Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Présidentielle : Emile Lahoud, l'homme de la situation ?

La possibilité d’amender l’article 49 de la Constitution en vue de permettre l’élection du général Émile Lahoud à la présidence de la République est tellement évoquée que l’on en vient à se demander si la classe politique du pays a perdu toute crédibilité. N’y a-t-il donc pas un seul civil qui puisse remplir la fonction de chef d’État? Il ne s’agit pas de cela, répond un candidat à la présidence. C’est une combinaison de conjonctures locales, régionales et internationales qui impose en définitive le choix du candidat convenant aux circonstances. Par exemple, on se souvient qu’en 1958, le général Fouad Chéhab avait été élu alors que la scène politique ne manquait guère de présidentiables tels Sleiman Frangié, Raymond Eddé ou encore Pierre Gemayel. Mais la situation exceptionnelle née de la crise de 58, les circonstances régionales et internationales, avaient alors imposé l’élection de Fouad Chéhab à la Première magistrature de l’État. Il en irait de même aujourd’hui pour le général Lahoud qui pourrait être l’homme de la situation. En d’autres termes, lui seul serait à même de concrétiser les aspirations des Libanais concernant les réformes administratives et politiques, la lutte contre la corruption, un règlement rapide de la crise socio-économique et financière, et le développement équilibré des régions. La réalisation d’un programme aussi ambitieux nécessite de toute évidence une détermination et une fermeté de caractère à toute épreuve. Israël et le Sud Sur le plan régional, le futur président devra faire face à l’intransigeance qu’affiche l’État hébreu à l’égard du processus de paix et ce, en l’absence de pressions efficaces exercées sur Israël par une puissance mondiale. Le Liban-Sud pourrait être ainsi une fois de plus victime d’opérations militaires israéliennes qui nécessiteraient la présence d’un pouvoir fort à Beyrouth pour y faire face. Selon le candidat susmentionné, le général Lahoud aurait toutes les chances de réussir dans la réforme des institutions de l’État. En effet, il a déjà fait ses preuves en parvenant à réunifier une armée disloquée. Il y a toutefois une différence de taille entre les institutions militaire et civiles. Les principales caractéristiques de l’armée sont la discipline et l’obéissance, l’exécution des ordres sans discussion, à la différence du Conseil des ministres ou de l’Assemblée nationale qui sont loin de jouir des mêmes qualités. Le général Lahoud ne pourra donc pas traiter les membres de ces deux institutions comme les soldats de l’armée. De fait, est-il nécessaire de souligner la grande part de complaisance politique qui entre en ligne de compte dans la plupart des nominations administratives? Mais s’il est vrai que le général Lahoud a bénéficié de l’appui syrien dans la reconstitution et la restructuration de l’armée, Damas le soutiendra-t-il aussi pour ce qui a trait aux autres institutions? Un autre problème se pose qu’il sera bien difficile de trancher: une fois élu, le général Lahoud amènera-t-il avec lui au pouvoir l’institution militaire afin de mettre en application l’ordre et la loi. Telle était la politique du président Fouad Chéhab qui avait suscité en définitive un tollé dans les milieux politiques. Ceux-là n’ont pas manqué de dénoncer à cette époque les ingérences de l’armée dans la vie civile. Et si le général Lahoud décidait d’écarter la Grande Muette de la politique, pourra-t-il imposer le règne de la loi? Les milieux parlementaires, qui appuient la candidature du commandant en chef de l’armée à la présidence de la République, justifient leur attitude en insistant sur la forte personnalité, sur la réputation de transparence et d’intégrité dont celui-ci jouit. Selon ces mêmes milieux, ce sont ces qualités qui permettraient d’espérer une meilleure application des lois et de la Constitution.
La possibilité d’amender l’article 49 de la Constitution en vue de permettre l’élection du général Émile Lahoud à la présidence de la République est tellement évoquée que l’on en vient à se demander si la classe politique du pays a perdu toute crédibilité. N’y a-t-il donc pas un seul civil qui puisse remplir la fonction de chef d’État? Il ne s’agit pas de...