Kosovo : mise en garde musclée de Moscou à l'Otan

Le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a mis en garde hier l’OTAN contre une action militaire au Kosovo en affirmant que cela pourrait provoquer un «grave conflit» en Europe. «Le recours à la force pour résoudre le conflit du Kosovo pourrait conduire à un grave conflit aux conséquences imprévisibles dans la région des Balkans et plus largement en Europe», a dit M. Ivanov à la tribune des Nations Unies. L’OTAN a préparé des plans d’intervention militaire pour faire pression sur le président yougoslave Slobodan Milosevic pour qu’il mette fin à la répression contre les Kosovars qui luttent pour l’indépendance de cette province du sud de la Serbie. (VOIR AUSSI PAGE 8) M. Ivanov a ajouté que «la logique politique devait prévaloir sur la logique de la force pour trouver les moyens de régler le conflit explosif du Kosovo». Il a rappelé que, pour la Russie, «une solution politique est le seul moyen de résoudre le problème du Kosovo». Des discussions sont en cours aux Nations Unies sur un projet de résolution, présenté par la France et la Grande-Bretagne, sous le chapitre VII de la Charte qui autorise l’usage de la force. Des pourparlers sont également en cours pour organiser une réunion des ministres des Affaires étrangères du Groupe de contact (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie). Le premier ministre britannique, Tony Blair, avait plaidé lundi à l’ONU pour l’adoption «cette semaine» d’une résolution contraignante afin d’imposer un cessez-le-feu au Kosovo. «Nous proposons au Conseil de Sécurité d’adopter une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat et à la fin des violations des droits des habitants du Kosovo», avait-il dit. «Si le président yougoslave Slobodan Milosevic l’ignore, il le fera à ses risques et périls», avait-il affirmé. Le nouveau chef de la diplomatie russe s’est aussi fortement opposé à ce que l’OTAN puisse intervenir contre la Yougoslavie sans avoir au préalable reçu une autorisation du Conseil de Sécurité de l’ONU. Washington estime ne pas avoir besoin du feu vert de l’ONU pour décider d’actions militaires. M. Ivanov a dénoncé les «tentatives d’affaiblir les pouvoirs accordés par la Charte au Conseil de Sécurité pour user de mesures coercitives». «Nous ne devons pas permettre la création d’un précédent sur le recours à la force militaire dans une situation de crise sans le consentement du Conseil de Sécurité», a-t-il dit. «Il est évident que cela pourrait conduire à une grave érosion de l’actuel système de relations internationales dont l’élément central est cmonstitué par les Nations Unies», a ajouté M. Ivanov. (AFP, Reuters)