Téhéran s'engage à venger l'assassinat par les taliban de ses diplomates

L’Iran s’est engagé vendredi à venger la mort de ses diplomates tués par les taliban en Afghanistan et les Gardiens de la Révolution, qui ont massé des troupes à la frontière afghane, ont menacé de recourir à la force contre la milice fondamentaliste sunnite. Les taliban ont annoncé jeudi avoir retrouvé les corps de neuf diplomates iraniens portés disparus après la prise de la ville de Mazar-i-Sharif, dans le nord de l’Afghanistan. Un responsable des taliban a affirmé que des miliciens taliban avaient tué les diplomates sans en avoir reçu l’ordre. «Nous ne pouvons pas laisser passer cela», a déclaré M. Ali Akbar Hachémi-Rafsandjani, le président du Conseil de discernement, la plus haute instance d’arbitrage politique du régime, et ancien chef de l’Etat iranien. «Je promets que nous nous vengerons pour le martyre de nos enfants. Vous verrez, nous agirons le moment venu», a-t-il dit devant la foule rassemblée pour la grande prière hebdomadaire à l’université de Téhéran. Des avions militaires iraniens ont atterri jeudi et vendredi à l’aéroport de la ville de Bamiyan (nord de l’Afghanistan), à portée d’artillerie des forces des taliban qui progressent, selon des sources indépendantes. Ces sources n’ont pas précisé, toutefois, le nombre, le type des appareils et l’objectif de leur mission sur le sol afghan. M. Rafsandjani a accusé les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux de vouloir «nous occuper par une crise à nos frontières orientales afin de poursuivre leurs visées (...) et créer un foyer de tension et un bastion du terrorisme, de la drogue et du banditisme». «Ils l’ont déjà fait en nous enlisant dans une guerre de huit ans (1980-1988) avec notre autre voisin, l’Irak, afin de pouvoir vendre des armes dans la région et manipuler les prix du pétrole», a-t-il dit. Aujourd’hui, «il s’agit d’un nouveau plan. Ils ont cru que nous allions agir de manière intempestive sous l’effet de la colère. Mais ils se trompent complètement (...) Nous agirons suivant des plans et avec des objectifs précis», a affirmé M. Rafsandjani. De leur côté, les Gardiens de la Révolution (Pasdaran), qui ont massé au moins 70.000 hommes près de la frontière avec l’Afghanistan depuis le début de la semaine dernière, ont menacé de recourir à la force contre les taliban. «Les mercenaires taliban et l’armée pakistanaise qui les soutient sont responsables de ce crime odieux et doivent immédiatement répondre aux demandes de notre gouvernement», affirment les Pasdaran, le corps d’élite des forces iraniennes, dans un communiqué publié par IRNA. «Autrement, poursuit le texte, les enfants de la révolution iranienne sacrifieront leurs vies et les puniront par la force révolutionnaire». Téhéran demande l’arrestation des coupables taliban, qu’ils soient punis, et la libération des autres détenus iraniens en Afghanistan. A Islamabad, le gouvernement pakistanais a condamné fermement vendredi le meurtre des diplomates et démenti l’accusation de Téhéran selon laquelle il en était responsable, selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, qui a demandé l’arrestation et la punition des responsables.