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Actualités - CHRONOLOGIE

Le choix d'un ministre des finances pose un problème Eltsine se donne une semaine pour compléter l'équipe Primakov

Evgueni Primakov s’était donné jusqu’à ce week-end pour compléter son gouvernement. Boris Eltsine a estimé jeudi qu’il faudrait pour cela une semaine. Entre-temps, espère-t-on de part et d’autre, un problème majeur aura été réglé: celui que pose le choix d’un ministre des Finances. Mais d’ores et déjà l’on prévoit que la nouvelle équipe entamera sa tâche avec de nombreux handicaps et un profil politique si peu clair que les «Izvestia» s’interrogeaient hier sur sa couleur: «rouge, rose ou blanc?». Le choix d’un ministre des Finances signifie aussi celui de la politique monétaire et économique à suivre dans un pays plongé depuis des mois dans la crise. Le premier ministre désigné a déjà affiché ses intentions: il veut contrebalancer les réformes de marché par un coup de pouce de l’Etat aux industries et à la protection sociale. Jusqu’à présent, les choix opérés par le successeur de Kirienko n’ont pas contribué à rassurer les pays occidentaux, principaux créditeurs de la Russie. C’est, en effet, un communiste — certes «modéré» —, Iouri Maslioukov qui a été nommé premier vice-premier ministre chargé des Affaires économiques. Par ailleurs, la continuité est assurée avec le maintien en place d’Igor Sergueiv (Défense), Serguei Stépachine (Intérieur), de même que celle de la Politique étrangère avec la désignation d’Igor Ivanov. Au total, le nouveau premier ministre, qui promettait hier encore à la Russie «une autre politique», a déjà engagé dans son gouvernement des hommes qui ont occupé des postes-clés depuis la chute de l’URSS et même avant, avec un bilan peu glorieux. M. Primakov n’avait guère le choix: l’opposition de gauche et réformatrice a refusé d’entrer dans la nouvelle équipe. Les «jeunes réformateurs» choisis par Boris Eltsine, comme l’ex-premier ministre, Sergueï Kirienko, ou comme Anatoli Tchoubaïs ou Boris Nemtsov, ont été évincés à la mi-août. La caste au pouvoir ces dernières années — notamment pendant les cinq ans où Viktor Tchernomyrdine a dirigé le gouvernement, de fin 1992 à début 1998 — est prise dans un jeu d’alliances et de dépendances qui ramène constamment les mêmes hommes aux mêmes postes, estiment les analystes. Ceux que la presse russe nomment «l’oligarchie», une poignée de puissants financiers qui tirent les ficelles du pouvoir, s’efforcent par ailleurs de maintenir aux postes importants les hommes politiques en qui ils ont confiance, pour défendre leurs intérêts. «Les oligarques ont passé des années à bâtir un système stable où l’argent circule à leur convenance», ajoute Sergueï Kolmakov, politologue de l’institut Politika de Moscou, ajoutant: «En période de crise, ces gens pensent à survivre; il ne peut pas y avoir de changement sérieux de politique». Malgré les échecs économiques répétés de ces dernières années, et la crise financière qui vient d’ébranler la Russie, le personnel politique ne s’est donc jamais réellement renouvelé. Tout au plus note-t-on que les différents «clans» ont connu, tour à tour, leurs périodes de grâce. Actuellement, M. Primakov semble vouloir faire cohabiter les centristes, qui ont dirigé le pays cinq ans durant et la «gauche», représentée par les anciens dignitaires soviétiques. «Primakov forme-t-il le gouvernement de Tchernomyrdine?» s’interrogeait jeudi le quotidien «Nezavissimaïa Gazeta», notant que trois dignitaires du parti centriste de l’ancien premier ministre, Vladimir Ryjkov, Alexandre Chokhine et Vladimir Bougak, avaient été promus au rang de vice-premiers ministres du nouveau Cabinet. Tous les trois ont déjà occupé des fonctions gouvernementales. M. Chokhine, présent dans tous les gouvernements entre 1991 et 1994, avait auparavant travaillé pour le ministère soviétique de la Planification. «L’absence de Tchernomyrdine à la Maison-Blanche (siège du gouvernement) est compensée par l’entrée au gouvernement de gens de son proche entourage», commente le quotidien.
Evgueni Primakov s’était donné jusqu’à ce week-end pour compléter son gouvernement. Boris Eltsine a estimé jeudi qu’il faudrait pour cela une semaine. Entre-temps, espère-t-on de part et d’autre, un problème majeur aura été réglé: celui que pose le choix d’un ministre des Finances. Mais d’ores et déjà l’on prévoit que la nouvelle équipe entamera sa tâche...