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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Ankara-Damas : le ton monte "Tous les arabes sont hostiles à l'alliance militaire turco-israélienne" affirme Chareh

La Ligue arabe a opté pour la modération, choisissant de faire parvenir «un message au peuple turc ami» sur la gravité de l’alliance militaire avec Israël. Ankara a répondu vingt-quatre heures plus tard en haussant le ton contre la Syrie, son ministre des Affaires étrangères affirmant que «le manque de confiance actuel» de son pays envers Damas était devenu «chronique». Le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh a indiqué que les pays arabes avaient adressé «un message au peuple turc ami» et pas seulement la Syrie. Selon M. Chareh, qui vient de présider au Caire une réunion de deux jours du Conseil ministériel de la Ligue arabe, «les responsables turcs ont récemment tenté de faire croire que la Syrie était le seul pays arabe opposé à la coopération militaire israélo-turque et à l’alliance entre ces deux pays». Dans un communiqué publié mercredi, le Conseil ministériel avait exprimé sa «profonde inquiétude» face à la coopération militaire israélo-turque, qui «constitue une menace à la sécurité et à la souveraineté des Etats de la région». Le texte a appelé la Turquie à «réexaminer sa position et à ne pas coopérer militairement avec une partie qui occupe Jérusalem». «A travers ce communiqué, nous voulons adresser un message au peuple turc ami pour lui éviter d’être victime des alliances militaires, aux conséquences négatives», a expliqué M. Chareh. C’est un communiqué «équilibré et positif» qui, a-t-il ajouté, exprime «le rejet (arabe) de toute coopération militaire entre un pays musulman» et Israël. En réponse à une question, il a affirmé que le texte était «modéré». La délégation syrienne voulait faire adopter par le Conseil ministériel «une position arabe plus ferme» envers la Turquie, mais a dû faire face à «des réserves» de plusieurs pays, notamment la Jordanie et Oman, selon des participants à la réunion. Dans son communiqué de clôture, le Conseil de la Ligue a critiqué, mais pas condamné, la Turquie pour avoir développé sa coopération militaire avec l’Etat hébreu, exprimant dans le même temps «sa profonde inquiétude devant la menace à la sécurité et à la souveraineté des Etats de la région». Le Conseil a décidé, selon le texte, de «donner la priorité à cette question, étant donné qu’elle constitue une tentative de redessiner la carte politique du Proche-Orient». La coalition militaire israélo-turque «est en totale contradiction avec le passé honorable du peuple turc dans la défense des valeurs islamiques ainsi que des sites islamiques sacrés, notamment à Jérusalem», affirme le Conseil. Ripostant indirectement à la prise de position arabe, la Turquie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, s’en est pris à la Syrie. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision privée d’information en continu NTV, le ministre des Affaires étrangères Ismaïl Cem a déploré le manque de coopération de la part de Damas, notamment dans le domaine de la lutte antiterroriste. «Nous proposons avec insistance à la Syrie de coopérer contre le terrorisme et lui expliquons l’inquiétude créée chez nous par le terrorisme émanant du territoire syrien», a-t-il dit. M. Cem faisait allusion au soutien apporté, selon Ankara, par les autorités syriennes aux séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan, en rébellion armée contre Ankara. La veille, le commandant en chef des forces terrestres de l’armée turque, le général Atilla Ates, avait mis en garde la Syrie contre une aide aux rebelles du PKK. La Syrie, avait déclaré le général Ates, «devrait savoir que notre patience a des limites». «La Syrie a mal interprété notre bonne volonté. Elle abrite le chef de l’organisation terroriste séparatiste (Abdullah Ocalan, du PKK) malgré nos mises en garde répétées, avait-il-dit devant des unités militaires dans la ville de Reyhanli, près de la frontière avec la Syrie. Outre l’appel adressé à la Turquie, les ministres arabes des Affaires étrangères réunis au Caire ont réclamé des sanctions internationales «appropriées» contre Israël et apporté leur soutien total à la proclamation d’un Etat palestinien indépendant en mai 1999. Les sanctions internationales contre Israël devraient, selon le communiqué final de la conférence, être maintenues «jusqu’à ce qu’il (Israël) se plie aux résolutions internationales et applique les accords qu’il a signés» avec les Palestiniens dans le cadre du processus de paix au Proche-Orient. Le Conseil a en outre invité les Etats-Unis à «faire pression sur Israël» et dénoncé «les tergiversations et manœuvres du gouvernement israélien qui entend gagner du temps pour imposer de nouvelles réalités sur le terrain». Dans ce contexte, les ministres arabes ont apporté leur soutien à la proclamation d’un Etat palestinien indépendant, comme le leur avait demandé mercredi le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat. M. Arafat entend proclamer le nouvel Etat en mai prochain, à l’expiration de la période intérimaire de l’autonomie palestinienne. Concernant la Libye, le Conseil ministériel a «accueilli favorablement» la décision de Londres et Washington quant à «la tenue aux Pays-Bas du procès des deux Libyens soupçonnés» d’implication dans l’affaire de Lockerbie. «Les pays arabes s’engagent à suspendre les sanctions (internationales) imposées à la Libye une fois un accord obtenu avec les parties concernées sur les arrangements et les garanties liés au (procès) des deux suspects et (s’engagent) à lever totalement ces sanctions une fois que les deux suspects comparaîtront devant la Cour», a souligné le Conseil dans une résolution. En outre, la Ligue a demandé des clarifications au Vatican sur son accord avec Israël légalisant le statut de l’Eglise catholique romaine en Terre sainte. L’une des résolutions adoptées par les chefs de la diplomatie arabe juge «insuffisantes» les explications sur la question fournies par le chef de la diplomatie du Vatican, Mgr Jean-Louis Tauran. Le Conseil n’en a pas moins décidé de «consolider sa coopération et sa coordination avec le Vatican et toutes les Eglises chrétiennes, dans le but de sauvegarder la ville de Jérusalem», dont le secteur arabe est occupé par Israël depuis 1967. Le Vatican et Israël se sont mutuellement reconnu en 1993, ont noué des relations diplomatiques en 1994 et ont signé en novembre 1997 un accord légalisant pour la première fois le statut de l’Eglise catholique romaine en Terre sainte. Ce dernier accord avait irrité les Palestiniens et les Arabes qui l’avaient perçu comme une reconnaissance de facto de la souveraineté israélienne sur Jérusalem-Est. Les Arabes contestent une clause stipulant que l’accord s’applique «là où la législation israélienne est en vigueur», ce qui, selon l’Etat hébreu, inclut aussi Jérusalem-Est où se trouve le principal lieu saint chrétien, le Saint-Sépulcre. Le Vatican a, depuis, ouvert des négociations préliminaires avec les Palestiniens en vue d’un accord similaire pour officialiser les activités de l’Eglise catholique dans les territoires palestiniens.
La Ligue arabe a opté pour la modération, choisissant de faire parvenir «un message au peuple turc ami» sur la gravité de l’alliance militaire avec Israël. Ankara a répondu vingt-quatre heures plus tard en haussant le ton contre la Syrie, son ministre des Affaires étrangères affirmant que «le manque de confiance actuel» de son pays envers Damas était devenu «chronique»....