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Actualités - CHRONOLOGIE

Les démocrates voient la solution dans une réprimande du Congrès Clinton face à l'opinion US : une presse hostile, mais des sondages favorables (photo)

Pendant que l’Amérique évaluait au cours du week-end la portée du rapport sulfureux de Kenneth Starr, c’est un Bill Clinton manifestement affaibli qui s’apprêtait à faire face à deux aspects divergents de l’opinion publique américaine: d’un côté une population qui, selon les sondages, ne semblait pas souhaiter, malgré son dégoût et sa déception, un départ anticipé de son président, de l’autre une presse qui, toutes tendances confondues, se déchaînait contre le locataire de la Maison-Blanche, allant parfois jusqu’à réclamer sa démission (LIRE AUSSI PP. 8 ET 9 NOS DÉPÊCHES DÉTAILLÉES). Tous les sondages montraient clairement dimanche qu’une majorité d’Américains continuait d’être derrière son président, malgré la publication du rapport du procureur indépendant et sa minutieuse litanie de détails sexuels sur la liaison entre Bill Clinton et l’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche Monica Lewinsky. Selon un sondage de CBS, 66% des Américains estimaient qu’il «était meilleur pour le pays» que Bill Clinton termine son mandat contre 31% qui préféreraient le voir démissionner. La semaine dernière, ils étaient 26% à penser que le président devait démissionner. Les Américains sont toutefois plus nombreux — 56% — à penser que le président mérite un blâme (une censure) de la part du Congrès alors qu’ils étaient 49% avant la publication du rapport. Globalement, dans les différents sondages publiés dimanche, l’action du président reste populaire à 61% pour CBS, 62% pour CNN et 67% pour NBC. Selon l’enquête de CBS, neuf Américains sur dix ont lu ou entendu parler du rapport Starr, 40% l’ont lu eux-mêmes et 15% ont tenté de se connecter sur Internet pour l’avoir. 60% des Américains trouvent que le procureur aurait pu se passer de publier autant de détails scabreux, servant davantage à nuire au président qu’aux besoins de l’enquête. «J’ai lu ce document dégoûtant hier», a pour sa part déclaré le représentant démocrate John Dingell (Michigan) sur la chaîne de télévision Fox. «Je pense surtout qu’il (Kenneth Starr) est un peu trop intéressé par les questions de sexe», a-t-il ajouté, résumant ce que pensent beaucoup d’Américains. La presse tire à boulets rouges En revanche, les éditoriaux de la plupart des quotidiens américains se sont montrés extrêmement sévères à l’égard du président, mettant en cause le comportement de l’homme et celui du président, jugé coupable en premier lieu d’avoir plongé l’Amérique dans une crise politique sans précédent. Les quotidiens, y compris locaux, ont publié l’intégralité ou de larges extraits du rapport du procureur. Le rapport Starr «peint un portrait dévastateur de M. Clinton, de son honneur, et de son respect pour les obligations et devoirs liés à ses fonctions», résumait dimanche le Washington Post, qui, sans se prononcer sur le sort à lui réserver, estimait que le Congrès n’a pas d’autre choix que d’examiner si M. Clinton doit être ou non destitué. Le quotidien dénonce certes certaines légèretés, voire «l’arrogance» de M. Starr, notamment en ce qui concerne sa tentative de prouver qu’il y a eu entrave à la justice. Mais, ajoute-t-il, «les erreurs de M. Starr ne sauraient sauver le président», ni d’ailleurs la tactique de défense qu’il s’est choisie. Pour sa part, le New York Times insistait dimanche sur «la lourde tâche» désormais dévolue au Congrès, sur lequel repose en dernier ressort la décision d’engager ou non une procédure de destitution. A cet égard, le quotidien appelait les parlementaires «à agir au plus vite» avant les vacances parlementaires d’octobre. Dans son ensemble, la presse américaine n’avait pas de mots assez durs pour décrire l’homme Clinton et le président. Pour le Los Angeles Times, «l’image qui ressort maintenant de Clinton, c’est celle d’un homme ayant une incapacité pathétique à contrôler ses fantaisies sexuelles». Mais au-delà du sort qui sera réservé à M. Clinton, ce sont bien les dégâts causés par cette affaire à l’institution de la présidence qui semblaient dominer la presse américaine. Et tous s’accordaient à estimer qu’en dernier ressort, ce sera l’opinion publique qui tranchera. Solution médiane? Ainsi, entre le verdict franchement négatif de la presse et les sondages d’opinion qui restent nettement favorables à Bill Clinton, il semble que la classe politique américaine s’achemine vers une solution médiane consistant à appeler à un vote de réprimande au Congrès, plutôt qu’à une destitution. C’est du moins ce qu’envisagent les alliés démocrates du président. «Ne rien faire est inacceptable», estimait David Bonior, chef de file de la minorité démocrate à la Chambre des représentants et l’un des premiers leaders démocrates à s’exprimer publiquement depuis la publication vendredi du rapport judiciaire du procureur Kenneth Starr. «Une réprimande publique du président devient une véritable possibilité», a affirmé M. Bonior à la chaîne de télévision NBC. «Je pense qu’il y a d’autres façons que la destitution pour le Congrès d’exprimer son mécontentement, son déplaisir avec la conduite du président», a affirmé pour sa part Vic Fazio, un autre leader démocrate, à la chaîne ABC. Un vote «de censure ou de réprimande est probablement vers ce quoi nous allons», a affirmé dans une interview au Washington Post Leon Panetta, qui était secrétaire général de la Maison-Blanche au moment où M. Clinton poursuivait sa liaison avec Monica Lewinsky, jeune stagiaire attachée aux services de la présidence. «Il est clair qu’il (Clinton) a trompé le pays. Il faut qu’il coopère avec le Congrès, plutôt que d’avoir recours aux même tactiques utilisées depuis sept mois», a ajouté M. Panetta, lui-même ancien représentant au Congrès.
Pendant que l’Amérique évaluait au cours du week-end la portée du rapport sulfureux de Kenneth Starr, c’est un Bill Clinton manifestement affaibli qui s’apprêtait à faire face à deux aspects divergents de l’opinion publique américaine: d’un côté une population qui, selon les sondages, ne semblait pas souhaiter, malgré son dégoût et sa déception, un départ...