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Actualités - ANALYSE

Jezzine Un problème d'entente nationale ?

On s’imagine des fois qu’en se plaignant du manque d’entente nationale, l’Est politique proteste contre son éviction des instances dirigeantes du pays, contre sa mise à l’écart du gouvernement ou du Parlement… En réalité il s’agit d’un problème de fond bien plus grave, qui dépasse de loin les frustrations de quelques ministrables ou députables. La preuve en est apportée par le drame de Jezzine qui, au lieu de faire l’unanimité, comme la cause de la résistance sudiste y réussit, provoque d’incroyables divisions. Parce que des parties locales ne semblent pas admettre que cette région est bien libanaise et que ses habitants ne sont pas des marsupiaux mais des êtres humains que tout le monde ou presque laisse souffrir. Il y a donc, à cause de cette cécité d’une partie du pays politique, aggravée par l’étrange «neutralité» dans laquelle se cantonne le pouvoir, un conflit sérieux entre Libanais, entre les habitants de Jezzine et des fractions de l’intérieur. Et à l’évidence cela fait surtout l’affaire de l’occupant sioniste, d’autant que, dans cette zone, ils laissent Lahd, qui n’est pas à proprement parler un Israélien, se dépatouiller avec le Hezbollah et autres éléments actifs venus d’autres régions. Partant de ces malencontreuses données, une personnalité modérée estime qu’il est grand temps «d’agir pour unifier les positions. On pourrait par exemple donner le la en réunissant un sommet des chefs spirituels du pays qui publieraient un manifeste commun. Il y aurait simultanément une proclamation on ne peut plus officielle du Conseil des ministres comme de l’Assemblée nationale pour souligner que le Liban n’a qu’une seule et même position en ce qui concerne Jezzine. Il faut en tout cas faire vite car la situation est en train de devenir de plus en plus alarmante, dans la mesure où Israël veut intensifier ses pressions pour imposer ses conditions concernant son retrait. L’occupant cherche manifestement à dresser au maximum les Libanais les uns contre les autres, en poussant les habitants de Jezzine à s’opposer à la résistance et à s’insurger contre l’Etat libanais». Une précision à propos de ce point de vue: la résistance et le pouvoir ne semblent rien faire de leur côté pour contrer de telles visées israéliennes et de gagner la sympathie de Jezziniotes pourtant attachés plus que tout à leur libanité… Bras croisés La source citée déplore ensuite «l’ahurissante passivité des autorités locales qui affirment s’en remettre aux «efforts diplomatiques» des Occidentaux et de l’ONU dans la région de Jezzine... Le dernier Conseil des ministres s’est contenté de prendre acte d’un exposé «sentimental» de M. Hariri sur la question, alors qu’il aurait dû prendre des mesures concrètes, pavant la voie à un déploiement de l’armée dans la région de Jezzine. Le ministre Nadim Salem qui avait commencé par soulever la question a dû passer la parole au chef du gouvernement et ne l’a plus retrouvée sur ce sujet. Il avait pourtant des propositions bien déterminées à faire…». On peut citer parmi ces mesures: une amnistie pour les miliciens déserteurs de Lahd. Une suggestion déjà présentée par le bloc hezbollahi et qui vise tout simplement à provoquer le démantèlement de la milice à la solde de l’occupant, par effritement de ses effectifs. Jusque-là ces derniers avaient autant de peur de faire défection que de rester, car en fuyant le Sud pour l’intérieur, ils s’y faisaient arrêter pour intelligence avec l’ennemi. Une autre mesure nécessaire est d’aider activement les Jezziniotes, sur tous les plans, notamment par l’activation des services publics, pour qu’ils puissent s’accrocher à leur sol. «Or, reprend la même personnalité, nos dirigeants croient plus malin de s’en remettre aux Américains, aux Français et au Vatican pour calmer un peu les Israéliens, en oubliant que les Occidentaux, même s’ils ne l’avouent pas trop ouvertement, soutiennent l’idée que l’occupant a raison de vouloir poser des conditions pour son retrait… Il est de même dangereux que l’aide occidentale consiste à faire proclamer la neutralité de Jezzine ou son internationalisation, car cela signifierait une consécration de son statut de zone occupée. Les Occidentaux ne peuvent nous aider vraiment qu’en faisant sérieusement pression sur Israël pour qu’il retire Lahd de Jezzine d’une manière bien programmée, afin que l’armée libanaise puisse assumer la relève sans temps mort». Il faut cependant croire que cette solution de bon sens ne sourit pas à tout le monde, même au sein de l’appareil étatique qui jusqu’à présent n’a fait preuve d’aucun zèle pour qu’elle se réalise…
On s’imagine des fois qu’en se plaignant du manque d’entente nationale, l’Est politique proteste contre son éviction des instances dirigeantes du pays, contre sa mise à l’écart du gouvernement ou du Parlement… En réalité il s’agit d’un problème de fond bien plus grave, qui dépasse de loin les frustrations de quelques ministrables ou députables. La preuve en...