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Actualités - CHRONOLOGIE

Du parjure à l'abus de pouvoir , en passant par l'obstruction à la justice Onze motifs de destitution pour Clinton (photo)

Onze motifs d’une rare précision et aussi accablants les uns que les autres, onze points qui, à la vitesse de l’éclair, ont fait le tour du monde médiatique au moyen d’un véritable « lynchage électronique » sur le réseau Internet... le Congrès américain a rendu public hier soir un rapport explosif du procureur indépendant Kenneth Starr qui conclut que le président Bill Clinton a commis, dans le cadre de sa relation avec Monica Lewinsky, une série de délits «pouvant justifier sa destitution» Le rapport accuse notamment le président de parjure, d’entrave au fonctionnement de la justice, de subornation de témoins et d’abus de pouvoir. Il fournit des détails très intimes de sa relation avec l’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche. En 1974, à la suite du scandale du Watergate, trois «délits» avaient été retenus contre Richard Nixon, entraînant sa démission. Après huit mois d’enquête, M. Starr a conclu que le 42e président des Etats-Unis avait «menti sous serment» à propos de sa relation avec Monica Lewinsky le 17 janvier lorsqu’il avait été interrogé dans le cadre de poursuites pour harcèlement sexuel engagées par Paula Jones. Il a «menti sous serment» une nouvelle fois le 17 août, devant le grand jury (chambre de mise en accusation) enquêtant sur l’affaire Lewinsky. Selon ce rapport de 445 pages, Bill Clinton a menti sciemment à ses proches, «sachant qu’ils répéteraient ces mensonges devant le grand jury». M. Clinton, poursuit le rapport, a «tenté de faire entrave à la justice» en demandant à Monica Lewinsky de rendre les cadeaux qu’il lui avait faits, et que le procureur avait demandé à Mlle Lewinsky de produire comme pièces à conviction. Pour prouver que M. Clinton a bien eu «dix rencontres sexuelles» avec la jeune Californienne comme elle l’affirme, M. Starr n’hésite pas à donner des détails qui vont du salace au sordide. Il évoque notamment des jeux sexuels avec un cigare et précise que ces ébats se déroulaient à proximité du bureau ovale, le centre du pouvoir à la Maison-Blanche. L’avocat de Clinton contre-attaque Le principal avocat du président Clinton, David Kendall, a aussitôt rejeté les conclusions du rapport et accusé ce dernier d’avoir, par «des allégations salaces», cherché «à embarrasser et endommager politiquement le président». M. Kendall, qui donnait une conférence de presse en compagnie du conseiller juridique de la Maison-Blanche, Charles Ruff, a affirmé que le rapport Starr ne représentait «qu’une version» de toute cette «affaire», et qu’il ne contenait pas «de preuves crédibles justifiant l’ouverture d’une procédure de destitution». Il a déclaré à la presse qu’il allait présenter «l’autre version» de l’affaire. «Elle n’est pas nouvelle, a-t-il dit. Un homme a cherché à garder privée une liaison déplacée». «Compte tenu de ces aveux, les allégations salaces contenues dans le rapport sont simplement destinées à humilier et à endommager politiquement le président. Pour me résumer, ceci relève du privé et ne constitue pas des accusations justifiant une procédure de destitution». Malgré les questions des journalistes, MM. Kendall et Ruff ont refusé de se laisser entraîner dans des commentaires sur les détails sexuels les plus croustillants du rapport, en affirmant qu’ils n’avaient «pas encore eu le temps de tout lire». Ils ont souligné que M. Clinton avait «avoué ses fautes» et gardé tout au long de ses auditions devant le procureur indépendant une définition étroite de ce que constituent des relations sexuelles. A un journaliste qui insistait: «Mais a-t-il excité Mlle Lewinsky?», M. Kendall a rétorqué: «Je ne répondrai pas à cette question». «Pardon Monica» Le Congrès, dominé par les adversaires républicains de Bill Clinton, avait refusé de communiquer à l’avance à l’Exécutif une copie du rapport Starr. Quelques heures auparavant, Bill Clinton avait profité d’une intervention devant quelque 125 leaders religieux du pays, télévisée en direct, pour tenter de limiter les dégâts. Pour la première fois, il avait demandé pardon à Monica Lewinsky et sa famille. Les larmes aux yeux, M. Clinton a admis qu’il avait «commis un péché» et qu’il n’avait pas fait preuve «d’assez de repentir» après avoir admis sa liaison avec Monica Lewinsky le 17 août dernier. Mais il a aussi affirmé qu’il avait donné instruction à ses avocats d’organiser une «vigoureuse défense», fondée sur la contrition et la contre-attaque, pour tenter de sauver sa présidence. Le Congrès américain avait voté vendredi matin à une large majorité en faveur de la publication immédiate du rapport. Tous les membres de la majorité républicaine ont voté pour ainsi que 138 membres du Parti démocrate de Bill Clinton. Le rapport fait partie d’un dossier présenté mercredi à la Chambre des représentants par Kenneth Starr. D’autres éléments du dossier, contenus dans 36 boîtes (18 boîtes pour le rapport, plus une copie) maintenues sous clé depuis mercredi, seront publiés le 28 septembre. Jeudi soir M. Clinton avait réuni les membres de son Cabinet pour procéder à une autre séance d’explication et de contrition, dans une atmosphère très émotionnelle, selon les participants. Selon la presse américaine, le secrétaire à la Santé Donna Shalala et le secrétaire d’Etat Madeleine Albright ont reproché son attitude à M. Clinton, qu’elles avaient toutes deux publiquement soutenu en janvier.
Onze motifs d’une rare précision et aussi accablants les uns que les autres, onze points qui, à la vitesse de l’éclair, ont fait le tour du monde médiatique au moyen d’un véritable « lynchage électronique » sur le réseau Internet... le Congrès américain a rendu public hier soir un rapport explosif du procureur indépendant Kenneth Starr qui conclut que le président...