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Actualités - ANALYSE

Présidentielle Le système dans le collimateur

Un président de la République fort, propre, entreprenant, un initiateur de changement… Le rêve en somme. Cette configuration dont tout le monde parle — au moins quelque chose sur laquelle on se dit d’accord —, que peut-elle signifier en pratique? Une personnalité religieuse de poids répond que «cela devrait entraîner les conséquences suivantes: — Le règne de la troïka prendrait fin pour céder la place à un Etat des institutions. Il n’y aura plus ce système de partage du gâteau qui bloque toute tentative d’épuration et aggrave, par le clientélisme qu’il sous-tend, la corruption qui mine tous les corps publics, l’administration comme la caste politique. Les fonctionnaires incompétents ou pourris ne seront plus protégés. On pourra les larguer, élaguer l’administration, la soumettre à un contrôle disciplinaire étroit, la réorganiser et la moderniser. On disposera ainsi de l’outil efficace nécessaire au redressement économique du pays et à son développement. Les différents départements ne commettront plus de débordements, chacun se limitera à son créneau technique et tout élément sera récompensé ou sanctionné selon ses mérites. Les recrutements comme les promotions se feront sur l’unique base de la compétence. Et ce sera le Conseil de la Fonction publique qui en décidera pratiquement, non plus les politiciens. — L’éviction de la troïka en tant que système parallèle illégitime voudra dire également qu’il n’y aura plus de disputes entre les présidents et que le pays, la livre aussi, n’aura plus à payer régulièrement le prix des secousses provoquées par les brouilles entre dirigeants. On sait en effet que ces derniers temps, pour empêcher l’effritement de la monnaie nationale attaquée par la crise de confiance que suscitent les empoignades présidentielles, la Banque du Liban a dû à plusieurs reprises débourser des centaines de millions de dollars. Et, une fois, il a fallu même engager près d’un milliard… Réhabilitation — La présence d’un président fort devra par ailleurs signifier une amélioration du dispositif institutionnel, dont tout le monde reconnaît les défaillances. Il faudra rééquilibrer les pouvoirs au profit d’une présidence de la République par trop lésée aux termes du système bancal mis en place après Taëf. Il est nécessaire en effet que le chef de l’Etat puisse assumer un rôle d’arbitre impartial quand il y a litige entre le Législatif et l’Exécutif autour de questions importantes. Plus globalement, il doit également être en mesure de réguler le fonctionnement de l’Etat, la bonne marche des affaires publiques. Il est certes le symbole de la nation, de son unité, mais cela ne veut pas dire qu’il n’est qu’une effigie. On doit comprendre que, dans un système bipolaire comme le nôtre, le chef de l’Etat n’est pas seulement à la tête de l’Exécutif mais bien la tête de tous les pouvoirs, qui se rejoignent et s’harmonisent en lui. En effet, c’est lui qui dirige les Conseils des ministres importants, bien qu’il n’ait pas le droit de vote et c’est lui aussi qui renvoie tout projet à la Chambre pour réexamen. Il a donc un pied dans les deux pouvoirs et il a le droit de refuser toute mesure, tout contrat qui lui semblent suspects, en exigeant des explications du ministre concerné qui peut par la suite faire l’objet d’une motion de défiance à la Chambre. — Il faut comprendre que, sur le plan socio-politique et même national, seul un président fort, fiable et propre peut guérir la déprime inoculée par les gens de Taëf aux chrétiens de ce pays et les ramener dans le giron d’une République réhabilitée. Le nouveau chef de l’Etat devra avoir les moyens de réaliser une véritable entente nationale. Notamment par la mise sur pied d’un Cabinet où la représentation chrétienne sera aussi complète, aussi efficiente, aussi effective que la représentation mahométane, ce qui est loin d’être le cas depuis la marginalisation de l’Est. L’autre volet de la normalisation politique portera sur l’élaboration d’une loi électorale privilégiant la représentation de proximité, c’est-à-dire les petites circonscriptions, au niveau du caza par exemple. — Enfin, et peut-être surtout, un président fort peut œuvrer à la clarification des relations libano-syriennes sur des bases de coordination solide, de confiance mutuelle authentique, sans plus de suivisme». On l’a dit: il n’est pas interdit de rêver…
Un président de la République fort, propre, entreprenant, un initiateur de changement… Le rêve en somme. Cette configuration dont tout le monde parle — au moins quelque chose sur laquelle on se dit d’accord —, que peut-elle signifier en pratique? Une personnalité religieuse de poids répond que «cela devrait entraîner les conséquences suivantes: — Le règne de la...