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Actualités - ANALYSE

Jezzine, entre l'enclume et le marteau

Qui donc est responsable de ce qui se passe à Jezzine? L’Etat? L’Armée du Liban-Sud? La résistance? Israël? Pour plusieurs personnalités politiques de Jezzine, l’Etat est le premier responsable de la dégradation actuelle. Selon ces personnalités, sachant que l’armée israélienne n’est pas physiquement présente dans la région, l’Etat aurait pu décider d’étendre son autorité à Jezzine et d’y déployer l’armée, moyennant une amnistie pour certains éléments de l’Armée du Liban-Sud originaires de la région. Le chef de l’ALS, le général Antoine Lahd, avait déclaré en juillet dernier que sa milice était prête à évacuer ses positions, si l’armée libanaise décide de se déployer à Jezzine, rappellent-ils. L’occasion semblait idéale pour un déploiement de cette armée, d’autant qu’une garnison de la troupe se trouve déjà à Jezzine et que la circulation entre la région et le reste du pays s’effectuait dans des conditions proches de la normale. Ainsi, il s’agirait, encore une fois, d’une de ces occasions manquées qui jalonnent l’histoire du Liban des dernières années. Forte de l’engagement de la Résistance de ne pas pénétrer à Jezzine, l’armée se serait déployée dans la localité sans risque de heurts avec les hommes de Lahd; les attentats à l’explosif se seraient arrêtés et le dossier de la région aurait été clos. Au lieu de quoi, on se retrouve aujourd’hui à la veille de mesures de sécurité renforcées aux passages de Bater et de Kfarfalous, ce qui revient à un élargissement de la «zone de sécurité» conforme aux vœux d’un Ariel Sharon, sans que le Liban ou la communauté internationale ne puissent y faire obstacle. En effet, Israël peut très bien affirmer aujourd’hui avoir tout fait pour l’extension de l’autorité libanaise à la région de Jezzine, dans le but d’y faire cesser les attentats. Pour s’entendre répondre, indirectement, par le gouvernement, qu’il s’agit là d’un «piège» dans lequel le Liban ne tombera pas. Poursuivant ce raisonnement, Israël est également en mesure d’affirmer que le seul moyen dont il dispose pour se défendre et mettre un terme à l’infiltration de la résistance par les voies de Bater et Kfarfalous c’est d’y renforcer le contrôle de l’ALS. De la sorte, ce serait donc, en un certain sens, le Liban qui aurait préféré que cette région continue d’être sous occupation, plutôt que de revenir dans le giron de l’Etat ou de demeurer sous le régime souple dont elle jouissait jusqu’à présent. Avec, comme conséquence, un surcroît d’exode de la population civile, en raison de l’asphyxie économique que le renforcement des mesures de sécurité va entraîner, et du départ des jeunes fuyant la conscription forcée. La réponse de l’Etat L’Etat, naturellement, s’en défend et rejette ce raisonnement spécieux. Les responsables font valoir en particulier que si Israël souhaitait vraiment le déploiement de l’armée à Jezzine, il aurait retiré tous les éléments de l’ALS de cette région, pour éviter tout heurt avec l’armée, et donc tout prétexte à son intervention. C’est donc pour éviter à l’armée une confrontation directe avec les soldats de l’Etat hébreu, dans des conditions inégales, que le gouvernement s’est abstenu de réagir à l’offfre israélienne et qu’il l’a considérée comme «un piège». Pour une personnalité politique proche du gouvernement, «Israël a pris l’habitude de poser des conditions à tout retrait d’une région, pour justifier son maintien qaund ses conditions sont rejetées». Si Israël était sincère dans sa volonté de retrait, il lui aurait facilement été possible de mettre l’autorité libanaise au pied du mur, en se retirant effectivement de la zone en question, ou de tout le Liban, plaçant cette autorité face à ses responsabilités. Du reste, ajoute la personnalité citée, Israël planifie depuis plusieurs mois l’extension de son autorité à Jezzine. C’est à quoi tendent plusieurs mesures prises ces derniers mois: percement de routes militaires reliant la région à la zone de sécurité, hébergement d’intrus à la région et occupation de domiciles, modification du commandement local de l’ALS et déploiement de miliciens non originaires de la région. Peut-on sortir du cercle vicieux ? Des contacts sont entrepris, en ce moment, par les députés de la région ainsi que par les membres du «Rassemblement de Mar-Roukoz», afin d’éviter à Jezzine d’être assimilée à la bande frontalière occupée. Pour certains analystes, les responsables ne cèderont pas, pour autant, «à chaud», à la tentation d’accepter l’option «Jezzine d’abord», qu’Israël chercherait aujourd’hui à négocier sous la pression. Il ne leur resterait donc qu’une seule chose à faire: multiplier les contacts internationaux, afin de calmer le jeu dans la région et de parvenir à un retrait de l’ALS et à une neutralisation de la région du moins en ce qui concerne les opérations de résistance. C’est à quoi ils comptent s’employer.
Qui donc est responsable de ce qui se passe à Jezzine? L’Etat? L’Armée du Liban-Sud? La résistance? Israël? Pour plusieurs personnalités politiques de Jezzine, l’Etat est le premier responsable de la dégradation actuelle. Selon ces personnalités, sachant que l’armée israélienne n’est pas physiquement présente dans la région, l’Etat aurait pu décider d’étendre...