Greenpeace réaffirme que les déchets déplacés par Solidere sur le littoral sont pollués

Le bureau de Greenpeace Méditerranée a réaffirmé hier que, «selon des analyses d’échantillons prélevés par nous près du dépotoir du Normandy, les détritus transportés par Solidere de cette région vers la partie du littoral qui s’étend du Saint-Georges au Riviera sont pollués». Greenpeace fait référence à une opération menée par Solidere qui consiste à creuser un canyon pour la construction d’un brise-lames, face à l’ancien dépotoir du Normandy, et à jeter les produits dragués de cette zone sous-marine dans un autre endroit à proximité. Mardi, Solidere avait publié un communiqué déclarant qu’elle ne faisait que déplacer du sable propre d’un endroit à un autre, à la demande du ministère des Transports. Dans son communiqué, Greenpeace précise que, «selon les résultats des analyses des échantillons prélevés par nous à dix mètres du dépotoir en octobre dernier, cette région se caractérise par un taux très élevé de pollution par des métaux lourds comme le vanadium, le chrome, le mercure et le plomb». Greenpeace avait, en octobre dernier, prélevé des échantillons à tous les niveaux de la côte libanaise. Ils ont été analysés dans un laboratoire en Angleterre. Et de poursuivre: «Consommer des poissons contaminés par le vanadium peut provoquer des lésions aux reins et des malformations de naissance. Le plomb est nuisible au système nerveux et au cerveau, notamment chez les enfants. Quant au chrome, il peut causer le cancer des poumons s’il est inhalé. Le mercure est très toxique et peut nuire aux reins, au foie et au système nerveux». Le communiqué a révélé les faits suivants: «Depuis quelques mois, un canyon est creusé parallèlement au dépotoir pour y bâtir un brise-lames destiné à la protection de la côte. C’est le bateau Phoenix 1000, immatriculé au Panama, qui verse des sables contenant des matières toxiques au nord de l’Université américaine. Ces matières ont un effet dévastateur sur la vie marine dans la région». Démenti de Meskaoui M. Fouad Hamdane, directeur du bureau de Greenpeace au Liban, a précisé que «nous nous sommes réunis à deux reprises avec les responsables de Solidere pour mettre un terme à ces travaux, et ils nous avaient à chaque fois répondu qu’ils allaient le faire». «Mais nous avons été surpris de les voir rejeter le blâme sur le ministère des Transports qui leur a accordé la licence, alors que les travaux se poursuivent», a-t-il ajouté. Interrogé sur la question, le ministre des Transports, M. Omar Meskaoui, a nié que «les sables transportés par Solidere soient pollués, sinon nous n’aurons pas permis à l’opération de démarrer». «D’ailleurs, ces matières sont prélevées du fond de la mer, et non du dépotoir lui-même», a-t-il ajouté. A la question de savoir si le ministère effectue un contrôle quelconque sur les sables transportés, il a répondu: «Non, nous ne contrôlons pas l’opération, mais Solidere nous a assuré que ces matières ne sont pas dangereuses. Cependant, si les organisations écologiques qui se plaignent ont des preuves, elles peuvent nous les montrer, et nous les prendrons en considération». Par ailleurs, sur le rôle du ministère dans toute l’affaire, M. Meskaoui précise: «Nous n’avons pas commandé ces travaux, mais nous avons juste donné notre approbation et imposé que les sables soient rejetés dans la mer». Pour sa part, M. Hamdane a rappelé que «Solidere n’a pas créé le problème du dépotoir du Normandy, elle l’a hérité». «La société, après plusieurs réunions avec Greenpeace en 1994, a décidé de réhabiliter le site à l’endroit du dépotoir. Il est regrettable, cependant, que Solidere n’adopte pas les mêmes critères écologiques pour toutes ses opérations», a-t-il conclu.