Khatami suggère que les sanctions économiques soient levées L'Iran réclame des gestes concrets avant tout dialogue avec les USA

Le président iranien Mohammad Khatami a demandé hier aux Etats-Unis de donner des preuves tangibles de leur volonté de dialogue avec l’Iran. Au cours d’une conférence de presse en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, M. Khatami a suggéré comme premier pas que les Etats-Unis lèvent les sanctions économiques qu’ils imposent à l’Iran depuis près de vingt ans. Les deux pays n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 mais ont amorcé un lent rapprochement depuis l’élection en mai 1997 de M. Khatami, considéré comme un modéré. Le président iranien a salué le ton plutôt conciliant adopté par le président Bill Clinton envers son pays et l’islam dans son discours devant l’Assemblée générale lundi. «En même temps, a relevé M. Khatami, nous constatons des actions différentes, dont une initiative qui autorise le gouvernement américain à allouer des fonds pour nuire au gouvernement iranien». «Il y a encore des sanctions à notre encontre et l’utilisation de certaines lois contre notre pays. Les avoirs du peuple iranien qui en a besoin, sont toujours gelés» aux Etats-Unis, a-t-il ajouté en référence à une décision qui avait suivi la prise d’otages à l’ambassade américaine à Téhéran en 1979. «En ce qui concerne l’attitude et la politique (des Etats-Unis), il n’y a pas eu de vrai changement», a-t-il déploré. Les Etats-Unis maintiennent un embargo économique contre l’Iran, notamment dans le domaine énergétique. Une loi américaine prévoit même des sanctions contre les entreprises étrangères qui investissent dans le pétrole et le gaz en Iran. A la question de savoir si la levée de ces sanctions était une condition sine qua non d’un dialogue avec Washington, M. Khatami a souligné que «la condition préalable à toute forme de relations de notre part est de s’assurer que les relations futures ne seront pas fondées sur une quelconque hostilité ou animosité». «A cet égard, a-t-il ajouté, toute initiative pour apaiser l’hostilité du passé peut être utile». M. Khatami a aussi déploré l’opposition de Washington à un projet d’oléoduc qui irait de l’Asie centrale à l’Europe en passant par l’Iran. «Malheureusement, jusqu’à maintenant les Etats-Unis s’obstinent dans leur mauvaise décision», a-t-il déclaré. Washington soutient un projet rival d’oléoduc transitant par la Turquie, un de ses proches alliés. Les Etats-Unis ont proposé un dialogue à l’Iran mais insistent pour qu’il soit officiel et permette d’aborder leurs trois principaux griefs envers Téhéran: son soutien au terrorisme international, son opposition au processus de paix d’Oslo au Proche-Orient et ses efforts pour se doter d’armes nucléaires et de missiles à longue portée. M. Khatami avait prononcé lundi un discours très attendu devant l’Assemblée générale, où il n’avait fait aucune ouverture précise en direction des Etats-Unis. Des responsables du département d’Etat s’attendent cependant à ce que le chef de la diplomatie iranienne Kamal Kharazi profite d’un discours qu’il doit prononcer lundi prochain devant la Asia Society à New York pour répondre plus précisément aux offres de dialogue des Etats-Unis. (AFP, Reuters)