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Actualités - CHRONOLOGIE

Nabih Berry ouvrira ce matin les travaux du neuvième congrès du mouvement Amal à la recherche d'un nouveau souffle

Il est bien loin le temps où le mouvement Amal symbolisait la lutte des déshérités. Parfaitement intégré à la vie politique, il apparaît désormais comme un groupe de notables assumant des fonctions officielles. Pourtant, en dépit de l’immense réussite de son chef, Nabih Berry, qui a déteint, à un moment donné, sur l’ensemble du mouvement, celui-ci connaît aujourd’hui une crise existentielle qui marquera les travaux de son neuvième congrès général qui s’ouvre ce matin. Un peu comme le parti Kataëb qui a commencé à s’essoufler avec l’arrivée au pouvoir de cheikh Amine Gemayel, le mouvement Amal a perdu, de l’avis de plusieurs de ses cadres, une grande partie de son esprit militantiste avec l’élection de son chef à la présidence de la Chambre. Pourtant, lors de cette élection, en 1992, les membres du mouvement Amal avaient cru que l’heure de la victoire avait sonné pour eux et que c’est tous ensemble qu’ils allaient profiter de l’influence grandissante de leur chef, devenu pratiquement président inamovible de la Chambre. Malheureusement, ils ont bien vite déchanté et selon l’un d’eux, ce sont des individus qui sont arrivés au pouvoir, non l’ensemble du mouvement. Alors que la plupart des hauts responsables d’Amal assumaient des fonctions officielles au sein de l’Etat, la grande majorité des militants se sentait exclue. Et pris par ses fonctions officielles, le président de la Chambre a un peu négligé ce qui se passait au sein de son mouvement. Selon certains «amaliens» déçus, M. Berry a laissé ainsi se former une série d’institutions parallèles, qui marginalisent le mouvement. Désormais, les associations présidées par son épouse Randa ou les activités de son fils Abdallah sont plus importantes que ce dernier. Et comme plus personne ne s’occupait de lui, le mouvement a commencé à souffrir d’une grave crise de structures. La première alerte est survenue lors des élections législatives de 1996, lorsque le mouvement a mobilisé tous ses alliés pour obtenir la formation d’une liste unique de coalition au Sud et dans la Békaa. Il espérait que la même méthode serait suivie pour les élections municipales de 1998. Mais le Hezbollah a catégoriquement refusé cette formule, préférant une véritable bataille, au cours de laquelle chaque formation pourrait mesurer son poids véritable. Effectivement, à la faveur de ces élections, Amal a pu prendre conscience de l’étendue de sa perte sur le plan populaire. Il a ainsi dû s’allier avec toutes les composantes politiques, partis de gauche, familles et autres, afin de pouvoir affronter le Hezbollah. Et s’il a remporté des victoires au Sud et à Baalbeck avec l’aide de ses alliés, il a essuyé de cuisantes défaites dans l’ensemble de la Békaa et dans la banlieue sud de Bey-routh. Toutes ces données, ainsi que les rumeurs grandissantes sur une éventuelle participation du Hezbollah au prochain gouvernement, grignotant la part d’Amal, ont poussé Nabih Berry à organiser dans les plus brefs délais, un congrès général du mouvement. Objectif: procéder à une restructuration. Celle-ci est devenue d’autant plus urgente qu’en raison du laisser-aller, le mouvement est devenu une proie idéale pour toutes les infiltrations. M. Berry a d’abord songé à récupérer les anciens du mouvement qui avaient fait dissidence pour diverses raisons, dans la Békaa notamment. Il s’agit par exemple de Hussein Moussaoui qui a fondé «Amal-islamique» et de Moustapha Dirani (actuellement détenu en Israël) qui a fondé «Amal-croyante» et même, de l’ancien vice-président, Akef Haïdar. Il a été aussi question de ramener dans le giron du mouvement, l’ancien secrétaire général Hassan Hachem qui a créé sa propre formation, le Parti du congrès. Mais pour diverses raisons, parfois internes à Amal, (dans certaines régions par exemple, les responsables locaux ont refusé tout changement), il n’a pas été vraiment possible de faire appel à ces figures. M. Berry a alors songé à une nouvelle formule, basée sur la création d’un conseil de commandement formé de 40 personnes. Le président de la Chambre souhaiterait pouvoir en nommer le tiers, mais il propose, en contrepartie, que les membres du mouvement ayant des postes officiels au sein de l’Etat (les ministres, les députés, les directeurs généraux) ne fassent pas partie de ce conseil. De la sorte, il espère aboutir à une meilleure répartition des responsabilités perçues comme des privilèges. Le principal souci de M. Berry est donc aujourd’hui de récupérer la base du mouvement et d’en resserrer les rangs, en prévision du repositionnement politique en perspective et surtout des élections législatives de l’an 2000. Selon ses proches, il ne croit pas beaucoup à une réduction de son rôle, estimant que ce sont là des rumeurs répandues par des parties locales, mais il est conscient du fait que son mouvement a perdu l’élan de ses débuts. La recrudescence des opérations anti-israéliennes menées par des cellules du mouvement illustre sa nouvelle stratégie. Non seulement, la résistance redonne de la crédibilité au mouvement, mais de plus c’est un thème qui mobilise.
Il est bien loin le temps où le mouvement Amal symbolisait la lutte des déshérités. Parfaitement intégré à la vie politique, il apparaît désormais comme un groupe de notables assumant des fonctions officielles. Pourtant, en dépit de l’immense réussite de son chef, Nabih Berry, qui a déteint, à un moment donné, sur l’ensemble du mouvement, celui-ci connaît...