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Actualités - ANALYSE

Baabda : un nouveau bail ne déplairait pas au locataire ...

«I wanna go home» glapissait en 67, par la voix de Bob Dylan, le GI de base coincé au Vietnam… C’est presque le même cri du cœur qu’on entend ces jours-ci du côté des hraouistes, lassés, usés, par neuf ans de simili pouvoir. Devant les visiteurs ordinaires, leur chef répète qu’il aspire au repos, qu’il attend impatiemment le jour de la quille pour regagner ses pénates. Mais, à ses intimes, il ne cache pas qu’il aimerait bien avoir encore une fois l’occasion de se faire douce violence. Et d’accepter de se dévouer, à condition qu’on améliore un peu le menu… M. Elias Hraoui, qui n’est pas né de la dernière pluie et qui n’est pas un doux rêveur, ne se fait pas trop d’illusions et ne parle pas en l’air. À ses proches, il précise avec insistance qu’il faut tout d’abord qu’un faisceau de circonstances rende la prorogation nécessaire, ce qui ne lui semble pas acquis. Mais il ajoute qu’au cas où l’on ferait appel à lui – plus précisément, si le président Hafez el-Assad devait l’en prier –, il poserait des conditions bien déterminées. Se rapportant essentiellement à ces prérogatives de la présidence trop étriquées pour lui permettre de se mouvoir librement, d’enclencher un véritable changement et d’assumer une vraie responsabilité de commandant de navire, maître à bord après Dieu. M. Hraoui insiste: pas question de rester en gardant les mêmes non-pouvoirs et il faudra impérativement modifier les textes constitutionnels, pour mettre la présidence de la République au moins à pied d’égalité avec le président du Conseil et le gouvernement, au sein de l’Exécutif. Il revient sur le fameux exemple des délais: alors que lui-même est tenu de signer les décrets au bout d’un nombre déterminé de jours, les ministres n’y sont pas astreints. Il note également que les projets dits urgents transmis à la Chambre pour être étudiés en quarante jours, finissent très souvent aux oubliettes, à cause du flou des textes concernant le moment où le délai d’examen commence. En effet, l’article 58C (Constitution) évoque simplement l’inscription du «projet urgent» à l’ordre du jour d’une séance de l’Assemblée, non la réception par les commissions parlementaires ou, en aval, par le Bureau de la Chambre, qui peuvent dès lors faire traîner les choses tant et plus. Un sens de l’«urgence» plutôt dilué, qui permet à la Chambre de court-circuiter à plaisir le travail de l’Exécutif. Donc, sur ce plan précis, MM. Hraoui et Hariri sont engagés dans un même combat. Le chef de l’Etat va cependant plus loin dans la défense de l’intérêt commun. Il s’insurge en effet contre l’immunité que la Constitution confère à une Chambre que l’Exécutif ne peut pratiquement pas dissoudre. Pour M. Hraoui, le Législatif est ainsi rendu plus fort que l’Exécutif, ce qui enfreint la règle démocratique de l’équilibre entre les pouvoirs. Une autre faille, dont on a pu mesurer la gravité en pratique lors de la formation du dernier Cabinet: si le chef de l’Etat et le président du Conseil désigné n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la composition du gouvernement, l’article constitutionnel ad hoc, le 64C, ne dit pas ce qu’il faut faire, comment arbitrer le conflit, qui doit plier. Et c’est l’impasse, la crise de pouvoir. Pour peu qu’elle dure un mois ou deux, le pays se retrouverait par terre. De l’avis des hraouistes, il faut poser des délais précis au bout desquels si les décrets installant le nouveau gouvernement n’ont pu paraître, le président du Conseil devrait se récuser pour laisser place à un autre. Cette question avait été débattue à Taëf, mais, à cause de considérations politico-confessionnelles, on n’était parvenu à aucun règlement satisfaisant… Pour en revenir à la prorogation, les proches de M. Hraoui soulignent qu’à son avis on ne saurait la faire accepter sur le plan populaire qu’en l’assortissant de garanties sur les retouches constitutionnelles réclamées. Autrement dit, ces loyalistes estiment que l’opinion se tient aux côtés de leur chef… Quant à la révision de l’article 49C pour permettre l’élection d’un haut fonctionnaire en exercice, le chef de l’Etat renvoie la balle dans le camp du Parlement en affirmant que, pour sa part, il ne la demandera pas. On s’en serait douté…
«I wanna go home» glapissait en 67, par la voix de Bob Dylan, le GI de base coincé au Vietnam… C’est presque le même cri du cœur qu’on entend ces jours-ci du côté des hraouistes, lassés, usés, par neuf ans de simili pouvoir. Devant les visiteurs ordinaires, leur chef répète qu’il aspire au repos, qu’il attend impatiemment le jour de la quille pour regagner ses...