Ferzli, les ministres Jean Obeid, Fawzi Hobeiche, Farouk Berbir, Chawki Fakhoury, Omar Meskaoui, et de nombreux députés et anciens membres de l’Assemblée. Après une danse moderne exécutée pour l’occasion par un groupe d’élèves, le président du CNRDP, M. Mounir Abou Asli, a prononcé une allocution dans laquelle il a notamment exposé l’esprit dans lequel les nouveaux programmes scolaires ont été élaborés. «Le nouveau système éducatif, a notamment déclaré M. Abou Asli, définit un nouveau rôle de l’école dans la formation de nouvelles générations d’enfants. Ce système se propose de répondre à trois questions fondamentales: quel citoyen nous désirons former? Quelle société nous souhaitons édifier? Quelle patrie nous désirons? (…). Un nouveau rôle est également donné à l’enseignant. Nous avons opté, en outre, pour l’analyse, la recherche, la déduction et la réflexion, afin que l’élève ne soit plus un simple consommateur de connaissances». Après avoir souligné que les nouveaux programmes sont l’œuvre d’une «action conjointe nationale», M. Abou Asli a déclaré que ce nouveau système éducatif a été conçu de manière à répondre «aux aspirations de tous les Libanais». En conclusion, le président du CNRDP a exprimé ses remerciements aux organismes internationaux qui ont apporté leur concours pour l’élaboration de ces nouveaux programmes, notamment l’UNESCO, le PNUD, l’UNICEF, l’OMS, la Banque Mondiale et l’AUPELF. Le discours de Obeid Prenant à son tour la parole, le ministre de l’Éducation, M. Jean Obeid, a évoqué de nombreux sujets dont notamment la question des locaux scolaires, la répartition du corps enseignant et la composition du livre d’histoire. M. Obeid a expliqué qu’«en raison des restrictions budgétaires, le ministère de l’Éducation a été contraint de louer, un peu partout, des locaux de fortune parce qu’il se trouve dans l’impossibilité de construire des locaux adéquats». Pour les enseignants, M. Obeid estime à 4.000 le nombre des enseignants qui sont en surplus et qu’il s’agit de recaser ou de réhabiliter. «Nous avons au ministère presque 4.000 enseignants qui sont, soit affectés à d’autres administrations, soit inactifs du fait du surnombre qui perturbe certaines écoles. Le ministère compte soumettre prochainement, au Conseil des ministres, un projet de réforme, qui réglera définitivement ce problème». Pour la rédaction du livre d’histoire scolaire, M. Obeid s’est déclaré fier de pouvoir fournir au pays «un livre qui raconte toute l’histoire de tous les Libanais». «Ce livre sera, avec la volonté de Dieu, une histoire pour tout le Liban, pas pour une de ses composantes, (…) une histoire du Liban qui raconte toutes les mutations, politiques, économiques, sécuritaires, sociales, culturelles et artistiques qu’il a connues, un livre fidèle à toutes les vérités», a notamment dit le ministre de l’Éducation. Le discours de Hraoui La cérémonie a été clôturée par le discours du président Hraoui qui a notamment déclaré: «Maintenant que vous avez achevé l’élaboration des nouveaux programmes, nous proclamons 1998-1999 la première année scolaire ayant des programmes unifiés dans tous les lieux d’enseignement, a déclaré le président Hraoui. Ces programmes favorisent la complémentarité entre l’enseignement public et privé et entre les différents secteurs de l’éducation». «Il y a quatre ans (…), nous avions appelé à l’élaboration de programmes susceptibles de promouvoir une citoyenneté solide. (Des programmes) capables de rattacher les Libanais au savoir, à la culture et au marché du travail, a ajouté le chef de l’État. Je vous exhorte à préserver la liberté chez nous. Mais sachez que la liberté de l’enseignement ne consiste pas à favoriser l’anarchie. (Elle) ne signifie pas non plus que l’enseignement peut être considéré comme une marchandise. Et, dans tous les cas, la liberté ne doit jamais être (obtenue) au détriment de la patrie. Que la bataille de la liberté de l’enseignement soit, à l’ère du redressement et de la stabilité, celle de la lutte contre l’analphabétisme et contre le chômage des jeunes». Selon le chef de l’État, la réforme de l’éducation et de l’enseignement doit être assumée «par l’État et par la société. La réforme est la responsabilité des cercles politiques, des secteurs productif, économique et social et des hommes de la pensée, de la culture et de l’information». «Nous voulons que l’éducation contribue à renforcer le respect de la loi et à garantir la victoire de la citoyenneté sur les dissensions sectaires, a-t-il dit. Mon souhait est que ces nouveaux programmes puissent permettre l’émergence d’une génération capable de rénover la langue et la pensée arabe». M. Hraoui a encore dit: «Le point principal dans la réalisation que vous avez accomplie est que l’État a retrouvé sa place dans le processus de l’éducation et de l’enseignement. Reste encore le Livre d’histoire. Le Conseil des ministres a déjà approuvé les grandes orientations de ce livre et vous nous avez dit que vous êtes sur le point d’achever ce projet. Nous sommes certains que nous réussirons à surmonter tous les obstacles, parce que la volonté de vivre ensemble est plus forte que tous les autres problèmes. Il n’est pas permis de se disputer au sujet de détails et d’interprétations, alors que l’occupation israélienne se poursuit au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest. Soyez sûrs que ceux qui savent écrire l’histoire de leur pays, méritent de construire son avenir». Évoquant le dossier de l’enseignement religieux, M. Hraoui a déclaré: «Il est regrettable que la question de l’enseignement religieux soit abordée d’une manière nous rappelant une période que personne n’aimerait vivre à nouveau. L’État libanais sauvegarde la liberté de culte et toutes les libertés. Il appartient à tous. La Constitution stipule que le peuple, et non pas les passions confessionnelles, est la source de tous les pouvoirs. Laissez l’État, à travers ses institutions, définir les intérêts du peuple et de la nation. Il n’y a absolument aucun intérêt à ce que chaque communauté s’occupe exclusivement d’un groupe d’écoliers, en dehors de la supervision de l’État. La responsabilité de l’État est globale et complète, sans quoi il ne peut y avoir d’État. Restez vigilants, chers amis, face aux complots israéliens visant à démembrer le Liban, voire à déchirer l’Orient, à le saigner, à s’emparer de ses richesses et à briser ses rêves».
C’est au cours d’une cérémonie solennelle parrainée par le président Elias Hraoui au palais de l’UNESCO qu’a été donné hier soir le coup d’envoi officiel de la première année scolaire sur base des nouveaux programmes éducatifs mis au point par le Centre national de recherche et de développement pédagogiques (CNRDP). Le chef de l’Etat a saisi cette occasion pour...